1.2.1. Une même apparence.

La ressemblance entre les magazines papier et leurs extensions électroniques est un des premiers éléments visibles lorsque l’on observe la presse multimédia lors de cette phase de maturation.

Elle est d’ailleurs parfois revendiquée, par exemple, par Luc Saint-Elie pour Webmaster : ‘“ L’idée de départ, encore une fois il s’est avéré que ça ne s’est pas fait, l’idée de départ c’était d’avoir un ensemble, un ensemble autour d’Internet, avec une partie comme je te dis pas du tout technique et plutôt orientée vers les grandes tendances, l’aspect politique, social etc. d’Internet dans la partie papier, et une partie avec tout ce qui relèverait de la technique dans la partie serveur. Donc à la limite, tout ce que je viens de dire ça s’adresse uniquement à la partie papier de Webmaster. Normalement, le serveur on n’a jamais pu le faire, l’idée c’était que ce serveur lui, soit un magazine technique sur Internet avec une cohérence graphique, une cohérence sur le ton etc ... pour pas qu’on n’ait l’impression d’avoir des éléments disparates et que le tout forme un ensemble. ”’

Cette volonté d’unification des contenants dans l’ensemble des supports, inspirée par l’imprimé, est une nouvelle fois repérable aux trois niveaux présentés dans la partie 1. : sa forme, son code et son canal.

Cette filiation des extensions électroniques par rapport aux magazines papier dont elles sont issues se manifeste d’abord directement dans son aspect visuel, avec la reproduction à l’identique de la couverture de l’édition imprimée sur le support Web.

Cette photographie de la publication papier apparaît à plusieurs endroits du site : dès la page d’accueil pour les numéros en cours de Netsurf, Internet Professionnel, Hachette.net, Ariane, Netscope et .net; dans la partie réservée au stockage et à l’archivage pour les anciens numéros de Netsurf et Hachette.net; dans les dossiers centraux de l’édition papier qu’elle sert à illustrer pour Webmaster et Internet - Le Guide du Web.

Cette homogénéité entre les supports, où l’édition électronique copie l’apparence de la publication imprimée - contribuant d’ailleurs à assurer dans un espace de gratuité la promotion d’un accès payant à l’information -, se retrouve également au niveau du code employé.

Le logo de la version imprimée de la publication, exprimé le plus souvent dans l’apparence spécifique de son titre, se retrouve par exemple inchangé sur les versions électroniques. D’une manière plus générale, la typographie, la forme des caractères, et les différents autres éléments graphiques choisis sur les CD-Roms et les sites Web, sont la plupart du temps les mêmes que ceux initialement définis pour les éditions imprimées qu’ils accompagnent.

Cette sophistication dans la présentation renvoie à un passé lointain les pages HTML uniformes de la période cyber. Un autre mode de continuité du langage entre les deux versions, réside dans la reprise sur le site Web des noms des rubriques présentes dans le magazine papier.

Cette reproduction n’est cependant pas le point essentiel dans cette unification des supports, puisque c’est surtout leur structuration et le découpage nouveau des sites Web et des CD-Roms, qui constituera un fait nouveau dans cette phase de maturation. L’ère des sommaires imitant l’architecture hypertextuelle, et plus globalement la mise en réseau de l’information travaillée par l’idéologie de la communication, parait révolue. Hormis dans Webmaster, qui persiste à afficher des liens et des points d’intersection entre ses différentes rubriques : “ Edito ”, “ Une ”, “ Actualités ”, “ Magazine ”, “ Essais ”, “ Trucs et Astuces ”.

Les autres publications sont quant à elles revenues à une présentation beaucoup plus classique sur leur site Web. Elle se résume à une succession linéaire des différentes rubriques sur la surface plane de l’écran : de manière verticale sur Ariane, Netscope, Internet Professionnel; de façon croisée avec les lignes horizontales comme sur Hachette.net; ou à la manière d’un tableau en bonne et due forme sur le site de CD-Rama.

Les liens hypertextuels ne sont toutefois pas complètement mis de côté dans cette phase de maturation. Ils sont simplement utilisés selon le modèle classique de présentation de l’information dans la presse, c’est-à-dire pour progresser au sein d’une architecture très hiérarchisée de rubriques en sous-rubriques, de parties en sous-parties, etc. Le découpage orchestré par Internet Professionnel sur son site Web en est l’illustration parfaite : de la rubrique “ Des sites et des idées ”, on peut accéder aux sous-rubriques associées, “ Sécurité ”, “ Services ”, “ Logiciels ”, “ Matériels ”, “ Commerce ”, ou encore “ Salons ” ; de la rubrique “ Produits et services ” aux sous-rubriques “ Initiatives ”, “ Ils inventent Internet ”, “ Trouver l’information ”, “ Les hommes ”, “ A l’étranger ”, “ Les sites du mois ” ; de la rubrique “ Mise en oeuvre ” aux sous-rubriques “ Séminaires ”, “ Bases de données ”, “ Sécurité ”, “ Livres ”, “ Développements ”, “ Administration ”; et enfin de la partie “ Observatoire du Web ” aux titres “ Marchés ”, “ Etudes ”, “ Sources d’informations ”, “ Tableaux de bord ”.

Ces exemples montrent à quel point l’information de presse sur support électronique a, dans son mode de présentation, fait machine arrière par rapport à la période précédente. Elle recolle peu à peu au modèle des magazines papier, selon un mimétisme également perceptible au niveau du contenu.