Conclusion deuxième section

Dans cette phase de maturation, une sélection s'opère parmi l'ensemble des dimensions de l'activité médiatique expérimentées sur les nouveaux supports lors de la phase précédente. Les plus originales (univers virtuels, galeries artistiques) sont abandonnées, et seules certaines des dimensions accélérées par leur passage sur l'électronique sont retenues dans le nouveau mode de diversification.

Ainsi, les aspects de transaction et de communication sont un peu mis à l'écart dans la nouvelle configuration, même si l'intervention des lecteurs est de plus en plus sollicitée. Tandis que les dimensions de prolongement hypertextuel de l'information, de recherche documentaire et d'actualisation des données y sont en revanche pleinement intégrées.

Ces dernières, après quelques aménagements, forment désormais à elles trois un vaste ensemble dédié à l'information-connaissance à visée pratique, dont le tableau 12 détaille les modalités. Il montre également à quel point le développement de cette dimension générale sur les extensions électroniques est complémentaire des revues imprimées auxquelles elle est en bien des points reliée.

Tableau 12 :
Dimension d'information-connaissance à visée pratique développée sur les extensions électroniques. Complémentarité avec les revues imprimées, référents des extensions électroniques.
Accès à une information plus pratique :
- éléments pratiques mis à disposition : fourniture de logiciels (le plus souvent en version de démonstration); présentation de sites Web "aspirés" depuis le réseau (économie de temps de connexion).
- accès plus pratique à l'information : mise en relation des données plus directe grâce aux liens hypertextuels; procédés de personnalisation de l'information augmentant la vitesse de consultation.
Reprise de l'apparence des revues imprimées, sur les extensions électroniques :
- reproduction "scannée" de la couverture de l'édition papier (forme).
- homogénéité typographique, avec notamment la conservation du logo-titre de la version imprimée (code).
- mode linéaire de la présentation du sommaire :
Assistance documentaire pour la pratique :
- généralisation des moteurs de recherche propres : mise en valeur du fonds documentaire accumulé par les publications; élévation du niveau de pertinence par un perfectionnement des modes de requête (localisée à la publication, à une rubrique, à l'ensemble de l'Internet).
- vocation pédagogique renforcée : exploitation didactique des connaissances et savoirs emmagasinés par la publication; services annexes d'assistance et de formation (CD-Ingéniérie pour CD-Rama, TechnoSphère pour Webmaster).
abandon progressif du mimétisme avec l'organisation hypertextuelle en réseau au profit d'une classification hiérarchisée (canal).
Emploi pratique de la connaissance du domaine :
- orientation pour la pratique de l'Internet : grille de lecture du Web ( fonction de guide ) utilisée directement; navigation assistée et directe grâce à l'hypertextualité.
- activité de veille fréquente : actualisation de l'information par le réseau; recours massif aux graphiques pour donner un aperçu rapide de l'état du secteur et de son évolution.
Réutilisation du fonds des revues imprimées, sur les extensions électroniques.
- préférence pour l'écrit plutôt que pour le son ou les images animées, contrairement aux tentatives de la période précédente.
- parties rédactionnelles également nombreuses sur les extensions électroniques, car plus adaptées à la dimension d'information-connaissance à visée pratique.

Cette exploitation des extensions électroniques comme compléments d'information-connaissance à visée pratique pour les revues imprimées connaît des réalités différentes selon chacune des publications. Plus précisément, selon chacune des deux approches choisies dans ces publications, puisque la presse multimédia est marquée, dans cette phase de maturation, par une dichotomie forte au niveau de l'angle journalistique adopté pour traiter ce thème.

Elle se retrouve dans le mode de diversification, comme le tableau 13 le met en exergue.

Les revues de l'approche loisirs vont se contenter de transposer leur fonction de guide de l'Internet sur leurs extensions électroniques. De ce simple fait, elles lui octroient un caractère plus pratique que sur l’imprimé et donc “ naturellement ” complémentaire.

La démarche est beaucoup plus élaborée pour les publications de l'approche professionnelle. D'abord parce que leur exploitation des extensions électroniques en tant que véritables bases de données spécialisées reprend les trois composantes de l'information-connaissance à visée pratique. Mais surtout parce qu'elle relève d'une réelle réflexion stratégique sur l'adéquation entre chacun des supports de la publication, considérée dans sa globalité.

Tableau 13 :
Tableau 13 :

Cette séparation entre approche loisirs et professionnels, habituelle dans la presse magazine, confirme le caractère classique de la médiatisation du multimédia lors de cette phase de maturation, jusque dans son mode de diversification.

Celui-ci, en reposant sur une complémentarité pratique de l'électronique par rapport à l'imprimé, illustre par sa nature même le classicisme de cette période transitoire. Rappelant les choix de développement sur le Minitel, il réaménage les ouvertures originales de l'époque “ cyber ”. A ce titre, il constitue la trame de la configuration stable et spécifique qui trouvera ses marques dans la période suivante (et qu'annoncent déjà les particularités de .net et Netsurf, recensées dans le tableau 13).

Cette étape intermédiaire constatée tant pour l'extension sur les nouveaux supports que pour la description journalistique du domaine du multimédia, naît d'un mode de fonctionnement médiatique de la presse multimédia lui aussi redevenu provisoirement traditionnel.