1. Une interdépendance inégalement maitrisée selon l’approche : mieux dans les publications professionnelles que dans le loisir

Dans la période cyber, les acteurs médiatiques étaient souvent les mêmes que les acteurs du domaine, et la logique d’interdépendance tournait dans bien des cas à la confusion. Pour la plupart indépendants, ils ont en fait préparé le terrain pour les acteurs médiatiques arrivant à la phase suivante, celle de la maturation, et qui sont eux pratiquement tous issus de la presse spécialisée classique.

Ces derniers sont attirés par un lectorat qui potentiellement s’élargit, puisque le nombre d’utilisateurs d’Internet augmente 174 , et qui devient dès lors exploitable en termes journalistiques. Ils ont appliqué à ce nouveau domaine du multimédia des méthodes de travail habituelles : leurs nombreuses relations avec leurs sources, parmi lesquelles figurent bien souvent des acteurs du domaine, s’effectuent selon un système d’échanges bien rôdé, et avec un savoir-faire journalistique propre.

Ce mode de fonctionnement conventionnel est illustré par les publications de l’approche professionnelle de la presse multimédia. Il reste notamment de mise pour leurs nouvelles extensions électroniques : ces acteurs médiatiques issus de la branche spécialisée de la presse classique vont les intégrer, avec une parfaite cohérence, à leur métier de journaliste sur support imprimé.

La configuration est tout à fait différente en ce qui concerne l’approche loisir, non seulement parce que les nouveaux lecteurs ne sont plus identifiés à des nouveaux travailleurs du domaine, mais plutôt à des surfeurs sur le Web, mais surtout parce que les acteurs qui sont à la tête de publications n’ont pas complètement abandonné leurs visées premières dans le domaine. A ce titre, ils s’intéressent aux Internautes autant comme acheteurs de leurs magazines, que comme utilisateurs de leurs services dans le secteur du multimédia et plus précisément de l’Internet. Cette double casquette d’acteurs médiatiques et d’acteurs du domaine, qui perdure depuis la période cyber, a pour conséquence une prédilection pour le Web : à la fois en tant que thème central de l’information traitée, et en tant que nouvelle extension électronique privilégiée.

Notes
174.

Cette période des années 1996-1997 est en effet celle du “ décollage ” de l’Internet en France, si l’on se fie par exemple aux statistiques du N.I.C. - France (Network Information Center : organisme notamment chargé d’attribuer les “ noms de domaine ” tels que .fr ; .com ; .org ; etc.). Son site Web regorge de graphiques représentant le nombre de machines connectées, ou le nombre de domaines installées sous .fr, qui tous présentent des courbes exponentielles à partir de 1996-1997 (http://who.nic.fr/Statistiques/auto/Fr/). Toutefois, cette augmentation du nombre d’utilisateurs n’a pas été exactement proportionnelle à celle du nombre de lecteurs de la presse spécialisée, contrairement à ce qu’ont pu croire les responsables des publications lancées à cette époque, cf. pp. 294-296.