2.1. Le retour d’un souci de rentabilité.

Contrairement à la période cyber, les acteurs qui sont à la tête des publications de la presse multimédia lors de cette phase de maturation n’évoquent plus ni l’amour de l’art, ni un objectif culturel pour justifier leur initiative de fournir une information sur le multimédia.

Ils ne se cachent plus derrière de faux-semblants et revendiquent cette fois clairement une recherche de profitabilité économique. Luc Sohm est tout à fait direct sur ce point, lorsqu’il rappelle les raisons du lancement de sa publication Ariane : ‘“ Il n’y avait encore rien à l’époque quand nous avons démarré Ariane et pourtant c’était un sujet qui était vraiment dans l’air du temps et puis une des autres raisons, mais celle-là est beaucoup plus terre à terre, c’est qu’on avait tout simplement besoin de gagner de l’argent avec ce magazine. ”’. Les objectifs de Internet - Le Guide du Web étaient assez similaires, d’après Gilles Fouchard qui parle sans problème des aspects commerciaux de l’activité médiatique : ‘“ Il ne faut pas oublier qu’un magazine, c’est un produit qui se vend deux fois. Il est vendu une fois aux annonceurs et une fois aux lecteurs de manière différente, donc c’est pour ça que c’est un produit passionnant. C’est un produit qu’on vend deux fois, avec deux techniques de ventes différentes, et il faut arriver à faire que les choses soient bien cohérentes. (...) nous sommes une entreprise avec des commerciaux qui reviennent du terrain ”’

Plus encore, l’Internet n’est plus ce lieu où, à travers l’information consacrée au multimédia s’exprimait un aspect militant, reposant sur les valeurs de libre circulation de l’information et d’échange réciproque. Les extensions Web de l’approche loisir, et surtout de l’approche professionnelle, révèlent après observation leur véritable raison d’être sur le réseau informatique mondial : l’exploiter à des fins commerciales. A titre d’anecdote, relevons qu’un bandeau publicitaire “ Le Web marchand ”, s’affiche sur le site Web d’Internet Professionnel, alors qu’il aurait été auparavant reçu comme une véritable provocation. De manière plus générale, les publications de la presse multimédia lors de cette phase de maturation n’hésitent pas à se servir du Web comme d’une interface pour la prise de contact avec des annonceurs. Elles réservent ainsi, au sein de leur formulaire électronique d’échanges entre la rédaction et l’extérieur, une place privilégiée pour la transaction publicitaire : c’est le cas dans Ariane, Netscope ou encore Hachette.net.

Cet objectif de rentabilité n’en reste pas au stade des intentions, et est clairement mis en pratique dans le mode de fonctionnement de ces publications.

D’une part, la dichotomie entre les approches loisirs et les approches professionnelles, ainsi que la récurrence des sujets consacrés à l’Internet, et plus spécifiquement le Web, sont la résultante d’une recherche des segments les plus rentables de ce nouveau secteur médiatique.

D’autre part, le développement d’une information-connaissance à visée pratique sur les extensions électroniques, s’explique par le fait que cette dimension apporte une valeur ajoutée, à même d’engranger des profits et ainsi de financer la publication dans sa totalité.