1.1. La disparition progressive de la dichotomie entre presse loisir et presse professionnelle dans l’information consacrée au multimédia.

Le modèle traditionnel de la presse magazine spécialisée, sur lequel s’étaient calquées les publications de la presse multimédia lors de sa phase de maturation, n’est visiblement plus de mise. Les revues se consacrant de manière délibérée, soit à une approche professionnelle, soit à une approche loisir, ont presque toutes disparu. Les seules survivances de cette configuration plutôt rigide étant, hormis Hachette.net, des publications à parution souvent unique ou irrégulière, qui portent volontairement sur l’initiation à l’Internet.

L’abandon progressif de cette dichotomie traditionnelle témoigne de l’échec de l’application d’une formule journalistique toute faite à un secteur médiatique spécifique. Il provient également d’un traitement désormais inapproprié : le lectorat de la presse spécialisée dans le multimédia n’est plus dans sa grande majorité composé de néophytes, mais au contraire d’utilisateurs chevronnés, avec des attentes propres auxquelles le modèle généraliste s’efforce de répondre.

Les lecteurs que nous avons rencontrés présentent en effet un profil fort différent selon le type de revue : ceux de Netsurf et .net, magazines leaders de cette nouvelle période, présentent un intérêt pour la technique bien supérieur à ceux de Hachette.net, seule publication-guide pour la navigation à perdurer depuis l’époque précédente. En ce sens, et pareillement à ce qu’une étude IPSOS citée dans Communication CB News du 8 au 14 mars 1999 indique, le lectorat des revues consacrées au multimédia comme celui des magazines informatiques reste composé essentiellement de “ fondus ”. Son élargissement au “ grand public ” est loin d’être évident malgré le développement de l’Internet en France, contrairement aux espoirs des éditeurs lors de la phase précédente.