2.1. Netsurf ou la figure de l’entrepreneur.

L’évolution de Netsurf dans sa représentation du multimédia peut être analysée à partir de ses différents changements de maquette. Celle-ci constitue en effet la matrice des formes qui ‘“ constituent le dispositif essentiel à l’apparition des énoncés du journal. Elles sont le premier élément constitutif de son discours, qu’on pourrait définir comme une fragmentation sémantique de l’espace ”’ ¹⁸⁶ . Ses modifications sont donc autant de moments où se construit et se transforme une certaine image du lecteur en tant qu’entrepreneur, allant du manager travaillant dans une société innovante à tout initiateur de nouvelles créations sur le Web.

Il apparaît, en contraste par rapport à l’utopie cybernétique finissante, sous les traits classiques du chef d’entreprise dans la première formule du magazine (n°1 à 9). Un espace éditorial spécifique lui est réservé, nettement séparé de celui dédié aux aspects divertissants du multimédia. Ceux-ci ne commencent à être intégrés aux préoccupations d’ordre professionnel que dans la version suivante (n°10 à 18). Les potentialités techniques de l’Internet y sont présentées de manière à séduire un jeune cadre dynamique intéressé par ces applications, autant pour sa société que pour sa vie en société.

Mais c’est l’apparition de la rubrique “ Créer ”, à partir de la troisième et de la quatrième maquette (n°19 à 24, puis n°25 à 29), qui va se révéler la plus décisive dans ce mouvement. Au delà des exemples d’entreprises nouvelles ou suffisamment souples pour se lancer dans de nouveaux services à vocation économique sur Internet, ce sont plus largement toutes les initiatives, même individuelles, en matière de création sur le Web qui vont être encouragées. Elles sont relevées comme autant d’actions entreprenantes, à partir de critères non plus seulement issus du monde du travail, mais faisant également appel à des valeurs esthétiques telles que la qualité graphique ou ergonomique.