1.1.2. Des relations sans ambiguïté entre acteurs médiatiques et acteurs du domaine, au profit d’un travail journalistique plus classique.

La spécificité du domaine du multimédia, à savoir la confusion des intérêts des différents acteurs de sa médiatisation, s’efface dans cette période de stabilisation. Le mode de fonctionnement de la presse multimédia s’appuie sur une interdépendance certes prononcée puisqu’il s’agit d’une information spécialisée, mais finalement guère plus que dans n’importe quel autre genre journalistique.

Les relations entretenues par les acteurs médiatiques de la presse multimédia avec les acteurs du domaine sont désormais régies par des règles implicitement fixées, car couramment utilisées dans la presse magazine. Ces règles attribuent à chacun un rôle précis et strictement délimité au sein d’un système particulièrement rôdé :

Les acteurs du multimédia, des simples utilisateurs passionnés aux plus vastes organismes privés comme publics, ont trouvé leurs marques au sein de ce domaine en même temps que celui-ci s’est construit jusqu’à constituer un espace propre. Parallèlement, leurs relations avec la presse ont elles aussi mûri. En conséquence, les prophéties autoréalisatrices des débuts de la presse multimédia, comme celle d’une accession de chacun au statut de journaliste par la production personnelle de l’information grâce à la publication électronique, ont été englouties dans un processus de médiatisation finalement très classique. Celui-ci remet, parfois en douceur, parfois brutalement, tous ces acteurs du domaine à leur place.

C’est ainsi que parmi les Internautes, les initiateurs de e-zines consacrés au multimédia se sont montrés de plus en plus rares. La grande majorité d’entre eux est passée de l’autre côté de la barrière pour se fondre dans la grande masse des lecteurs, à l’instar de leurs prédécesseurs pionniers de la radio-amateur s’éteignant simultanément à la croissance du nombre de stations de radios professionnelles.

Il en est de même pour les institutions. Hormis les plus grandes et les plus impliquées dans le domaine, telles que Microsoft avec “ Slate ” ou France Telecom avec “ Le Magazine de l’an 2000 ”, elles ont le plus souvent abandonné leurs projets d’édition de publications s’apparentant à des journaux en ligne. La plupart d’entre elles est revenue à des formes de communication promotionnelle moins innovantes, mais qui ont déjà fait leurs preuves au sein du fonctionnement médiatique existant.

C’est justement au sein de celui-ci que les acteurs médiatiques retrouvent une fonction centrale de mise en relation des acteurs du domaine du multimédia.

Pour y faire face, ils utilisent des moyens et des techniques qui constituent l’ordinaire du travail journalistique dans la presse magazine. Et ce sans aucune difficulté, puisque les rédactions de Netsurf comme de .net sont abritées, géographiquement comme financièrement, par des groupes spécialisés dans ce secteur de l’activité médiatique, que sont respectivement Pressimage et Edicorp.

Les contacts et les échanges avec les entreprises oeuvrant dans le multimédia et l’Internet paraissent de ce point de vue assez routiniers. Ils consistent en des envois de communiqués de presse, en des invitations à des conférences de présentation de produits ou de services, ou tout simplement en des visites ou des appels téléphoniques.

La méthode est aussi classique pour approcher les lecteurs, en tout cas telle que la détaille Olivier Magnan : ‘“ Essentiellement des courriers e-mail et quelquefois des tables rondes que j’organise (...)Je réunis des lecteurs qu’on est allé chercher dans nos listes d’abonnés et je leur propose de venir prendre le petit déjeuner quelque part. Et l’on discute sur une thématique ou sur une autre, ça c’est malheureusement très rare. Deuxième type de rencontre exceptionnelle, c’est quand je vois quelqu’un lire .net dans la rue ou dans le métro, ça c’est sûr que je vais l’aborder. Et alors, je vous disais, surtout le courrier électronique ”’. Ces types de relations avec les acteurs du domaine, relativement ordinaires dans la presse magazine, connaissent toutefois une légère inflexion. C’est notamment le cas pour le courrier qui vient ici d’être évoqué, à cause de la deuxième spécificité de la presse multimédia, à savoir sa forte propension à se servir des nouveaux supports électroniques. Ceux-ci vont contribuer à augmenter un rapport d’interdépendance déjà consistant, même s’ils sont utilisés de manière assez marginale dans cette période de stabilisation.