Entretien avec Luc SAINT ELIE, rédacteur en chef adjoint de Webmaster : 26/03/1998.

• Comment est née l’idée d’un magazine multimédia comme Webmaster ?
• L’idée de Webmaster elle était que parler de multimédia sur support papier était un peu stupide alors qu’il existe maintenant plein de médias différents et donc Webmaster ça voulait être un magazine qui soit en trois parties : une partie sur un serveur Web puisque ça parle d’Internet, une partie papier et une partie sur CD Rom et le tout étant prédécoupé. Dans la partie papier, il devait y avoir ce qui était les papiers plus je dirais société-culture, la partie Internet serveur Web devant contenir tout ce qui, tous les papiers de type technique et le CD Rom permettant de diffuser des logiciels, des documents dont on parlait dans les deux autres parties pour faire une espèce de petite référence de temps en temps. L’idée était que ce ne sont pas les mêmes publics qui lisent un journal papier et qui vont s’adresser à un serveur Web, donc quelqu’un qui est de tendance plutôt technique et qui s’intéresse à Internet ira plus naturellement consulter un serveur Web, quelqu’un qui bosse dans un service de communication ou de marketing qui est intéressé par Internet en tant que vecteur de communication n’est pas forcément quelqu’un qui est tout simplement installé techniquement, qui dispose du matériel pour et qui est familiarisé avec ça et peut être qu’il sera plus à l’aise avec un support papier. Donc, l’idée c’était de séparer le tout, de l’éclater sur trois médias et sans répliquer, sans que les médias se répliquent l’un à l’autre mais en proposant une partie des contenus spécifiques sur un média, une autre partie sur un autre média et la dernière partie sur le troisième, l’idée c’était ça. En fait, ça n’a pas du tout marché par manque de moyens, on était deux, la maison ici y a cru assez modérément.
• La troisième partie c’était un CD Rom ? Je n’en ai pas le souvenir.
• Oui, oui, il y a eu un CD Rom de fait, un seul. L’idée c’était dans le cadre des deux autres parties, on va parler de logiciels ou de documents particuliers, tu vois on aurait pu imaginer sur le CD qu’il y ait sous réserves d’autorisation etc ... un bouquin, des extraits de bouquins, bref différents documents qui permettaient de constituer une espèce de bibliothèque de référence qui était faite par ailleurs. Donc ça c’était un projet qui était assez ambitieux, notamment en terme de moyens et que là I.D.G. a été séduit sur le fond par l’idée d’avoir un canard sur Internet, je ne suis pas sûr qu’il a bien perçu l’intérêt de la démarche et ça s’est un peu effiloché comme ça. L’expérience de Webmaster était à la fois exaltante parce que je crois que l’idée est vraiment bonne et je suis sûr qu’un jour quelqu’un d’autre la reprendra. Elle est un peu décevante parce que du coup on l’a fait à la petite semaine et que l’on ne peut pas dire si ça n’a pas marché parce que l’idée n’était pas bonne, si ça n’a pas marché parce que simplement l’on n’a pas mis les moyens, le canard était microscopique qui avait un profil plutôt supplément de magazine qu’autre chose. Par ailleurs un site Web faire ça bien ça demande des sous, ça demande des gens, nous avions un stagiaire qui faisait ça, ça était fait dans des conditions assez catastrophiques et donc voilà, ça s’arrêtait là, donc je crois que l’idée ... Le CD aujourd’hui, c’était on a commencé ça il y a deux ans largement, l’idée des CD était plus évidente, aujourd’hui s’il fallait recommencer ça, moi je ne suis pas sûr que je serais pour le CD. C’est vrai que le CD c’est un peu en train de se casser la gueule et que en plus, faire un CD bien c’est très très cher sauf dans le cas d’un cadre d’un vrai groupe de presse qui est prêt à mettre énormément d’argent dedans. Aujourd’hui, je ne serais pas partant pour le CD, mais le fait d’avoir, d’avoir l’idée des choses qui se complètent, c’est une idée qui est la bonne et c’est ce que ne font pas pour l’instant les magazines et, à mon avis, ils ont tort.
• Le mode de diffusion de Webmaster ?
• Il était comme on dit envoyé sur abonnement sur un listing de gens qualifiés comme on dit en terme de marketing, il était censé vivre de sa publicité, mais pas vivre de ses recettes. Donc, les gens qui avaient payé Webmaster, ce sont vraiment ceux qui avaient envie de le payer, mais autrement l’idée c’était comme la maison fait des canards, pas mal de magazines professionnels qui s’adressent à un public professionnel qui ont des listings etc ... Il y a eu un ou deux numéros en kiosque, on a essayé pour voir, mais en kiosque c’est casse-gueule, le canard était tout petit par rapport à tous les canards informatiques qui sont très gros, machins etc ... Ce n’était pas un gabarit vendable pour être vendu en kiosque, il aurait fallu qu’on ait plus de moyens pour faire un vrai magazine.
• Et alors pour l’édition Web j’ai vu qu’à un moment c’était devenu “ Techno Sphère ” ...
• Oui, ça a été repris par les gens de Quelm, il s’appelle, j’ai oublié son nom ça me reviendra qui à la fin a repris le truc en fait un peu sous son aile. L’idée en gros, le serveur a commencé à exister sous la forme telle qu’on l’avait pensé quand on a arrêté. Techno Sphère c’est ça. Je ne sais pas s’il existe toujours d’ailleurs mais tu vas trouver des points techniques, des détails de renseignements qui s’adressent prioritairement à des gens qui sont intéressés par la technicité alors que Webmaster papier était délibérément un magazine pas technique. C’était un magazine professionnel qui s’adresse, pas professionnel pas pour les professionnels d’Internet, mais pour les professionnels qui ont à utiliser Internet typiquement les gens des mondes comme marketing etc ...
• D’accord, alors pour revenir aux choix qui ont été faits chez I.D.G. de produire un magazine sur le thème de l’Internet ...
• Oui, oui. Je ne suis pas sûr que ce n’est pas un vrai choix, c’était notre problème. On ne peut pas dire qu’il y ait eu une vraie volonté, disons qu’à un moment donné Internet c’était la mode et le fait quand I.D.G. proposait un projet de magazine là-dessus, ils ont un peu dit oui sans le lire. C’était un peu : bon d’accord mais ne l’écoutez pas trop, je caricature c’était un peu ça, c’était dans l’air du temps, un projet tout prêt qui arrivait ... On ne peut pas dire que ça procède d’une vraie démarche, d’ailleurs aujourd’hui, à titre personnel, je pense que les magazines sur l’Internet vont mourir à part deux : c’est Internet Professionnel chez Tests qui est un canard très clef à molette à clef unique qui s’adresse exclusivement aux gens qui sont des techniciens du truc. Si tu veux savoir comment il faut faire pour que tel logiciel serveur réagisse bien dans telle condition de charge donc qui concerne un public bien ciblé, tu ne le trouveras que là, c’est donc vraiment la boîte à outils. Ensuite Netsurf parce qu’il est fait avec des petits moyens par des gens biens mais ça ne se voit pas qu’il est fait avec des petits moyens et puis il faudra toujours un canard pour les happy few etc ... Mais autrement, je ne crois pas que la presse sur Internet ait un avenir quelconque parce que Internet est devenu quelque chose de complètement transversal. Ca s’est popularisé comme un vrai secteur, un domaine à part de la vie de la société. Maintenant, tu prends n’importe quel quotidien économique, prends la Tribune, Le Monde, même les quotidiens généralistes Le Monde ou Libé parlent de ça, les hebdos parlent de ça et surtout, ils n’en parlent pas énormément, ils en parlent à un niveau suffisant, mais suffisant vu le niveau de connaissance qu’en a aujourd’hui le Français moyen. Peut être je ne sais pas, dans cinq ans ou dans dix ans, cinq ans disons si ça a vraiment pris, il y aura peut être des canards plus spécifiques car ce qui manque forcément à la presse informatique en général ce sont des magazines qui se détachent de l’outil. Aujourd’hui, un magazine informatique ne parle pas que de menus, de boutons et de fréquences de processeurs. C’est absurde, un magazine de voitures ne t’explique pas comment fonctionne une voiture, il te parle de la vie du monde de la voiture et de sa place dans la société etc ... Il n’y a pas du tout ça dans le monde de l’informatique, peut être que dans quelques années quand les Français seront plus familiarisés avec l’outil informatique, ils feront passer outre l’aspect outil justement. On verra apparaître des nouvelles conceptions des magazines qui parleront plus de la culture informatique et je trouve que ça manque beaucoup ça, mais je ne suis pas sûr qu’il y a un lectorat pour cela aujourd’hui.
• Apparemment, ce magazine, ce n’était pas vraiment un choix ...
• Ce n’était pas une vraie décision ...
• Je pense que dans ce sens là il n’y a pas eu d’éléments pour motiver du genre études marketing ?
• Il n’y a pas eu une vraie décision, il y a eu un sondage comme ça auprès des annonceurs voir comment ils le sentaient. Les annonceurs étaient plutôt pour etc ... mais on ne peut pas dire que ça a été une démarche à la Ganz, tu vois avec un vrai plan de bataille etc ..., le tout c’était que ça tombait bien que quelqu’un propose un truc comme ça parce que ça c’était dans l’air du temps et que ça pouvait s’envisager, ce qui était une évaluation fausse d’ailleurs avec des moyens limités, mais on ne peut pas faire ça avec des moyens limités donc voilà.
• Pareil en ce qui concerne les choix éditoriaux, l’aspect que traitait Webmaster qui n’était relativement pas professionnel mais ... comment le définir ?
• C’était un magazine pas professionnel mais pour les professionnels intéressés par Internet. C’est qu’on avait pas de sujet de type familial au sens pas péjoratif du terme, en revanche, les sujets pouvaient être très variés et ça ne se voulait pas être un canard technique. On n’a jamais eu de sujets qui soient techniques au sens technique. L’idée de Webmaster en gros c’était qu’un cadre quelconque pas du tout technique donc qui soit dans des domaines tout à fait autres puisse tout en lisant Webmaster avoir une idée grosso modo de la mouvance Internet qui sont les acteurs de ces domaines là, quelles sont les tendances etc ... par exemples les gens qu’on interviewait c’était pas tellement des éditeurs de logiciels, c’était plutôt Martin Lalande qui était député et qui venait de rendre un rapport sur le truc. On a eu des gens comme ça, c’était ça en fait, c’était une espèce de ... Là, pour le coup, la partie papier elle c’était plutôt sur la, dire “ culture ”, c’était pas vraiment ça, mais dans l’idée quelque part c’était ça. C’était l’ébauche de ce que je verrais bien moi être la phase deux de la presse informatique, c’était quelque chose qui voulait parler de la culture, de ce qu’il y a autour et de ce qu’il était possible d’en penser.
• Et le choix de cet angle ?
• Ca nous faisait plaisir, c’était parce qu’on le sentait comme ça. C’était vraiment ça, le principe c’était ... d’autant que ce n’était pas l’angle, l’angle il y en avait plusieurs. L’idée de départ encore une fois il s’est avéré que ça ne s’est pas fait, l’idée de départ c’était d’avoir un ensemble, un ensemble autour d’Internet avec une partie comme je te dis pas du tout technique et plutôt orientée vers les grandes tendances, l’aspect politique, social etc ... d’Internet dans la partie papier et une partie et tout ce qui relèverait de la technique dans la partie serveur, donc à la limite, tout ce que je viens de dire ça s’adresse uniquement à la partie papier de Webmaster. Normalement, le serveur on n’a jamais pu le faire, l’idée c’était que ce serveur lui, soit un magazine technique sur Internet avec une cohérence graphique, une cohérence sur le ton etc ... pour pas qu’on n’ait l’impression d’avoir des éléments disparates et que le tout forme un ensemble. Et ça c’est ça je crois que l’idée du traitement d’Internet comme cela, je ne sais pas si elle était géniale ou idiote, mais je crois que l’idée d’utiliser le Web non pas comme un truc qui va répliquer ce que tu fais sur papier, ce que tout le monde fait pour l’instant et que je trouve vraiment stupide mais une autre manière de communiquer autrement sur un autre sujet et envers un autre public, moi ça j’y crois tout à fait et ça je pense qu’il y a un vrai manque de réflexion. Dans toute la presse française, voire au delà dans une certaine mesure sur qu’est ce qu’on fait avec ? En gros la question c’est : comment on fait, avec quoi on fait, comment on peut gagner du pognon, mais tu ne sens pas qu’est ce qu’on fait avec ? La caricature dans le genre ce que font les gens du Monde, enfin je pense plutôt du bien du Monde car je suis un lecteur fanatique mais qui a un serveur Web qui te permets de télécharger tous les jours Le Monde au format PDF pour cinq francs, c’est à dire tu vas payer cinq francs pour télécharger les fichiers que tu vas imprimer après plutôt que de descendre en bas de chez toi et payer 7.50 F le journal. Franchement à part quelques français qui s’expatrient en Californie qui doivent être ravis d’avoir le truc comme ça, mais à ce moment là ceux-là ils auraient pu faire un système d’envoi d’e-mail direct ou je ne sais pas quoi, mais ça n’a aucun intérêt, vraiment ça n’a aucun intérêt. Ca ne vaut pas le coup je veux dire s’il y avait ... Ca ne vaut pas le coup car le temps que tu imprimes c’est illisible sur un écran quoi, ça fait partie, ça ne prend pas en compte le fait que ... Je ne crois pas que l’écran soit un support de lecture. Est ce que Le Monde véhicule les informations qui sont urgentes au point que le gars puisse pas attendre deux heures que son canard arrive, ça peut vraiment se discuter. Il y a quelques canards qui en font des usages que je trouve originaux c’est par exemple ce qu’a fait Le Monde diplomatique qui a eu typiquement et là je trouve que ça tombe exactement dans ce qui m’apparaît à moi comme un bon usage du Web, ce sont eux qui ont levé l’histoire de l’A.M.I. et ils ont publié sur leur serveur Web l’intégralité du texte. Alors là le Web prend tout son sens car c’était impossible de le faire sur papier, ça aurait été compliqué de le diffuser sur papier. Là, il parlait d’un truc, d’un sujet qui était un sujet important, un sujet politique et commercial dans le canard avec une analyse de pourquoi eux y sont contre et patati patata ... Sur le serveur Web tu as le document qui n’est d’ailleurs disponible, qui à l’époque était ... Je crois que l’O.C.D.E. a fini par publier le journal à l’époque où il était disponible nulle part ailleurs, là tu as une vraie valeur ajoutée sur la démarche Web. Moi je trouve que télécharger Le Monde en format P.D.F. ça n’a pas de valeur ajoutée, par contre Le Monde diplomatique te dit : il se prépare un truc que nous on considère comme un scandale. Dans le canard, ce qui t’intéresse ce ne sont pas les textes de lois où il y a des centaines de pages, c’est de comprendre, d’avoir une analyse et un résumé de pourquoi, pourquoi c’est pas bien. Par ailleurs, si ça t’intéresse d’avoir le texte pour toi sur leur serveur, tu te télécharges le truc, tu te l’imprimes, tu te lis sur ton PC, là ça prend du centime, une vraie valeur ajoutée. Ca aurait été très coûteux d’encarter le texte total de l’A.M.I. dans Le Monde diplo, tu vois franchement c’est une opération coûteuse pour eux, plutôt emmerdante pour l’utilisateur. Là il y a du sens et je crois que c’est ça qui se dessinera d’avoir un truc de complément.
• Pour revenir aux magazines papiers traditionnels, maintenant vous collaborez à un nouveau.
• Non pour l’instant, je suis salarié chez L.M.I. et ce n’est pas certain que je vais rester très longtemps car je m’y ennuie vraiment. Je m’occupe de ce qui touche à Internet et à ce qu’on appelle le groupware qui est le travail collaboratif et des messageries.
• Et au niveau du Monde informatique, comment est envisagé le thème de l’Internet ... ?
• Non, non mais dans l’informatique Internet ça n’existe pas et je crois que ça existe encore moins pour le Monde de l’informatique. Surtout L.M.I. c’est un canard qui a une visée clairement informatique professionnelle donc pour ces gens là Internet en soi ça n’existe pas. C’est une, c’est son, il y a simplement une espèce de convergence pour la mise en place d’infrastructures réseaux qui sont ouvertes par rapport à ce qui se faisait avant où l’informatique a une tentation propriétaire extrêmement forte, chacun essaye de faire des trucs qui ne sont pas compatibles avec ce que fait le voisin pour garder les clients captifs, ce qu’a apporté Internet, c’est insuffler la volonté d’avoir des architectures ouvertes avec des protocoles qui sont des protocoles universellement reconnus etc ... etc ... et c’est donc une autre façon d’architecturer l’informatique d’entreprise. C’est complètement transversal. Pour ce qui est du monde de l’informatique, pas le canard Le Monde Informatique, mais pour ce qui est du monde, du milieu de l’informatique, Internet ça n’existe pas. C’est une espèce de, disons c’est une prise de conscience que si au lieu, si on arrêtait la tentation propriétaire, ça faciliterait la vie de tout le monde et je dirais même que ça c’est une chose je crois dont les gens n’ont pas forcément conscience, Internet c’est vu dans la société comme quelque chose à part. En fait, ce qui se passe, c’est que le réseau c’est inhérent à l’informatique, on l’oublie un peu ça mais en soi ça n’a rien de nouveau. L’informatique est née en réseau, il y avait d’énormes machines qui étaient très puissantes pour l’époque feraient rigoler car elles étaient moins puissantes que nos PC aujourd’hui, mais pour l’époque étaient très puissantes et très, très chères et qui étaient utilisées par des tas d’utilisateurs avec des terminaux qui étaient raccordés. Alors donc le réseau ce n’est pas nouveau en soi et les entreprises on toujours utilisé du réseau, mais elles l’ont toujours utilisé de manière passive par exemple pour imprimer etc ... mais il y avait un moyen d’irriguer l’informatique en information qui était le réseau et un moyen de communiquer avec l’extérieur qui était autre chose. Et c’est pour ça que je dis que Internet ça n’existe pas, c’était quoi Internet c’était plutôt une idée comme ça, un déclic de se dire : cette technique, qui existe, qui n’a rien de nouveau dans Internet. Internet est souvent associé à une mythologie qui tourne autour de la science fiction, c’est du pipo, technologiquement parlant, il n’y a vraiment rien de nouveau, mais l’idée c’est de dire ce que l’on utilise déjà en entreprise, pourquoi on ne l’utiliserait pas comme un mode de communication généraliste y compris avec nos clients finaux. Donc du coup, tout le monde devient réseau et c’est avec ça que l’on débouche sur l’idée de commerce électronique, donc tu vas pouvoir ... C’est impalpable. Ce qu’a importé Internet, les protocoles TCP/IP et HTTP, les deux choses vraiment nouvelles et sur les messageries ça existe pareil depuis la nuit des temps et surtout l’idée que au lieu de faire tout dans son coin avec des trucs qui ne marchent pas avec ce que fait le voisin si on utilisait justement des protocoles, des protocoles qui soient standards au sens universellement utilisés et bien du coup tout ça peut se permettre de circuler dans tous les sens.
• Alors, le développement sur CD Rom et Internet par exemple, dont on a déjà parlé pour Webmaster, c’était pour privilégier les aspects techniques en complément finalement des éditions papier ... ?
• Oui c’est pour ça. Voilà, voilà.
• Donc il y aurait plutôt complémentarité ?
• Ah pour moi clairement.
• Et à ce niveau là, on a l’impression que, sur les supports papier progressivement on privilégie tout ce qui est dossier, article de synthèse, analyse etc ... et maintenant le support Web c’est plutôt pour la partie information précise mais finalement le rôle des journalistes diminue un peu et se transforme en une simple orientation vers tel ou tel site, que pensez-vous de cela ?
• Ouais. Je vais revenir sur un truc, c’est sur la complémentarité et je dirais à la fois oui et non. Je pense que pour, jusqu’à ce que nous mourrions ça sera indissociablement complémentaire et la génération d’après alors là me laisse dans un flou total parce que moi je suis d’une culture papier. Pour moi, la référence en écriture etc ... c’est du papier. Il existe d’autres supports mais quand je suis né la télévision n’existait pas, l’ordinateur n’existait pas, la référence en matière de support d’informations c’est le papier. Les gens, j’ai 38 ans, des gens qui ont même 10 ans de plus, des gens qui ont jusqu’à mettons 25 ans, 20 ans de plus pour eux le support de référence c’est le papier. Le papier ça touche, c’est plus qu’un média, c’est une culture. Le livre ça a une valeur, un livre c’est une valeur d’objet en outre, outre la valeur de son contenu. On ne peut pas résumer la valeur d’un livre à son contenu. Non, ça c’est la première chose qui fait que, je ne sais pas si mes enfants eux auront le même système de référence. Aujourd’hui, pour un gamin qui a moins de 10 ans, l’écran c’est quand même largement autant un support de contenu que le papier, ils ont les écrans de leurs consoles de jeux, de leurs télés etc ... je ne sais pas et je ne suis pas certain qu’à terme ce que je vais dire perdure. Oui pour moi c’est complètement complémentaire, mais il se peut très bien que dans une génération ou deux, il s’avère que là il y a vraiment concurrence et voir aujourd’hui Internet comme un concurrent du papier, c’est vraiment être aveugle et surtout avoir un problème de mémoire. Le CD Rom est mort d’avoir voulu bêtement d’ailleurs s’opposer au concurrent du bouquin et faire abstraction du fait que le papier ce n’est pas seulement un support, c’est une culture, résultat : le CD Rom il est mort. Internet j’espère qu’il ne fera pas la même connerie parce que alors imaginer que un serveur lu sur un écran va remplacer un support papier pour des gens de ma génération probablement de la génération juste derrière, c’est vraiment de l’aveuglement, après je ne sais pas, aujourd’hui il n’y a pas photo. Donc, en plus ça correspond à des besoins qui sont différents c’est que Internet c’est quelque chose d’actif. Donc tu as un rapport actif au truc, tu demandes, on te répond si tu n’es pas content de la réponse, tu recherches etc ... Le journal, le journal magazine ou le bouquin c’est quelque chose que tu vas consulter facilement en ayant éventuellement une activité intellectuelle qui va te faire réagir contre ce que tu lis mais à qui tu ne vas pas demander quelque chose. Ce n’est pas la même démarche à tout point de vue et même au niveau ergonomique tu peux un bouquin tu le lis couché ou assis ou comme tu veux, tu peux te balader avec un livre dans le métro pas un serveur Web, c’est pareil, tu ne peux pas avoir de bibliothèque dans le métro tu vois. Une bibliothèque c’est un endroit où tu vas chercher, un endroit bien précis où tu as des gestes bien précis etc ... l’ordinateur est vraiment dans ce cadre là. Alors je crois que là il y a complément complémentarité à tous points de vue, d’abord parce que tuer le papier dans des endroits où l’on consomme le plus de papier c’est la P.A.O., le bureau à zéro papier. Le bureau sans papier c’était le grand truc et qui était à la mode il y a une quinzaine d’années, plus personne n’en parle aujourd’hui. Plus tu mets, plus tu as de la publication informatisée, plus tu consommes du papier, aujourd’hui c’est un fait avéré. Je crois que vraiment, pour notre génération, ces choses là resteront complémentaires et il reste à convaincre les gens qui font de la publication de ça parce que quand tu vois ce qui se fait un peut partout ... ça me parait clair et je crois qu’en France parce que l’on parle de la France et au delà, mais je pense que c’est un peu pareil il y a un vrai déficit de conception de ce qu’on peut faire avec ça. Alors on calque c’est vrai des schémas traditionnels, ce qui se fait en matière de commerce électronique par exemple c’est pareil, c’est absolument pareil. Je crois qu’un des problèmes en France que devrait avoir le commerce électronique, c’est qu’il n’y a aucune valeur ajoutée pour l’instant dans le fait d’acheter quelque chose sur le serveur Web. Au delà, une fois passé le côté fun, côté rigolo c’est Cyber, le pire gag que j’ai vu c’est le Furet du Nord qui est la plus grande librairie de France à Lille, ils ont un serveur Web où ils vendent des bouquins, donc pour voir j’ai acheté un bouquin c’était pour Noël. Quand tu passes la commande, la machine te répond : attention on a quinze jours pour la manutention, livraison etc ... et le bouquin est arrivé trois semaines après, alors là il n’y a vraiment aucune valeur ajoutée, n’importe quel libraire de quartier même dans une campagne profonde en trois semaines il peut te procurer n’importe quel bouquin. Si le gars il se décarcasse un peu ça il me le fait, donc il n’y a pas de valeur ajoutée à ça et le problème des serveurs de journaux c’est typiquement ça la plupart ... à part quelques initiatives je citais celle du Monde diplomatique ou là il y a une vraie valeur ajoutée, il y en a peut-être d’autres qui ont fait ça, mais globalement il n’y a pas vraiment de valeur ajoutée, tu as simplement la satisfaction de faire un truc dans des conditions plus Cyber quoi.
• Mais c’est parce qu’il y a un manque de moyens, de conception ?
• Oui mais quand même il y a quand même par exemple les gens du Monde ça leur a sûrement demandé du boulot de fournir tous les jours en format P.D.F. sur leur serveur leur canard page par page tu vois. Ce n’est pas un truc anodin comme travail et ça prouve bien que le gars qui a fait ça, pas une seconde s’est dit : voilà j’ai un peu de sous, qu’est ce que je peux faire pour que soit le lecteur du Monde puisse avoir quelque chose en plus ou que quelqu’un qui ne lit pas Le Monde ait envie de lire Le Monde. Manifestement cette question là, il ne se l’est pas posé, il s’est dit j’ai un serveur Web, je fais Le Monde, bon je mets Le Monde sur le serveur Web c’est ça et ça je ne crois pas que c’est une super idée.
• Quand même Le Monde sur le Web, ça a évolué ?
• Ca a évolué mais c’est pas terrible quoi, mais surtout c’est ce qu’on disait l’autre soir je crois que le fond ... enfin en fond de ça il y a tout le fait que personne jusqu’à maintenant n’y est arrivé et les gens du CD se sont plantés aussi là-dessus et c’est sans doute un problème compliqué : trouver une écriture spécifique aux médias électroniques. L’écran n’est pas une feuille de papier et il faudra bien que quelqu’un arrive à trouver une écriture spécifique, il y a des écritures spécifiques pour plein de trucs, on n’écrit pas une brève radio comme tu écrirais une brève télé, une brève papier, tu n’écris pas un article comme tu écris un roman. Chaque support a son écriture spécifique, tu ne fais pas une affiche de publicité comme tu ferais un machin ... le problème c’est que pour l’instant l’écran, au niveau de l’écran personne a trouvé. La solution je ne l’ai pas, je serais très riche mais il faudra bien ... tant que quelqu’un n’aura pas trouvé au moins une voie vers laquelle il faut aller ... ça restera comme ça quoi. Mais en même temps, ceci étant dit il faut juger ça avec clémence parce que c’est tout nouveau. Le Web tout ça c’est présenté avec souvent comme l’aboutissement de techniques sophistiquées et c’est vraiment l’inverse. C’est fait avec des bouts de ficelles et techniquement c’est à hurler de rire et bon ça commence. Donc je ne suis pas sûr que nous nous sommes les mieux placés, peut-être nos gamins auront des idées qui nous feront frapper le front exemple, ouais c’était ça qu’il fallait faire. Mais ce n’est pas évident d’oublier tout un ensemble de références comme ça qui est basé sur ça et comment je vais faire la même chose sur un support qui n’est pas vraiment le même.
• Il y a aussi la question justement dans les journaux sur Internet: quand on fait un lien à partir d’un journal vers un autre site, est ce qu’on le cautionne ?
• Non, mais moi je trouve ça scandaleux, alors là c’est même pire que ça, je trouve ça scandaleux et je trouve que c’est un mensonge, c’est mentir à ton lecteur, un exemple très simple quand il y a eu l’histoire de la bite de Clinton, tu avais Libération qui en plus a été mauvais sur la couverture de cette histoire et sur leur serveur, ils avaient à un moment donné un lien, il doit y être toujours faut voir : pour tout savoir sur le “ Water Braguette ” typiquement journalistique, dans le serveur de Libération, et tu peux en toute bonne foi penser : tiens là je vais avoir les papiers derrière de Libération. Tu cliques sur le lien et tu tombes sur une page qui est un listing de liens vers les différents serveurs de journaux américains avec les papiers en question. Alors là il n’y a que demi-risque parce que quand tu cliques, tu tombes sur le serveur en anglais donc soit si tu es vraiment idiot, tu te dis : il y a un truc qui se passe, je ne suis plus chez Libération, alors imagine la même chose avec des serveurs en français, il n’y a rien qui te signale particulièrement : “ attention vous avez fini de lire mon journal, je vais vous envoyer chez quelqu’un d’autre ”. Donc, tu vois il y a deux choses, non seulement ça revient à cautionner sur ce quoi tu cliques, mais surtout il y a un vrai problème de où commence le journal et où il se termine et je trouverais moi, normal qu’il y ait un jour une espèce de chartre de déontologie, ou appelle comme tu veux, qui spécifie que lorsqu’un journal fait un lien vers un autre site il soit clairement et de manière explicite indiqué à son lecteur : attention vous n’êtes plus dans le journal, vous êtes ailleurs, ça ne veut pas dire qu’ailleurs ce n’est pas bien mais ailleurs c’est pas nous parce que sans ça, ça revient à faire véhiculer toute la crédibilité. Si tu lis un truc dans un canard donné, a priori c’est que tu y accordes une certaine crédibilité et donc c’est t’inciter sans que tu t’en rendes compte à aller transporter, transposer cette crédibilité que tu accordais à un journal précis ailleurs. Et ça je trouve ça pas normal du tout alors qu’un canard fasse des liens oui c’est très bien le Web c’est fait pour ça, mais je trouverais normal que ce soit fait particulièrement quand c’est un canard d’informations. Je ne sais pas un canard comme Netsurf qui parle du logiciel machin, chose, truc qui fait ça, qui fait ça et qu’en bas il renvoie vers le site de l’éditeur, ça ne me choque pas. Attention, on peut dire que c’est de la pub tu me diras mais ... mais bon pourquoi pas. Mais, moi, disons on ne peut pas dire qu’il n’y a pas de tromperie, il n’y a pas de tromperie tandis que dans le cas d’un magazine d’informations, il y a à un moment donné, je trouve normal qu’on te prévienne, attention ce n’est plus nous qui parlons et au du delà du journal. Par exemple j’ai vu le cas quand les gens qui ont fait Légifrance, nous l’ont présenté, c’est le journal officiel et ils ont fait ça en toute bonne foi, ils y avaient différents liens d’ailleurs ils devaient rectifier, sur d’autres serveurs gouvernementaux ou des liens sur des textes qui se trouvaient sur d’autres serveurs. Quand tu cliques sur le truc c’est pas très clair de savoir si tu es toujours chez qui est le serveur du journal officiel donc un truc à qui tu vas accorder une crédibilité très forte alors que peut-être tu es en train de regarder une page qui est sur un serveur d’un ministère, qui est peut-être aussi crédible, je trouverais bien qu’on te dise attention là vous n’êtes plus au journal officiel. On va vous envoyer à tel endroit, ce sont des gens bien aussi patati patata mais ce n’est plus tout ce que vous pourriez avoir comme confiance dans les tâches où vous êtiez jusqu’à maintenant alors laissez le à la porte et si vous devez accorder une crédibilité à ce que vous allez lire, bien réaccordez lui une crédibilité et ça il faut trouver un moyen qui fasse que ce soit clairement indiqué car aujourd’hui ça ne l’est pas.
• Et aussi des liens orientés pour des raisons publicitaires ?
• Non, mais là ça va se faire, ça va se faire. Pour me faire l’avocat du diable, je te dirais tu dois pouvoir trouver de temps en temps, un canard, un canard dans le domaine technique quelqu’il soit informatique ou pas, avec un banc d’essai d’un truc et une publicité du fabricant trois pages plus loin tu vois. On est dans le même ordre de rapport, alors on peut trouver ça critiquable mais on ne pourra pas l’empêcher ...
• Au niveau de Webmaster ça c’est quelque chose qui ... ?
• Ben on n’a pas vraiment eu ... la question elle ne s’est pas vraiment posée quoi tu vois parce que le serveur on n’a pas pu le ... on l’a bricolé comme ça c’est un serveur qui a été fait sans vraie réflexion parce qu’on le faisait à deux, deux et des pigistes Olivier et moi. Et à l’époque je ne suis pas certain qu’à l’époque je me serais posé la question. Maintenant c’est le type de question que je me pose, je ne suis pas certain et c’est pas prouvé qu’à l’époque on se serait posé la question.
• Et au niveau du journal papier, au niveau du contact avec des annonceurs ça existait ou pas ?
• Mais ça existe forcément, c’est clair. Aujourd’hui, je crois qu’il y a le Canard Enchaîné et il y en a un autre, je ne me rappelle plus lequel qui vit sans pub. Le mec du Canard Enchaîné peut te dire : moi les annonceurs éventuels je les em... Tu as les gens du Monde Diplomatique qui ont une politique très restrictive au niveau de la pub qui en ont quand même pas beaucoup mais ils en ont, je crois qu’il y a le Canard Enchaîné et un autre je crois qui peuvent dire : nous les publicitaires on les em... Aujourd’hui, moi qui est-ce qui me nourrit, ce ne sont pas les lecteurs, ce sont les annonceurs. Je crois alors c’est un chiffre à vérifier moult fois mais tu dois avoir si tu trouves un canard dont les annonceurs arrivent à la moitié des recettes du canard, c’est déjà qu’il est veinard. Généralement c’est plutôt moins que ça aujourd’hui, c’est clairement les annonceurs qui font vivre les magazines, il n’y a pas de discussion. Donc ça ne veut pas dire d’ailleurs que parce que là c’est le vieux truc, la discussion que j’ai eu quinze fois sur le fait que directement le journaliste est inféodé à l’annonceur car moi jamais un annonceur est venu me voir en me disant ce genre de truc et je pense que je l’enverrai bouler, il n’empêche ...
• C’est plus complexe.
• Il n’empêche que c’est plus compliqué et je pense qu’il y a également une espèce de ... bon là on sort un peu du sujet parce que ce n’est pas spécifique à Internet, c’est une espèce de censure automatique personnelle que machin etc... et c’est dans le monde de l’informatique et je pense que les gens du monde de l’automobile doivent être un peu dans le même domaine et c’est encore plus pervers que ça parce que on est dans un milieu. Moi j’ai connu ça avant, je travaillais dans la photo et chez les photographes, j’avais le même genre de ... C’est que tu es dans des milieux où tu es où tu parles d’un matériel qui est dix fois au dessus de ce que lui demandera l’utilisateur le plus pointu. Alors souvent la réflexion c’est de dire effectivement tel truc il n’est pas génial mais d’autre part sur le nombre de machins qui va être vendu si ça se trouve il n’y a pas un seul mec qui va s’apercevoir que cette fonction n’est pas géniale, c’est une espèce de ... ça devient très compliqué. Donc tout ça pour dire qu’on ne peut pas dire que l’annonceur va directement influer mais qu’il influe, te dire qu’on est indépendant de la publicité ce n’est pas vrai. Ca le mec si il dit ça c’est forcément un menteur, je dis il n’y a pas de journaux qui vivent sans pub et d’ailleurs je ne sais pas si c’est une bonne chose si c’est une bonne ou une mauvaise chose parce que l’idéal théorique ça serait qu’un canard vive de ses lecteurs. Sauf qu’un canard vive de ses lecteurs, ça conduit à faire du pilotage à l’audimat et peut être même à avoir des sanctions, une influence plus directe au niveau du canard alors que les annonceurs exercent une poussée peut-être plus forte, mais à la fois plus lente et moins sensible. Je ne sais pas, je ne suis pas certain que un magazine, Le Canard Enchaîné est un cas à part parce que tu ne les achètes pas pour qu’ils te vendent ce que tu veux, tu l’achètes pour qu’ils te surprennent, mais autrement pour des canards non polémiques je ne suis pas certain que de vivre des lecteurs ça serait forcément une excellente chose. Enfin dans tous les cas, ça serait à mon avis erroné de penser parce qu’on vivrait que des lecteurs du coup on serait libre. A la limite, TF1 peut te dire : on est une télé honnête, on fait pour ce que veulent les télespectateurs, par ailleurs ils gagnent de la pub mais si, mais ce qui compte c’est ce type de démarche là. On pilote un audimat, vous voulez ça pas de problème, on vous le fait, un peu de service, on vous le met, tu vois donc je suis un peu partagé là dessus, mais dans tous les cas de figure on ne peut absolument pas dire qu’on est dégagé des contingences publicitaires ça c’est évidemment pas vrai.
• Mais ce que je veux dire c’est par exemple sur le support Web, il y a quand même un degré supplémentaire donc à ce niveau c’est que s’il y a un lien ...
• Ouais mais ...
• Directement sur le site
• Je ne suis pas sûr ...
• S’il y a une charte ou un ...
• Je ne suis pas sûr, je ne suis pas certain, écoute moi j’ai vu des trucs dans Libération il y a quelque temps de ça, Libération a eu un supplément d’Apple à l’époque ou ça doit remonter à quoi un mois ou deux, un supplément publicitaire d’Apple qui était fait avec la typo du canard, le type machin etc ... je ne sais pas si tu l’as vu, il fallait vraiment regarder attentivement pour te dire je suis dans une pub, je ne suis plus en train de lire Libération. Donc, tu peux faire la même chose sur papier alors c’est vrai, ce sera plus facile de fait sur le Web puisque là, dans ce cas précis, il y a eu un coût, une fabrication, il y a eu une logistique obligatoire alors que dans le cas du Web, ça coûte rien mais il ne faut pas être naïf vis à vis de ça, ça se fait relativement fréquemment dans la presse habituelle. Moi je ne crois pas que le danger vienne de là, je crois que le danger il vient de la fascination qu’exerce l’industrie américaine informatique sur le reste du monde et le meilleur exemple c’est : imagine deux secondes que demain tu sois dans un salon, dans un truc quelconque et tu as le P.D.G. de William-Saurin qui est à la tribune et qui te dis : “pour un monde nouveau, mangez que des saucisses, machin on ne mange pas assez de saucisses, c’est pour cela qu’il y a des guerres, pour ça que les enfants ne travaillent pas à l’école ”. Tu vas te dire quoi, tu vas te dire c’est qui ce guignol, mais arrêtez le, alors c’est exactement ce qui se passe dans le monde de l’informatique où tu vois Gates faire des laïus avec Jospin, j’étais au dernier show qu’il y a eu au dernier Salon, tu vois c’est vraiment ça. Tous les ténors en formatique qui expliquent à nos gouvernements, il faut faire ça, il faut ça machin et qui sont des référents alors on oublie que ces gens sont des marchands, ce ne sont pas des prophètes, ce sont des marchands mais ils sont vus comme des prophètes et savent très bien ... On est mal armé pour ça parce qu’on est face à un monde de l’informatique américaine, pas de l’informatique américaine parce qu’elle est américaine, mais parce que de fait il se trouve que le monde informatique est américain. Si c’était européen, il ne serait pas meilleur enfin ça ne changerait rien au problème. On est face à un monde de l’informatique qui est devenu une machine marketing absolument spectaculaire car l’informatique fait 10 % de développement et 90 % de marketing et c’est vraiment ça, et d’ailleurs je ne connais pas d’autres milieux industriels où pratiquement tous les boss des grands groupes sont des vedettes médiatiques. Il n’y a pas vraiment d’exemple, le PDG de Boeïng personne sait que c’est un, le PDG de Général Motors, personne sait que c’est etc ..., le PDG de Renault je ne sais pas en France si beaucoup de gens savent la tête qu’il a. Par contre les grands boss américains de l’informatique sont des stars, Bill Gates a une colonne dans l’Essentiel du Management depuis le début etc ... Il y a une espèce de fascination pour ces gens là, or ce sont des gens qui savent, pour qui donc la communication c’est le gras de leur business. Ce sont des boîtes qui font du marketing d’abord vraiment et du développement et il n’y a pas besoin de développement au niveau de ce qui est proposé au consommateur car il y a largement de toute façon au delà de leurs besoins, alors il suffit de rajouter une rustine de temps en temps et ça permet juste de relancer un peu la machine. Par contre, en matière de communication, ils sont infiniment plus sophistiqués que n’importe quel autre secteur industriel et disons que ces boîtes là sont capables d’avoir une communication qui ressemble énormément à ce qui peut se faire dans des domaines plus normaux. Donc ça veut dire que ton gars et c’est là où est le danger à mon avis plus que sur le lien c’est à dire que si je faisais un papier sur Renault et je dis la Renault Scenic bla ... bla ... machin ... elle est vachement bien, elle est super, clique en bas “ lien serveur Renault ”. Le gars qui va tomber sur le serveur Renault il va vraiment avoir la sensation de tomber sur un serveur publicitaire et ça va être pour lui je pense la même expérience que dans un magazine s’il tourne la page et qu’il tombe sur une page de pub. En revanche si je dis, je vais prendre la caricature comme ça, il y a un lien Microsoft fais ci, fais ça, “ lien sur le serveur Microsoft ”, le gars y va tomber sur un truc divinement bien fait qui le prend en main qui va lui fournir des tas d’informations, de machins etc ... il va pas forcément pas avoir le réflexe de dire “ attends hé là ... ”, “ le mec qui parle c’est un marchand qui est en train de vendre sa soupe ”, donc le vrai danger il est là et ça concerne que le monde de l’informatique, le risque serait que les autres milieux apprennent du monde de l’informatique ce sens de la communication surdéveloppé quoi, auquel cas effectivement ça deviendrait dangereux, dangereux, ça pourrait poser problème.
• On pense, on associe généralement aux magazines papier, aux journaux papier d’une manière générale une certaine fonction de lien social, sera-t-il concurrencé par les forums, les listes de diffusion sur l’Internet ?
• Oui ça, ça c’est mon dada et malheureusement ça ne marche pas, alors, aujourd’hui ça ne marche pas. Dans dix ans, vingt ans, les générations qui viennent je ne sais pas comment elles réagiront mais aujourd’hui encore une fois des moyens de communautés virtuelles disons, les moyens de mettre en place ça existe depuis longtemps. Il y a une règle qui est intangible, quelque soit le type de communauté virtuelle, qui se retrouve systématiquement, c’est que tu as au mieux si tout se passe bien 10 % des personnes qui se manifestent et c’est tout le temps les mêmes. C’est comme ça et que ça soit un newsgroup ou une mailing-bist, J-LISTE, je trouve que c’est un bon exemple, c’est l’exemple caricatural mais qui vérifie vraiment cette règle des 10 %, 10 % quand tout va bien parce que la moyenne est plutôt en dessous, c’est que les gens qui sont abonnés à J-LISTE, ce sont les gens qui ont exactement le profil idéal pour faire une communauté vivante qui discute etc ... Tu vois, ce sont des gens qui sont journalistes, qui sont habitués à la communication, c’est leur business la communication qui, si ils se sont abonnés sont équipés techniquement pour ça et ... résultat tu as 10 %. Je suis ... on en est très loin car je crois qu’il y a cent et quelques abonnés, il doit y avoir dix personnes tout le temps les mêmes qui vont discuter. Donc ...
• C’est un peu comme dans le courrier des lecteurs ça, tu trouves toujours les mêmes ?
• Oui et voilà et le problème c’est qu’il n’y a aucune culture de l’interactivité autre que verbale chez nous. Tu as des endroits où c’est un peu différent, les USA par exemple ont une culture un peu différente pour une raison simple c’est que chez nous on aurait pu avoir une culture d’interactivité électronique très forte avec le minitel parce que le minitel ça n’a pas toujours été un truc de cul. La première époque des messageries minitel c’était assez fun quand même, c’était même un peu décalé, un peu underground etc ... et le problème ça a été cannibalisé par le cul et c’est devenu plus que ça alors que pendant ce temps les USA qui n’ont pas de minitel et en plus qui est un pays très grand donc qui avait peut-être plus de besoin de créer des communautés virtuelles de gens classés par centre d’intérêt que nous qui ne sommes pas un pays très grand à leur échelle ont eu sur des serveurs comme CompuServe, après America On Line et compagnie des expériences de vrai ..., c’est un truc incroyable quand même.
  Oui tu vois là on peut dire que sur CompuServe il y a des véritables communautés. Moi je sais à l’époque je m’occupais d’un magazine photo, je fréquentais un forum photo de CompuServe par exemple où tu avais tous les rédacteurs en chef des magazines photos américains plus des photographes et des journalistes qui ont discuté régulièrement de trucs, de telle nouveauté, de tel photographe qui a fait l’expo machin, mais elle n’est pas encore chez vous normalement si elle passe dans votre pays allez la voir, le bouquin truc est sorti donc il y avait un vrai sens communautaire. Pour ce qui est de la France, il y a une culture passive c’est à dire que tous ces trucs là ont un taux de gens abonnés souvent élevé. Les gens sont, ça les ..., mais je ne sais pas s’ils n’osent pas, mais la démarche de dire je vais parler devant un public que je ne vois pas, qui est indistinct et en plus dans le lot, il y en a qui vont se moquer de moi, ça c’est complètement tétanisant. Donc malheureusement, malheureusement l’interactivité plurielle je n’y crois pas mais je regrette, ce à quoi je crois beaucoup c’est à l’interactivité duelle. L’interactivité plurielle parce que toute l’expérience que j’en ai ça fait un certain que je grenouille là-dedans montre que ça ne marche pas, en revanche, je crois beaucoup à l’interactivité duelle et je suis un inconditionnel du courrier électronique et c’est pour ça que je réagis tout le temps quand on me parle d’Internet comme étant un grand tout, machin, parce que je crois que ça c’est un vrai danger la présentation qu’est fait d’Internet comme une source d’informations et ça c’est faux, c’est complètement faux. Internet c’est du tuyau et sur ces tuyaux on peut avoir différents types d’applications, des applications qui vont te servir à aller chercher une information qui a été mise à disposition par un vrai mec sur un vrai ordinateur, c’est le Web et la plupart de ces informations elles existent par ailleurs et puis ... et ça j’y crois beaucoup, j’y crois vraiment énormément ... pas du tout aux communautés ..., les communautés ça marchera uniquement dans le cas de communautés à intérêt clairement défini. Un exemple c’est ce que France Télécom est en train de mettre en place avec Lotus, l’idée étant que tu es dans un projet comme le Stade de France, c’est un projet qui va durer pendant un temps délimité et qui va mettre en oeuvre, des boîtes qui font des métiers radicalement différents qui vont avoir à se parler, des boîtes qui ne se connaissent pas forcément etc ..., et l’idée de leur mettre en place sur des serveurs Web des forums l’avantage ... pourquoi sur des serveurs Web parce qu’ils n’ont pas à télécharger un client spécial, c’est le navigateur Web qu’ils ont d’habitude, le Web là dedans il a juste comme intérêt d’être un truc standard. Mais sur son navigateur, il va avoir une fenêtre, des icônes, des dossiers etc ... où ces gens vont pouvoir former une communauté qui n’est ouverte qu’à eux et ils vont pouvoir s’échanger des documents de boulots, des machins, etc ... Ils ont une expérience pilote avec des vignerons par exemple, des associations viticoles, dans le midi, l’idée étant que les viticulteurs comme dans une large mesure les jeunes agriculteurs sont plutôt informatisés, on pourrait penser le gars il est à la campagne, il est dans son trou, ce n’est pas vrai. Souvent la jeune génération d’agriculteur est souvent techniquement plutôt au point notamment ces jeunes viticulteurs qui dépendent de ces associations, ils sont plusieurs informatisés donc France Télécom leur a installé une communauté c’est à dire un forum de discussions avec possibilité d’échange de fichiers, d’annuaires, des adhérents trucs sur des serveurs qui répond à un besoin simple c’est que les viticulteurs ils sont littéralement inondés de directives européennes et pour un viticulteur moyen c’est impossible de se tenir au courant, puis c’est soit ..., soit il a du mal à mettre ça en perspective et donc l’intérêt de la manoeuvre, c’est de leur proposer des synthèses, des analyses.
• Pour revenir au courrier électronique et au journalisme, est ce que l’échange avec le lecteur ... ?
• Mais ça ne marche pas, ben ça ne marche pas, le seul cas de figure où j’ai eu des exemples et tous les collègues que j’ai pu avoir sont unanimes là-dessus. Tu as un canard informatique qui vend en moyenne, le chiffre que je vais donner est un chiffre bâtard, il y en a qui sont en dessus, en dessous, mais mettons trente à quarante mille tu vois normalement imaginons c’est quand même un public particulier le canard informatique, on peut compter qu’il y a 10 % que cela intéresse, c’est à dire 4 000 personnes, ça fait du monde mine de rien sur un magazine de lecteur, si tu en reçois une par semaine tu es quand même submergé, non ça ne marche pas sauf s’ils ont un vrai intérêt. Pour Netsurf à une époque, je m’occupais d’une rubrique de bricolage de HTML et de tout ce qui va avec pour le montage des serveurs, ça m’a valu énormément de courrier de gens qui, du courrier du type “ dans le numéro de tel mois, tu disais de faire comme ci, comme ça ” car les gens te tutoient assez facilement et “ j’ai essayé et ça ne marche pas alors j’ai tel matériel est-ce que ça viendrait de là ou est-ce que tu as une combine ”. Alors ça, bon mais pareil les gens ne manifestent pas ça, mais encore une fois je pense que c’est peut être un problème à la fois de culture et puis d’incitation, normalement on n’écrit pas, on ne téléphone pas à un magazine donc je pense qu’il va falloir du temps avant que les gens s’habituent à ça et puis surtout il faut être prêt à assurer derrière parce que je pense que les magazines n’incitent pas tellement à ça, bon maintenant c’est bien la mode, tout le monde a son adresse de courrier électronique après la signature, mais tu n’as jamais d’incitation très forte tout simplement parce que si tes 4 000 mecs se mettent à écrire, toi derrière il faut assurer, mais aujourd’hui la question ne se pose pas du tout, mais vraiment pas du tout. Ceci étant dit, c’est dommage parce que je sais que moi avant je bossais pour des boîtes de formation là-dessus, je racontais à des cadres à quoi Internet ça pouvait leur servir et à des graphistes comment on monte des serveurs et là en revanche, à la fin des stages de formation, je leur filais mon adresse de courrier électronique en leur disant au moindre problème vous m’envoyez un mot et ça ça marchait relativement bien parce que je recevais régulièrement, je suis resté en contact avec des stagiaires assez longtemps et c’est quelque chose que je n’aurais jamais fait par d’autres moyens. Je ne leur ai jamais dit “  si vous avez un problème, téléphonez moi à la maison ou écrivez moi “   parce que tu vois tu reçois une lettre papier, il faut prendre le temps d’y répondre, pour ta réponse tu n’as pas de timbre, enfin bref c’est un vrai boulot tandis que là moi le matin, je vais passer bien une demi-heure par jour à trois quarts d’heure à faire rien que voir mon courrier, tu renvoies c’est très immédiat donc ça s’y prêterait mais je ne suis pas certain que tous mes confrères soient prêts à faire cet effort là parce qu’il n’y a aucune, il n’y a aucune, ça ne fait pas partie normalement du métier de journaliste c’est à sens unique le métier de journaliste car normalement tu ne réponds pas. Donc je ne sais pas si beaucoup seraient prêts à le faire et je ne sais pas si ça serait bien qu’ils le fassent par ailleurs, c’est la question. Question parce que ... je ne sais pas, je n’ai pas d’idée mais de toute façon aujourd’hui la question ne se pose pas du tout, vraiment elle ne se pose pas du tout. J’ai eu, même les canards de l’Express par exemple qui avaient des forums sur CompuServe à l’époque où l’on vendait ça, il n’y avait personne ... les gens ..., personne, il y avait beaucoup de gens qui lisaient les quelques contributions mais personne ne se manifeste et à mon avis, il faudra du temps.
• Je voudrais quand même développer ce que vous disiez dernièrement, pourquoi est ce que ce n’est pas bon pour les journalistes qu’il y ait des échanges ?
• Ah j’ai pas dit que c’est pas bon, c’est que le métier de journaliste, c’est de faire passer quelque chose, est-ce que tu es censé y répondre ? Je ne sais pas si ça serait bien surtout d’y répondre individuellement. A la limite, la question se poserait un peu différemment si un journal mettait en place justement un forum auquel de temps en temps les journalistes participeraient, alors ça à mon avis ça serait quelque chose de pas mal parce que ce serait ..., le rôle de journaliste c’est d’être quelqu’un de public, ce n’est pas un interlocuteur privé, un journaliste donc dans ce cas à la limite, ça serait différent mais qu’un journaliste se mette à répondre individuellement, à mon avis ce serait compliqué parce que du coup tu perds tout le référent, quand tu dis quelque chose tu le dis dans un contexte et le contexte est important. C’est pas exactement le même papier avec les mots, les mêmes termes selon que tu vas le mettre dans l’Humanité ou dans le Figaro, il ne va pas avoir le même sens lorsque tu dis un truc publiquement.
• Tout de même, on répond en tant que journaliste ?
• Oui mais quand même tu réponds en tant que Monsieur Machin et je ne sais pas. Ce serait différent dans le cadre d’une discussion publique où se récréerait le contexte avec un espace qui soit l’espace du journal, par exemple c’est fait. Le Monde et l’Express qui ont un forum à eux sur CompuServe donc quelqu’un qui va discuter avec quelqu’un éventuellement de la rédaction de l’Express dans ce cadre là il ne sort pas, c’est bien clair, il parle dans le cadre de l’Express tu vois ce n’est pas la même chose d’autant que ça obligerait en plus, à mon avis, ça ne serait pas, ça serait rarement fructueux parce que je me vois mal donner des avis personnels qui soient contraires à ce que j’ai dit par ailleurs, ça veut dire que forcément tu aboutirais à une communication standard tu vois ... donc je n’y crois pas tellement, c’est peut être à tort mais ça se fera peut être mais je n’y crois pas tellement.
• Vous voulez peut-être ajouter d’autres éléments à propos des magazines Internet ?
• Moi ce que j’aurais envie d’ajouter ce que les journalistes et j’en ai fait partie, donc j’en fais partie moi compris, ont fait un vrai travail de désinformation sur Internet. Ca ça me paraît vraiment clair et on a donné dans le Cyber à fond et on a donné surtout dans l’idée qu’Internet était une source d’informations, ce qui est un mensonge éhonté et un bon exemple de ça, une bonne illustration de ça, c’est la pub qu’avait IBM quelque temps avant la vague e-business là tu voyais une petite fille enfin une jeune femme avec son grand père dans une vigne et le papy disait, je ne me rappelle plus mais le propos c’était en gros “ formidable parce que grâce à Internet, j’ai pu aller à la bibliothèque Machin ... ”. Et quand j’ai fait l’expérience avec plusieurs copains tous en coeur te disent “ ah oui c’est super ”, les bibliothèques ont toujours été ouvertes, on ne se bat pas dans les bibliothèques et les mecs qui vont te ... et demande à quelqu’un qui n’a jamais mis les pieds dans une bibliothèque, il va te dire “ oh ouais c’est super ! ” tu vois, parce que ça donne une image d’espèce de ... Je ne suis pas sûr que beaucoup d’utilisateurs d’Internet réalisent qu’en fait Internet c’est du tuyau qui leur permet d’accéder à une machine qui est un vrai ordinateur où un vrai mec a mis en place, a mis à disposition des documents vraisemblablement qui existent par ailleurs et qui est simplement un moyen d’aller consulter les documents de Monsieur Machin ce qui changerait les données du problème. Internet c’est vu comme un ensemble, une globalité dans laquelle on va piocher des choses et ça à mon avis c’est vraiment dangereux, enfin c’est pervers quoi. Internet pour beaucoup ça n’existe pas, c’est un mot qui désigne un ensemble de protocoles, de machins, mais même physiquement il n’y a pas ..., ça utilise les réseaux, les Télécom. Tu as nulle part dans le monde un tuyau où tu peux dire “ Tiens là c’est Internet qui passe, tu vois ”. Simplement l’idée d’Internet de se dire que si au bout de tous ces fils qui parcourent le globe au lieu de mettre des trucs inertes comme les téléphones, des fax, des machins comme ça, on met un ordinateur qui est quelque chose d’un peu plus intelligent et d’un peu plus interactif, on va pouvoir faire des trucs plus sympas et c’est une bonne idée. On est très, très loin du puits d’informations comme ça, du coup je pense que les gens vont avoir une réaction complètement passive et absolument pas critique vis à vis de tout ça ... et ça, à mon avis, ça me paraît vraiment dommage, vraiment.
• Combien de personnes qui collaboraient à Webmaster ?
• On était deux, deux permanents.
• Rien que pour le papier ?
• On était deux permanents plus un stagiaire pour le Web.
• Vous aviez quand même recours à des pigistes ?
• On avait cinq à six pigistes.
• Et la diffusion c’était quoi ?
• Je ne sais plus, 20 000 à tout casser et comme la plupart n’étaient pas payés, ça n’avait pas de sens en fait. Si on avait eu un fichier de 40 000, non on aurait eu je te dirais 40 000 et si on avait eu 100 000, on aurait eu 100 000, là en l’occurrence, la diffusion elle était tout à fait minime.