Echange par courrier électronique avec Jérôme THOREL, rédacteur en chef de Planète Internet 23/03/1998 (2ème courrier).

• Votre actionnaire influait-il réellement sur vos choix éditoriaux ? Si oui, de quelle manière, par le biais des services marketing/publicité d’Hachette ou même directement de votre magazine ?
• Attention : Nous parlons de Grolier, et même si c’est le groupe Lagardère, l’actionnaire de référence n’a jamais rien eu à faire avec Hachette. Il aurait été logique que HFP (filipacchi presse) prenne une partie du capital de Netpress, société éditrice, mais les ponts n’ont jamais pu se concrétiser : petite guerre des chefs au sein du groupe, frilosité naturelle de Filipacchi pour les sujets techno, et enfin volonté cachée de Grolier de ne pas soutenir un projet ‘presse’, mais de ‘communication ’, l’état du marché étant très fébrile, les positions de Lagardère sur ce marché étant plutôt de l’investissement à perte pour espérer rafler plus tard ... ont fait qu’il était pas dans le ton d’être déficitaire (nous l’étions, comme l’ensemble de la filière chez Grolier) et en plus d’avoir un ton trop impertinent et, en plus, de dépenser de l’argent pour se payer des reportages en Iran, Bolivie, Russie, etc ...
  Il n’y a jamais eu de pressions directes sur la rédac., ça c’est le coup de chapeau que je tiens à souligner pour le D.G. de Grolier Interactive, Fabrice Sergent. Mais comme ils n’ont jamais cru au projet de journal d’informations, notre interlocuteur était le directeur du marketing. Je vous laisse imaginer les étincelles quand on nous a demandé d’être plus “ positif ” sur ce marché naissant, ne pas dénigrer, “ surtout pour les produits du groupe ” ... C’était donc un étouffement par manque crucial de soutien de développement --> dénigrer commercialement le projet pour arriver à dire “ ouais, ça vend pas assez, les mecs, votre ligne éditoriale elle tient pas la route ... ”.
• Pourquoi ne pas l’avoir fait pour l’extension sur le Web de “ Planete Internet ” ?
  Manque de moyen, de temps, de personnel ?
• Ce n’était pas vraiment à notre équipe réduite (3 journalistes à plein temps) de serrer les boulons pour créer un contenu propre en ligne, il faut un business plan et un projet de développement, c’est l’affaire de l’actionnaire. On ne demande pas au rédac chef du Nouvel Obs d’assurer aussi un poste à challenges ... c’est pareil. Si on n’a pas les moyens de faire de l’info en ligne, on n’en fait pas. Sinon on se sert du web comme archives, c’est ce qu’on a fait ...
• Comment se composait votre rédaction, quelle diffusion ?
• En alternance, un directeur (trice) de la rédaction, rédaction : trois journalistes (r.-chef, r.c. adjoint, chef de rub.), un SR, deux maquettistes + une dizaine de pigistes réguliers.
  Diffusion kiosque France + des broutilles à l’étranger : 40 000 en moyenne (soit près de 30 % moins que les concurrents), dont 30 à 40 % de ventes (+ 3 000 abonnés env.). Pas si mal pour une promo inexistante.
  En revenu pub., nous étions les plus forts du marché, les autres bradaient leur 4e pour boucher les trous, on tournait à 150/200 KF de revenus pub par numéro.