II. Evolution de l’importance statistique de la Chine au sein des Missions catholiques

Nous devons tout d'abord évaluer l'importance de la Chine à l'intérieur des Missions Catholiques. Il convient donc dans un premier temps de définir quel est " l'espace chinois " sur lequel nous allons travailler. A la Chine traditionnelle, c'est à dire la Chine des " Hans ", définie autour des provinces classiques, qui ont servi de support à notre atlas 22 , nous avons ajouté les régions périphériques que sont le Thibet 23 , la Mongolie 24 et la Mandchourie. 25 Cette Chine, pour les Missions Catholiques, trouve son unité autour du phénomène religieux. Nous évoluons en effet dans les régions acquises au Bouddhisme, au Taoïsme, et au Confucianisme. La province lointaine et musulmane du Sinkiang ne fait pas partie de l'espace couvert par les missionnaires et ne figure donc pas dans notre étude. Les trois " religions " que nous venons de citer, dont les contours ne sont pas très bien perçus par les missionnaires, apparaissent globalement comme un phénomène religieux unique, et concurrent. Le bonze, qualifié presque indifféremment de bouddhiste, taoïste, ou même confucianiste, sera donc le concurrent ou l'ennemi pour le missionnaire.

L'étude du journal des Missions Catholiques porte sur une période allant de l'année 1900 à l'année 1940. 1940 est une année qui marque ce que nous pourrions appeler une " rupture naturelle ". Même si la publication n'est pas interrompue, c' est durant cette année que la publication cesse d'être bimensuelle 26 . Dans le cadre de l'application du décret sur la presse du 27 mai 1940 27 , la rédaction, ne voulant pas réduire le nombre des pages du journal, décide d'une parution mensuelle. Nous ne ferons donc aucune exploitation statistique à partir de cette année. Par contre, si quelques documents intéressants sont publiés durant l'année 1940, nous nous en ferons l'écho.

D'un autre côté, 1900 est une date commode, et pas simplement parce qu'il s'agit d'un chiffre " rond ". En effet, dans les archives des O. P. M., les photographies antérieures à 1900 sont très rares. C'est véritablement la révolte des Boxers, et surtout ses conséquences sur les missions et les chrétientés, qui engendrent les premières séries photographiques 28 . D'autre part, le début du XXème siècle est marqué, comme nous l'avons déjà signalé, par une très nette évolution du type d'illustrations présentées par les Missions Catholiques. Sur les trois premières années de notre étude 29 , les gravures, ou "gravures d'après photographies", sont encore très nombreuses, oscillant dans une proportion de 25 à 50% des illustrations. Elles deviennent plus marginales dès 1905 pour quasiment disparaître vers 1910. Le début du siècle marque donc bien une évolution tendant à faire de la photographie un auxiliaire de plus en plus important de la presse écrite.

Durant la période que nous venons de définir, les Missions catholiques publient environ 1.500 illustrations concernant la Chine. Pour l'essentiel, il s'agit de photographies, mais nous trouvons également des gravures, quelques dessins, et beaucoup plus rarement, des cartes. Celles-ci se révèlent la plupart du temps complètement hermétiques à toute utilisation pour le lecteur. Ce sont des cartes à grande échelle, faisant figurer les alentours des missions, sans qu'il y ait la plupart du temps, le moindre repère commode, ou même connu.

[Illustration manquante]

Missions Catholiques 1922 page 405 .

[Illustration manquante]

Missions Catholiques 1922 page 526 .

Aucune de ces deux cartes ne situe la province concernée dans l'espace chinois. L'abondance de lieux, de "limites", de cours d'eau, etc..., rendent ces cartes inutilisables pour une découverte réelle et profitable de la Chine.

Les cartes générales de la Chine sont rares, et tombent souvent dans le travers de l'excès de détails, ce qui les rend presque toujours illisibles.

AUTRE CARTE

[Illustration manquante]

Missions Catholiques 1925 page 535 .

Nous sommes encore face à une carte qui permet difficilement de se faire une idée de ce qu'est réellement la Chine. Le seul élément concret est l'échelle, grâce à laquelle nous pouvons prendre conscience de l'immensité du territoire, mais qui a peu de chance d'attirer l'attention du lecteur. A côté de cela, il est difficile, voir impossible de faire la différence entre les chemins de fer en exploitation, et ceux en projet. Pas de différenciation de la taille des cités, ce qui rend impossible toute perception de l'immense écart de densité existant entre les zones côtières et l'intérieur du pays. Il faut enfin signaler que c'est la même carte qui fut publiée par les Missions Catholiques en 1925, page 535, et en 1928, page 253. 30

Il est donc très difficile de se donner une représentation précise, tant pour localiser les missions, que pour imaginer les routes suivies lors d'une exploration, ou tout simplement pour une tournée missionnaire. Il en résulte une sorte de " clair obscur " pour tous les problèmes géographiques concernant la Chine : nous disposons ponctuellement de connaissances très précises, mais tous ces éléments flottent au milieu d'une Chine assez vague. Le lecteur de Missions Catholiques ne peut que très difficilement prendre conscience de l'immensité du territoire chinois, et des particularismes locaux qui caractérisent certaines provinces. Ceci explique l'amalgame qui est fait entre la Chine, la Mongolie et le Thibet. L'un des seuls éléments réels de différenciation entre les régions est le fait de photographies à vocation ethnologique, présentant les divers " types " humains que nos missionnaires reporters rencontrent durant leurs périples.

Ces mises au point étant faites, voyons quelle est l'importance quantitative des illustrations consacrées à la Chine au sein des Missions Catholiques. Leur nombre varie de 12 à 98 par an durant notre période d'étude. 31

La Chine dans les
La Chine dans les Missions catholiques : évaluation du nombre d'illustrations entre 1900 et 1939

Comme nous pouvons le constater sur le graphique , la Chine est présente sur l'ensemble de la période. Pas une seule année où nous ne trouvions articles et photographies en nombre conséquent. Cependant, nous voyons apparaître également des variations majeures de l'importance que revêt la Chine d'une année à l'autre.

Afin d'évaluer au mieux l'importance de la Chine dans les colonnes des Missions Catholiques, nous étudierons en un premier temps la place relative de la Chine par rapport à d'autres entités géographiques, puis, nous établirons les liens qui peuvent exister entre les différentes périodes de l'histoire de la Chine contemporaine et les phases d'intérêt particulier du journal pour ce pays.

Notes
22.

Les 21 provinces qui constituent cette Chine dans l' atlas de la 2ème partie sont les suivantes : Anhwei , Chekiang , Formose , Fukien , Honan , Hopeh , Hunan , Hupeh , Kansu , Kiangsi , Kiangsu , Kwangsi , Kwangtung , Kweichow , Ningsiahui , Shansi , Shantung , Shensi , Szechwan , Tsinghai , Yunnan .

23.

Aussi bien dans les Missions Catholiques que dans nos archives , le nom du Thibet est orthographié ainsi , avec un " h " . Par commodité , nous conserverons tout au long de cette étude cette orthographe .

24.

Il s' agit , pour le cas qui nous occupe du territoire que nous désignons actuellement par le terme de Mongolie Intérieure.

25.

Dans l' atlas , la Mandchourie est constituée des 3 provinces suivantes : Heilungkiang , Kirin , Liaoning . Nous inclurons également dans notre étude le Mandchoukouo dès sa création . Par contre , le Sinkiang ne fait pas partie de notre étude .

26.

Le dernier numéro à paraître selon le rythme bimensuel est celui du 16 mai 1940 .

27.

Il s' agit d' un décret visant à économiser le papier .

28.

Nous avons dans les archives des O.P.M. des photographies antérieures à 1900, que nous présenterons dans la troisième partie, mais ce sont des éléments isolés. Nous pouvons cependant dès maintenant signaler une série de négatifs sur plaque de verre datant de 1896, et concernant la Corée qui sera l'objet d' une étude spécifique.

29.

Il s' agit des années 1900, 1901, et 1902.

30.

On remarquera également que cette carte n'est pas vraiment d'actualité. Elle porte encore la mention "Empire chinois" et n'intègre pas la sécession de la Mongolie extérieure.

31.

Se reporter aux annexes , page , pour un tableau complet de toutes les valeurs .