1) Le traumatisme du début du siècle

Par rapport à l'histoire de la Chine, la mise en évidence de ces périodes ne révèle pas de grandes surprises. Le choc que fut la révolte des Boxers est à l'origine de l'envolée des premières années du XXème siècle. Les chrétiens ont été les principales victimes de cette insurrection, qui entraîna la mort de cinq évêques, de quarante prêtres et d'environ 18.000 fidèles. Les destructions occasionnées par cette révolte sont largement relatées, moins par des gravures que par des photographies, plus frappantes ou " médiatiques ". Nous découvrons ainsi en 1902 les dégâts, aussi bien intérieurs qu'extérieurs de l'église de Tchou-Kia-ho (Documents 9 et 10). Déjà, l'année précédente, nous avions vu les ruines de la résidence de Mgr Fantosati, un des évêques martyrs (Documents 11, 12 et 13). L'importance des destructions est soulignée par l'opposition entre une gravure de la résidence avant son saccage, et une photographie de ce qu'il en reste. Cependant, pour rassurer les lecteurs sur le sort de l'Eglise chinoise, on lui présente très vite l'image du dynamisme et de la renaissance. Les Missions Catholiques nous montrent donc des "familles de nouveaux Chrétiens " (Document 14) et des prêtres indigènes, aux côtés des missionnaires (Document 15). Le calme revenu, la reconstruction trouve un écho moindre (Document 16). Il y a sans doute d'autres pays à mettre en avant durant cette période. D'autre part, il aurait été maladroit pour le bon moral des lecteurs, que ceux-ci voient s'étaler durant de trop longues années les conséquences des dégâts occasionnés par les Boxers.

Les années allant de 1909 à 1916, durant lesquelles le nombre de photographies est important, correspondent à la période des grands bouleversements en Chine, c'est-à-dire des dernières années d'un Empire mandchou agonisant à la mort de Yuan Shi-kai. Durant cette période : la Chine a connu une révolution, Sun Yat-sen a proclamé la République, régime qui laisse vite la place à la dictature de Yuan Shi-kai.

1909 et 1910 sont à analyser comme de simples années "bilan", qui apportent aux lecteurs français la confirmation du redémarrage du christianisme en Chine 38 . Ainsi, les reportages sur les différentes oeuvres missionnaires (Documents 17 à 24) et sur le dynamisme des séminaires (Document 25) se multiplient. Cette vitalité est confirmée par les conversions (Documents 26 et 27) et les ordinations de prêtres indigènes (Document 26). La Chine de 1910 semble donc sereine, avec un visage encore très traditionnel. C'est la Chine de toujours qui nous est le plus longuement présentée, où nous voyons défiler les paysages les plus divers, depuis les zones les plus reculées du Kansu (Document 28) jusqu'aux fortifications de Canton(Document 29). La vie quotidienne n'est pas négligée, et elle est abordée sous un angle plutôt intimiste, puisqu'elle nous fait découvrir un " coin de la ville de Soui-fou " (Document 30), ou des individus tel ce " vieux mendiant " (Document 31) ou ce " raccommodeur de souliers à Canton " (Document 32). Les religions indigènes, par le biais des " folkloriques " statues de Bouddha (Document 33) et des pagodes (Document 34), ne sont pas oubliées.

Notes
38.

Se reporter au graphique page 31 , et à la carte page 220, pour le développement des communautés chrétiennes entre 1901 et 1923.