2) Mais, la Chine est aussi terre de toutes les épreuves

Cependant, une ombre apparaît d'emblée dans ce tableau. Très souvent, les églises que l'on nous montre, sont des bâtiments en ruines, frappés par un cataclysme naturel, ou, plus encore, par la fureur des hommes. Les photographies de ces drames sont là pour appeler à la générosité des lecteurs. Quoi de plus désolant pour un chrétien, prêt à soutenir les missionnaires des quatre coins du monde, qu'une mission qui ne peut honorer le Seigneur, faute d'une église 122 . Pour cette raison , le journal a tout intérêt à dévoiler à ses lecteurs les "accidents" qui touchent les églises. Cependant, la répétition de tels faits ne peut qu'amener une question : pourquoi le sort s'acharne-t-il sur les missions ? Si cette question est vaine pour les catastrophes naturelles, telles les inondations que nous avons déjà évoquées (Documents 151 à 160, et 86), il n'en va pas de même pour les destructions perpétrées par les hommes (Documents 9, 10, 76, 77, 259 et 260).

Les missions ne sont pas seulement des villages autour d'une église. Les hospices, orphelinats et même hôpitaux sont au centre de l'oeuvre missionnaire. Mise à part lors de la révolte des Boxers, la sécurité de ces installations, en milieu urbain, ne se pose pas vraiment. Il faudra attendre la guerre sino-japonaise pour que les missions soient touchées par de nouvelles destructions, qui, cette fois, ne sont par dirigées spécialement contre elles. Il n'en est pas de même dans les campagnes, surtout pour celles des régions les plus reculées. Ainsi, en 1928, W.A. Mallory, secrétaire de la Chine International Famine Relief Commision, écrivait : "l'absence de toute sécurité dans les régions de la Mongolie et de la Mandchourie, infectées de brigands, est un obstacle bien décourageant aux efforts de la colonisation. Chaque fois qu'une communauté rurale a récolté une bonne moisson, ou par son travail, s'est procurée des objets de quelque valeur, les brigands se précipitent sur ces biens et emportent tout ce qui tombe sous la main, et souvent emmènent en otage les chefs des communautés." 123

Le péril est donc grand, et les villages chrétiens choisissent de se défendre. Cette défense s'incarne par la construction de remparts. "L'histoire des remparts dans les différentes régions de la Mongolie est celui de l'insécurité du pays. Dans la mesure de cette insécurité s'imposa le besoin de protection des communautés chrétiennes, et cela par la forme concrète de remparts, appuis de toute défense armée." 124 Cependant, les Missions Catholiques ne font pas apparaître, image à l'appui, ces aspects. La forme extrême que peut prendre un village, tel celui que nous présente Carlo van Melckebeke (Documents 261 et 555), n'est donc jamais montrée, pas plus que la réalité d'un village assiégé. Cependant, des événements, comme la mort du père Donavan 125 , assassiné après avoir été capturé par des bandits, vont tout à fait dans le même sens.

Notes
122.

Voir document 259.

123.

Carlo van Melckebeke C.I.C.M. : Service social de l' Eglise en Chine . Pages 63-64.

124.

Ibid. page 65.

125.

Missions Catholiques : 1938 page 219.