Deuxième partie : archives, hommes et lieux...

I. Présentation et archivage du fonds photographique des O.P.M.

Les archives photographiques des O.P.M. se présentent de la façon suivante : il y a 12 classeurs tiroirs, où les photographies sont rangées en fonction de leurs origines géographiques.

- Classeur A : Europe et Asie Mineure ;

- Classeur B : Chine et Mandchourie ;

- Classeur C : Afrique Française ;

- Classeur D : Japon, Corée, Philippines ;

- Classeur E : Indes Anglaises, Birmanie, Ceylan ;

- Classeur F : Chine ;

- Classeur G : Afrique Belge, Portugaise, Italienne et indépendante ;

- Classeur H : Amérique ;

- Classeur I : Portraits ;

-Classeur J : Indochine Française, Siam ;

-Classeur K : Afrique Anglaise ;

- Classeur L : Océanie.

Le premier travail consista à dénombrer les photographies. En effet, si celles-ci sont classées en fonction de critères géographiques, il n'existe pas de fichier général. Chaque pochette, à l'intérieur des classeurs, est simplement accompagnée d'une petite liste 170 . Dans un premier temps, nous n'avons évalué que les séries asiatiques et africaines, ce qui nous donne les résultats suivants :

- Environ 1.500 documents dans le classeur C ;

- Tout autant pour le classeur K ;

- Près de 750 photographies dans le classeur G, soit un ensemble concernant l'Afrique de près de 4.000 documents.

- Le classeur E , présentant le sous-continent indien est riche de près de 1.700 documents ;

- Les séries indochinoises du classeur J comptent environ 1.500 photographies ;

- Le classeur D , où se côtoient le Japon, la Corée, les Indes néerlandaises et les Philippines, ainsi que Formose (mais uniquement pour des clichés qui sont postérieurs à 1949), regroupe environ 1.200 documents. Parmi eux, nous pouvons souligner la présence d'une série de magnifiques dessins, dans la pochette VII, sur Nagasaki, et un ensemble d'une quarantaine de plaques négatives, concernant la Corée de la fin du XIXème siècle, que nous étudierons en détail dans la troisième partie.

- Les collections chinoises, des classeurs B et F, (le partage est uniquement alphabétique.) regroupent globalement un peu plus de 2.500 documents. C'est bien évidemment sur cet ensemble que porte notre étude.

- En tout, la collection des O. P. M. représente une "mine" d'environ 12.000 à 13.000 documents, qui sont des photographies pour l'immense majorité. C'est là un ensemble d'une très grande richesse.

Nous nous devons une nouvelle fois de remercier les O.P.M. pour toutes les facilités qu'elles nous ont données pour mener à bien ce travail, et nous ne pouvons que nous réjouir des projets de mise en valeur de cette collection afin de permettre une meilleure consultation et le développement des travaux d'étude.

Nous ne pouvons qu'émettre des suppositions en ce qui concerne l'archivage des photographies. Nous ne disposons en effet d'aucun document attestant d'une politique concertée, ou planifiée pour la conservation des photographies aux O.P.M..

Comme nous avons pu le constater précédemment, la technique de mise en archives relève de l'empirisme le plus total : il s'agit d'un simple classement à caractère géographique. Ce classement a du être réalisé, au plus tôt dans les années quarante, et plus vraisemblablement durant les années cinquante. En effet, c'est sûrement lors de la mise en place du "fonds récent" pour les photographies que le "fonds ancien" a été classé, ou reclassé (c'est évidemment ce fonds ancien qui constitue nos archives). Or, la coupure chronologique entre les deux fonds s'opère aux alentours de 1955 171 . Cette date de séparation se retrouve dans toutes les zones géographiques du fonds ancien, mais d'autant plus sensible pour la Chine puisqu'elle coïncide avec l'expulsion des derniers missionnaires par le régime communiste (l'essentiel du fond récent des O.P.M., pour la Chine, n'est constitué que de photographies provenant de Hongkong et de Taiwan).

Les photographies sont souvent dans l'état où elles ont été envoyées par les missionnaires. La plupart portent encore au dos une légende de la main même de l'envoyeur. Celle-ci est souvent reprise lors de la publication dans les Missions Catholiques sans modification majeure. Rien ne permet de penser qu'il y ait eu un filtrage, et encore moins une censure des photographies envoyées par les missionnaires avant qu'elles ne soient archivées. Cette idée s'appuie sur le constat, que nous soulignerons durant notre troisième partie, qui met en évidence que certains types de photographies, que nous retrouvons évidemment dans les archives, n'étaient jamais, ou du moins que très rarement publiées dans les pages des Missions Catholiques. Nous en déduisons donc que toutes les photographies envoyées ont été archivées. Cela ne veut malheureusement pas dire que nous les ayons toutes retrouvées. En effet, beaucoup de photographies manquent ! (il n'y a par exemple, plus une seule photographie dans la pochette de Formose !) Ces pertes sont le fait des divers "mouvements" de ces photographies qui étaient très demandées, soit pour la publication dans les Missions Catholiques 172 , ou dans un autre journal 173 , soit pour des expositions 174 . Beaucoup de photographies prêtées ne sont donc jamais revenues.

C'est durant la période que nous étudions qu'est apparue l'agence F.I.D.E.S. Quels sont alors ses objectifs ? Créée à la fin de l'année 1927, par le Conseil Général de L'Oeuvre pontificale de la Propagation de la Foi, l’agence a pour but de "fournir des documents concernant les missions aux directeurs de Revues et à la Presse catholique". 175 Comme le souligne l'article des Missions Catholiques, F.I.D.E.S. est organisée sur le modèle des grandes agences de presses de différents pays, "comme Havas en France, Reuter en Angleterre, Wolff en Allemagne, Stéfani en Italie et Associated press aux Etats-Unis". 176 Cela ne change rien à la gestion des photographies des O.P.M. Un grand nombre d’entre elles continuent à être directement envoyées à Lyon, et ne sont pas forcement transmises à l’agence 177 . Quand les photographies passent par F.I.D.E.S., l’agence établit une légende 178 , qui souvent prend la photographie comme prétexte avant un développement beaucoup plus général 179 .

Notes
170.

Voir en annexe la reproduction d'une de ces listes.

171.

La fiche de la pochette B XX, concernant Hongkong comporte l'annotation suivante : "En mars 1955, il manquait de 27 à 41 compris (Voir si ce n'est pas à l'exposition de Lourdes ou ailleurs)."

Nous pouvons raisonnablement penser que mars 1955 correspond à la date de mise en fiches du fonds ancien. Nous voyons apparaître, par la même occasion une des raisons expliquant la disparition de certains documents.

172.

Certaines photographies perdues sont signalées parties pour publication aux Missions Catholiques.

173.

Voir les documents publiés dans l'Illustration, qui viennent des archives des O.P.M.

174.

Voir note 2 ci-dessus.

175.

Missions Catholiques, 1927, page 569.

176.

Ibidem.

177.

C’est le cas, entre autre, des documents 363, 372, 433 et 434.

178.

Ce sont toutes les légendes des documents marquées « F.I.D.E.S. foto ».

179.

Voir, par exemple, le document 518.