3.2.1. L’objectif et la structure du questionnaire

En effet, l’application d’un questionnaire à un échantillon a permis une inférence statistique au cours de laquelle nous avons pu vérifier les hypothèses élaborées et recherchées au cours de la première phase intensive et qualitative. Outre l’obtention d’informations quantitatives complémentaires, nous avons eu néanmoins, le souci d’utiliser le questionnaire comme outil d’investigation extensive mais aussi qualitative.

‘ « Les objectifs d’un questionnaire peuvent se ramener à un petit nombre :
  • Estimer certaines grandeurs absolues : dépenses au cours d’une période donnée...

  • Estimer des grandeurs relatives : par exemple, lorsqu’on a élaboré une typologie, estimer la population de chaque type dans la population étudiée.

  • Décrire une population ou des sous-populations : par exemple, donner les caractéristiques des acheteurs d’un produit, des lecteurs d’un journal, etc.

  • Vérifier des hypothèses : sous la forme de relations entre deux ou plusieurs variables : par exemple, vérifier si la nature ou la fréquence d’un comportement varie selon l’âge... »114

En ce qui nous concerne, notre questionnaire s’est attaché à mettre en exergue les caractéristiques de la polyvalence au travers des acteurs concernés et de leurs pratiques, à décrire une typologie de polyvalents avec une « estimation » en grandeurs relatives des différents cas, et enfin à vérifier les hypothèses de la recherche.

Nous pouvons dire que ce fut un exercice difficile, voire périlleux. Mais la bonne connaissance du milieu hospitalier nous a encouragé à poursuivre dans cette voie :

  • expérience professionnelle hospitalière de l’auteur, longue et diversifiée115

  • monographie préalable au questionnaire, source de construction du processus de référenciation

  • accès à une littérature abondante (ouvrages difficiles et importante documentation institutionnelle non diffusée).

La complexité résidait notamment dans l’inévitable risque d’approximation lexicale.
« Lorsqu’il s’agit d’attitudes ou d’opinions, on sait que, dans certaines limites, la distribution des réponses dépendra de la formulation des questions. Cela n’a donc guère de sens de chercher à estimer avec une grande précision la population de personnes répondant ‘oui’ à une question, alors que la formulation de celle-ci comporte toujours une part inévitable d’arbitraire. En revanche, comparer la proportion des réponses ‘oui ’ des différents groupes sociaux, ou étudier l’évolution de cette proportion dans le temps est beaucoup plus justifié. On se trouve, de ce fait, renvoyé à un problème de mise en évidence de relation, donc de vérification d’hypothèse, plutôt que d’estimation. »116

Les données connues nous ont semblé suffisantes pour élaborer un questionnaire répondant, autant que faire se peut, à l’exigence de construction référentielle.

Pour ce faire, outre la « carte d’identité » de l’hôpital et de l’individu questionné, quatre axes, issus des points évoqués lors du diagnostic, ont été retenus comme base de construction référentielle :

  • le contenu du travail et sa répartition

  • le degré de polyvalence perçue et souhaitée

  • ses freins et facteurs favorisants

  • ses définitions.

Notes
114.

(R) GHIGLIONE : « Questionner » in « Les techniques d’enquête en sciences sociales », (A) TROGNON, (A) BLANCHET, (J) MASSONNAT, Editions DUNOD, 1987, 198 p, p 127

115.

Voir avant-propos

116.

(R) GHIGLIONE, (B) MATALON, (N) BACRI « Les dires analysés : l’analyse propositionnelle du discours », Paris, Presses Universitaires de Vincennes, 1985, p 95

Cf. (R) GHIGLIONE : « Les enquêtes sociologiques : théories et pratiques. », Paris, Armand Colin, 1978