3.3. Le point de vue spécifique de l’intervenant - chercheur, comme opération de « subjectivation »

Cette opération ‘« marque le point de vue spécifique de l’observateur sur l’objet, son positionnement dans la situation perçue, sa manière d’organiser la lecture et parfois le retentissement qu’a eu l’objet sur sa personne. Cette opération permet à l’observateur de témoigner de son expérience personnelle ou collective à travers des formes, des impressions et des jugements qui lui sont propres. »’ 138

Cette étape de la recherche constitue une analyse au second degré, s’appuyant, aussi bien, sur les informations collectées, que sur les expériences professionnelles de l’auteur.

On peut faire une analogie avec « l’avis d’expert » proposé par (H) SAVALL à l’issue du diagnostic socio-économique.

‘« L’avis d’expert représente aux yeux des acteurs de l’entreprise une forte valeur ajoutée comparativement à la première partie du diagnostic, probablement parce qu’il est très synthétique tout en exigeant de la part de l’intervenant un engagement plus net dans ses positions »139

De notre point de vue, la « subjectivation » donne une autre lecture des données recueillies. Elle donne du sens à la globalité, de par les liens qui sont opérés entre les parties. On pourrait dire que c’est un travail de cohérence sur le fond, la forme et les interfaces.

En conclusion, nous pouvons dire que les opérations d’« objectivation » et de « subjectivation » sont complémentaires, en sachant toutefois que leur délimitation rationnelle reste difficile et sujette à controverses.

En effet, malgré la proximité terminologique, peut-on qualifier d’objectifs tous les résultats de l’objectivation et de subjectifs tous les résultats de la subjectivation ?

La réponse dépend de la définition donnée à ces qualificatifs.

‘« L’observation scientifique est une perception préméditée et éclairée, une opération sélective et interprétative dans laquelle les idées ont au moins autant de poids que les impressions sensorielles : cela les rend pertinentes à la connaissance conceptuelle et en même temps constituant une source d’erreur. »’ 140 (J) MASSONNAT substitue, quant à lui, au terme d’« erreur » l’idée d’une diversité de points de vue marqués par des transformations, des lacunes, des oublis. Une recherche ne se fait pas sans risque !

Notre choix méthodologique de production de données s’est appuyé sur notre volonté d’apporter une clarification sur l’exercice de la polyvalence en milieu hospitalier et conjointement sur notre souci de  tenter une conceptualisation de ce qu’elle représente et nécessite, et ce, dans une double perspective, de performance économique et sociale.

Le tableau ci-après permet de visualiser et de synthétiser la logique de progression de notre recherche, au travers de ses différentes étapes méthodologiques.

message URL FIG024.gif
Figure 24 : processus itératif de production des données relatives à la polyvalence

Nous allons maintenant aborder la seconde partie et présenter les résultats de notre recherche :

Notes
138.

(J) MASSONNAT : « Observer » in « Les techniques d’enquête en sciences sociales Collectif d’auteurs , (A) TROGNON, (R) GHIGLIONE, (A) BLANCHET, Editions DUNOD, 1987, 198 p, p 35

139.

(H) SAVALL, (V) ZARDET « Maîtriser les coûts et les performances cachés », op cit, p 253

140.

(M) BUNGE « L’observation », Paris, 1984, p 56