La gestion des ressources humaines intègre la polyvalence de ses personnels à la fois comme facteur d'enrichissement professionnel et comme facteur de gestion des effectifs en cohérence avec la philosophie médicale, et ce, dans un contexte de contraintes budgétaires fortes. L’organisation du travail infirmier facilite la prise en charge pluridisciplinaire du patient, quelle(s) que soi(en)t sa ou ses pathologies.
Sur neuf unités de soins :
Sept unités présentent les mêmes caractéristiques. Leur mission consiste en la rééducation fonctionnelle neurologique des adultes et des adolescents. Elles accueillent ainsi des patients présentant des pathologies différentes : paraplégies149, tétraplégies150, hémiplégies151, post-comas (réveils de coma concentrés sur une unité). Les causes de ces pathologies peuvent être accidentelles ou médicales, et de ce fait, induisent des polypathologies secondaires très diversifiées, nécessitant des connaissances en neurologie, cardiologie, urologie, endocrinologie, dermatologie, psychiatrie. Au sein de chaque unité, six infirmières et onze aide-soignantes assurent les soins de 25 patients (en moyenne, hors personnels de nuit).
Une unité est réservée à la rééducation traumato-orthopédique et cardiaque. Cette unité possède 40 lits : huit infirmières et douze aide-soignantes assurent l’ensemble des soins requis
La dernière unité est une unité de chirurgie liée à la rééducation : chirurgie urologique, chirurgie plastique et réparatrice, neurochirurgie fonctionnelle. Elle comporte 30 lits. Quatorze infirmières et douze aide-soignantes se répartissent le travail en fonction des secteurs.
L’organisation des soins est polyvalente, au sein de chaque service. Les unités sont réparties en trois secteurs géographiques . Une infirmière prend ainsi en charge sept à huit patients (et non les vingt-cinq) dans un objectif de personnalisation des soins. Ce n’est pas pour autant qu’elle ne connaît pas l’ensemble des patients du service. Il existe une entraide régulière intersecteurs. D’autre part, selon les horaires et les effectifs, le nombre de secteurs change (le plus souvent trois secteurs le matin et deux l’après-midi). L’organisation des soins sur une journée type se présente comme suit :
Relève orale avec l’équipe de nuit, examens sanguins et urinaires, prise des constantes (pouls, tension artérielle, température)
Injections diverses (anti-coagulants, insuline...), aide à la prise de médicaments et surveillance
Toilettes en fonction des priorités (horaires d’examen et de rééducation)
Soins divers faisant appel à la polyvalence des infirmières (sondages, hétérosondages, pansements, gavages...)
Mise à jour des prescription médicales
Stérilisation des instruments, réapprovisionnement de la salle de soins, gestion des stocks (pharmacie...)
Relève écrite
Relève orale avec l’équipe du matin
Injections et soins divers
Seconde mise à jour des prescriptions médicales et préparation / distribution des médicaments
Préparation des examens et des consultations pour le lendemain et programmation des soins requis
Relève écrite
Quelles que soient les pathologies du patient, l’infirmière est en mesure de prendre en charge l’ensemble des soins à réaliser, au sein de son service, voire en interservices. Mais, nous verrons qu’un certain nombre de facteurs influent largement sur le niveau de prise en charge hors service.
Il existe de nombreux outils d’organisation des soins (protocoles de soins, fiches relatives à l’ordre chronologique d’exécution des soins, documents sur les missions et valeurs communes, projet de soins infirmiers traduisant la philosophie de soins...). Mais, nous avons constaté que les cadres utilisent ces outils de gestion des soins, comme outils de gestion des ressources humaines.
Peut-être est-ce une des raisons pour laquelle la polyvalence est souvent mal vécue et/ou mal perçue. En effet, le cadre ne peut se prononcer objectivement sur le niveau de compétences requises individuellement et collectivement, s’il ne s’appuie pas sur des outils de management spécifiques.Une fiche d’organisation des soins ne peut pas servir, par exemple, de grille de compétences ou de tableau de bord. S’interroger sur la confusion de ces outils, c’est aussi s’interroger sur la fonction et le rôle du cadre. Promouvoir la polyvalence nécessite la mise en oeuvre de compétences managériales distinctives.
Les principales fonctions de l’infirmière peuvent être synthétisées ainsi :
La conception des soins est la même pour tous, afin de promouvoir le travail en équipe. Les infirmières estiment indispensable de partir des besoins du patient, afin de déterminer et mettre en oeuvre des soins individualisés et personnalisés, dans une démarche de prise en charge globale, afin d’obtenir, par une évolution progressive, une autonomie du patient lui permettant le plus souvent le retour à domicile.
Mais de quelle prise en charge globale parle-t-on ? Est-ce une conception intraservice ou interservices, compte tenu du contrôle environnemental (choix médical et administratif) intégrant la polyvalence ?
Ce contexte, favorable à la polyvalence a, tout naturellement, constitué un terrain propice à la réflexion, afin d'analyser ce qu'elle représente concrètement au travers de ses acteurs. En effet, que pensent les soignants de la polyvalence ? Comment se traduit-elle et se vit-elle au quotidien ? C'est ce que nous avons voulu savoir, par le biais d'entretiens semi-directifs négociés avec la direction de l'établissement.
Il faut noter qu’une décennie environ s’est écoulée depuis ce choix d’organisation polyvalente. C’est la raison pour laquelle, nous n’avons pas centré nos questionnements sur le passage de la monovalence à la polyvalence, mais sur son exercice quotidien. D’une part les acteurs de ce changement ne sont plus là aujourd’hui à quelques exceptions près, d’autre part les informations transmises au cours des ans deviennent trop approximatives. Nos entretiens ont plutôt consisté en un diagnostic d’évaluation d’une polyvalence effectivement mise en oeuvre.
paralysie des membres inférieurs
paralysie des membres inférieurs et supérieurs
paralysie d’une moitié du corps (droite ou gauche)