4.2.3. Résultats des entretiens réalisés auprès des cadres soignants

I) La polyvalence, qu'en pense-t-on ?

  • La polyvalence permet la prise en charge holistique des soins (parfois)
    • " La polyvalence, c'est posséder plusieurs compétences pour prendre en charge le malade dans sa globalité. Elle encourage la diversification des connaissances et évite la pratique réductrice du métier ".

    • " La polyvalence, c'est pouvoir prendre en charge un malade, quelle que soit sa pathologie. Ce n'est pas le déplacement qui fait la polyvalence ".

    • " La variété des pathologies au sein de la même unité rend le personnel polyvalent, ce qui présente un intérêt professionnel plus grand. Elle évite également le cloisonnement des patients par type de handicap ".

    • " L'infirmière est polyvalente au sein de l'établissement, mais aussi par rapport aux autres disciplines médicales, du fait de la fréquence des pathologies associées chez nos malades. Elle est polyvalente tant sur l'histoire médicale que sur la prise en charge globale du patient ".

  • Etre polyvalent et compétent (et/ou expert) nécessite une délimitation du champ d’action (souvent)
    • " La polyvalence, c'est la polycompétence sur une discipline médicale ".

    • " On peut cumuler des expertises différentes dans l'exercice de la polyvalence. Elles se surajoutent et ne se superposent pas ".

    • " Quand on est polyvalent, on ne peut pas être expert. La polyvalence empêche la recherche, l'approfondissement en évaluation de la qualité des soins par exemple. Le centrage sur une pathologie permettrait cela ".

    • " Le personnel est polyvalent au sein de l'unité, et globalement au sein de l'hôpital ".

    • " La polyvalence est valable au sein d'une spécialité et non en interspécialités simultanément ".

    • " L'aide-soignante est généralement polyvalente, ici et ailleurs. Elle n'a pas d'expertise particulière ".

  • La polyvalence concerne davantage les personnels qualifiés (rarement)
    • "L'infirmière peut assurer momentanément les tâches de l'aide-soignante absente et non l'inverse, notamment à propos des soins de nursing délégués ".

  • La polyvalence requiert avant tout des capacités personnelles (parfois)
    • " La polyvalence est plutôt un comportement personnel. La personnalité de l'agent joue considérablement ".

  • La polyvalence est un acte de solidarité et un facteur de sécurité (souvent)
    • " La polyvalence est la normalité de fonctionnement. Elle doit cependant respecter les compétences des personnes pour ne pas les mettre en difficultés. Une demande de mobilité nécessite négociation, dialogue et explication pour recentrer l'acte sur le patient et mettre en exergue le devoir de solidarité à l'hôpital ".

    • " La polyvalence constitue un très bon exercice, lorsque le service ferme ".

    • " La polyvalence est vécue comme une soupape de sécurité, en termes d'équilibre de la charge physique et psychologique, mais à condition que le remplacement soit justifié ".

    • " La mise en place d'un pool polyvalent, constitué d'infirmières expérimentées, pouvant bénéficier de conditions intéressantes de récupération ou d'une compensation financière, serait une solution en termes de management des équipes... D'ailleurs, il existait auparavant un pool de permanents dans les services volontaires, pour remplacer au coup par coup les agents absents : les personnes volontaires à contacter étaient recensées sur une liste, ce qui facilitait bien la tâche ! ".

  • La polyvalence nécessite transparence et confiance dans les relations (souvent)
    • " La polyvalence peut être vécue comme synonyme de précarité, fragilité, quand il faut gérer le stress du changement d'unité impromptu ".

    • " La polyvalence constitue un système positif, s'il est parfaitement maîtrisé et clairement identifié. Le risque de dérive est fort. La polyvalence ne peut et ne doit pas être réduite à une réponse économique, au détriment de la qualité des soins. Elle doit par ailleurs faire l'objet d'une reconnaissance institutionnelle pour qu'elle soit mieux considérée ".

    • " La crainte du cercle vicieux est toujours latente, à savoir que les remplacements ponctuels deviennent quasi permanents, que des postes soient perdus. C'est une question de confiance. Pallier l'absentéisme sporadique par des remplacements inopinés répétitifs pourrait, à terme, épuiser les personnels et générer un nouvel absentéisme ".