7.1.2.1. La compétence : un instrument de gestion

Quid de la « Compétence » . Omniprésent, et médiatique, son concept n'est toutefois qu'en voie de fabrication, d'où la multiplicité des interprétations185. Il remonte aux années 60 et représentait alors une avancée culturelle non négligeable. Du fait de l'influence des psychosociologues notamment, l'accent fut mis sur les changements d'attitudes plutôt que sur l'acquisition de savoirs opérationnels.

Dans les années 75, on observe l'apogée de la pédagogie par objectifs, déclinés en savoir, savoir-faire et savoir être. Puis très rapidement, les exigences économiques deviennent prépondérantes. La compétitivité s'affermit et la rentabilité sonne comme un leitmotiv incessant, entraînant avec elle l'inévitable nécessité de performance, d'innovation, d'efficacité optimale tant des ressources matérielles qu'immatérielles. Le savoir des acteurs devient un capital pour lequel il faut consentir un investissement, dont la formation continue fait largement partie.

Les années 90 voient se développer le professionnalisme des acteurs, lié directement à la «capacité de faire face à l'incertitude ». Dans ce contexte, il est impératif de dépasser la vision, trop mécaniste du contenu relativement stable des emplois, donc d'introduire une nouvelle dimension du métier, en prenant en compte non seulement l'acquisition des savoirs, mais surtout leur mobilisation, source d'adaptation aux situations professionnelles. Peter DRUCKER186 prend la position suivante :

‘« Aujourd'hui, le savoir est la seule ressource qui compte. Les facteurs de production traditionnels, la terre (c'est à dire les ressources naturelles), le travail et le capital n'ont pas disparu mais sont passés au second rang. On peut se les procurer, et facilement, pourvu qu'on ait le savoir. Et le savoir, dans ce sens nouveau, est devenu une utilité économique, en tant que moyen d'obtenir des résultats dans les domaines économique et social ».’

L'entreprise n'est plus à considérer, aujourd'hui, comme un simple portefeuille d'affaires à gérer, mais comme un portefeuille de compétences à valoriser.187

Notes
185.

DUGUE (E), MAILLEBOUIS (M) : « De la qualification à la compétence : sens et danger du glissement sémantique ». Education permanente, n°118, 1994, p. 43 à 50

Cf TREPO (G), FERRARY (M) « Les enjeux méthodologiques de la gestion par les compétences » in Direction et gestion des entreprises, n° 164-165, 1997, p 7 à 14

186.

DRUCKER (P) : « Au-delà du capitalisme » - Dunod, 1993

187.

RAUX (JF) : « Retrouvons la voie de l'ambition » - Le Monde Initiatives, 16 mars 1994