7.2.2. Les processus mobilisateurs de la polyvalence

La polyvalence s’explique le plus souvent par la description des formes qu’elle revêt. Les capacités requises pour l’exercer apportent fréquemment un complément à cette description. Il ne nous semble pas pour autant que ces deux critères suffisent pour opérer le choix des personnes attendues et éviter des effets dysfonctionnels. Ce n’est pas tant la nature des capacités requises que leur homogénéité qui entre en ligne de compte dans la mise en oeuvre de la polyvalence.

En effet, quels sont les processus qui sous-tendent cette polyvalence et qui, par ailleurs, exercent une influence directe sur les compétences à détenir, pour qu’il y ait transférabilité des savoirs et des savoir-faire ?

La même tâche, déclinée par les mêmes gestes, est-elle transposable facilement d’un secteur à un autre ? Requiert-elle la même stratégie pour sa réalisation, la même logique d’action ? Sur quels processus doit-on agir pour que s’opère le transfert ?

Si la formalisation du travail prescrit constitue une référence commune appréciable, il n’en demeure pas moins qu’il s’avère judicieux de s’interroger sur les processus susceptibles de mobiliser la polyvalence.

Le processus est défini218 ‘« comme un enchaînement ordonné de faits ou de phénomènes, répondant à un certain schéma et aboutissant à quelque chose... Une suite d’opérations, d’actions constituant la manière de faire, de fabriquer quelque chose, un procédé ... La manière que quelqu’un, un groupe a de se comporter en vue d’un résultat particulier et qui est analysée comme répondant à un schéma précis... Il est noté également que, pour le philosophe HEGEL, le processus est un mouvement suivi par la réalité qui ne reste jamais la même et qui se transforme »’.

Les mots-clés pourraient être les suivants : suite d’opérations, enchaînement, schéma et mouvement. La complexité réside dans la gestion du « mouvement » : on pourrait dire que la polyvalence s’inscrit a priori dans un mouvement contradictoire :

Comment mettre en cohérence ces deux mouvements afin de faire coïncider qualification et polyvalence ?

La polyvalence, au sens de maîtrise d’un ensemble de processus, peut favoriser la qualification individuelle et collective. Nous avons ainsi identifié et défini quatre processus semblant avoir un impact direct sur la mise en oeuvre de la polyvalence 219 : un processus de technicité à composantes gestuelles, un processus de pensée à composantes intellectuelles et mentales, un processus de gestion à composantes organisationnelles et un processus de cohérence collective à composantes informationnelles et communicationnelles.

Notes
218.

Grand Larousse Universel

219.

Notre conceptualisation des processus mobilisateurs est inspirée d’écrits sur l’analyse du travail :

cf. FAVERGE (JM) : « Travailleurs et systèmes techniques ». Traité de psychologie appliquée, T3, PUF, Paris, 1972.

Cf. FAVERGE (JM) : « L’analyse du travail ». Traité de psychologie appliquée, dirigée par M. REUCHLIN, PUF, Paris, 1972.