7.2.2.1. Un processus de technicité à composantes gestuelles

Il fait référence à l’activité concrète, formelle et prescrite et s’appuie sur des outils d’exécution. Cette activité est de l’ordre du devoir-faire et répond aux exigences de la tâche. C’est le travail explicité, normé, de plus en plus souvent visualisé au travers de référentiels. Il appartient ainsi à chaque personne de réaliser les gestes techniques prescrits, avec rigueur et précision.

On assiste de fait à une « algorithmisation » du travail. L’algorithme représente ‘« un ensemble de règles opératoires dont l’application permet de résoudre un problème énoncé au moyen d’un nombre fini d’opérations. Sa caractéristique est de transformer des quantités, dites grandeurs d’entrée, en d’autres quantités, dites grandeurs de sortie... »’ 220.

Cette notion mathématique a été étendue au domaine du travail. Elle signifie alors un ensemble de procédures, de modes opératoires qui ont un caractère strict, rigoureux faisant l’objet de consignes précises. Les gestes techniques de soins et de diagnostic radiologique nécessitent effectivement la mise en forme de procédures décrivant des séquences d’opérations, à réaliser dans un certain ordre221.

Le travail est ainsi découpé, segmenté en actes qui, théoriquement additionnés remodèlent l’activité. Les supports utilisés sont soumis à évolution afin d’éviter la sclérose du système par une inadéquation du contenu du travail face aux attentes de la clientèle.

Le processus de technicité renvoie au travail « théorique », s’appuyant sur des tâches à composantes gestuelles.

La réalisation de ces tâches ne nécessite pas pour autant les seules compétences techniques. En effet, quelles conduites types faut-il mettre en oeuvre pour réaliser ces tâches222, quels types de raisonnement faut-il développer pour que l’action prenne du sens et réponde au service réellement attendu ? Par exemple, à l’hôpital, chaque patient est unique et, de ce fait, chaque réponse est unique. Il est important de rechercher quelles stratégies viendront accompagner l’exécution des procédures, car la technique ne détermine pas le contenu du travail.

Notes
220.

Grand Larousse Universel

221.

L’algorithmisation du travail renvoie également aux démarches qualité.

Cf FROMAN (B) « Le manuel qualité, outil stratégique d’une démarche qualité », Paris, AFNOR, 1994, 181 pages.

Cf PERIGORD (M) « Les parcours de la qualité, démarches et outils », Paris, AFNOR Gestion, 1993, 264 pages

Cf SAVALL (H), ZARDET (V) « Espoirs et illusions dans la quête de la qualité : vers un nouveau calcul économique », supplément à la revue Echanges n° 125, p 27 à 46

222.

Cf de MONTMOLLIN (M) : « L’intelligence de la tâche ». Eléments d’ergonomie cognitive, Berne, Editions Peter Lang, Science pour la communication, 1984, p 122