Première partie
La filière de la soie sous le Second Empire (1815-1870)

Robe de mariée en soie ivoire, 1840.
Robe de mariée en soie ivoire, 1840.

Le costume et la mode, Gallimard, La découverte, 1992

Une fois passé les épisodes révolutionnaire et impérial, servis par une conjoncture des plus favorables, les marchands de soie lyonnais, en dignes héritiers de leurs aïeux des XVI° et XVIII° siècles, renouent avec l'outre-mer. Dans ce domaine, hélas, les Français ont accumulé de sérieuses lacunes et, si la nécessité d'aller s'approvisionner directement en Chine fait de plus en plus son chemin au sein du milieu soyeux, les limites techniques et la proximité d'autres marchés d'approvisionnement vont en différer l'entreprise. Entre 1815 et 1843, ce n'est donc que l'idée de nouer des relations directes et régulières avec la Chine qui commence à faire son chemin dans les esprits.

Si l'ouverture de la Chine, suite à la guerre de l'opium, les progrès de la pébrine et la crise de 1848 renforcent les tendances et accélèrent les mutations, il faut néanmoins attendre la levée de l'hypothèque politique, avec l'instauration du second empire en 1852, pour que ces dernières bénéficient d'une impulsion très nette avec notamment l'aménagement des grandes infrastructures ferroviaires, maritimes et portuaires nécessaires à toutes relations transocéaniques. Avec ses traités de libre-échange et son canal de Suez, le second empire paraît être une période bénie pour une filière lyonnaise qui, en aval distribue ses soieries dans le monde entier, tandis qu'en amont, ses négociants parviennent à installer une tête de pont à Shanghai. Lyon est alors belle et bien devenue la place internationale du négoce des soies. Lié à celui de la filière qu'elle commande, son avenir est alors radieux…