1.5. LE RETOUR A LA POLITIQUE DE DIVERSIFICATION DES APPROVISIONNEMENTS : RAPPEL HISTORIQUE

Les auteurs qui ne voient grandir l'intérêt des marchands de soie lyonnais pour l'Extrême-Orient qu'à la suite de l'Exposition Universelle de Londres en 1851 font une importante erreur d'estimation, car pour pouvoir anticiper, notamment sur un marché aussi fluctuant que celui de la soie, il faut certes avoir de solides connaissances techniques mais aussi la mémoire des expériences passées, en d'autres termes, ce qu'il est permis d'appeler de la "culture du négoce" ou "culture marchande". Toujours sur le qui-vive, perpétuellement en activité, un marchand de soie n'a certainement guère le temps de se pencher sur son passé ou celui de la maison pour laquelle il travaille. Par contre, dans le cadre de sa formation, celui-ci aura incontestablement pris soin de bien mémoriser tout ce que lui auront communiqué ses aînés. De quoi se compose alors cet héritage culturel soigneusement entretenu mais malheureusement la plupart du temps par voie orale ? Il se compose des leçons du passé, de ce que les pères ou les grands-pères ont eux-mêmes transmis à leurs descendants, fils et petits-fils. Jusqu'à quand remonte cette véritable initiation ? Les acteurs du marché de la soie ont-ils jamais entendu parler des relations qui auraient pu exister dès l'Antiquité entre l'Occident romain et l'empire chinois ? Afin de leur faire prendre pleinement conscience de la fragilité de leur métier et le poids de leurs responsabilités, leur a-t-on jamais raconté les fabuleux enjeux et risques que la lente, patiente, hasardeuse, et toujours précaire transmission de la sériciculture d'un bout à l'autre de la Méditerranée a toujours suscité dans l'Histoire ? Si les dangers de la spéculation leur ont été enseignés, tout cela a très certainement été évoqué au cours de leur apprentissage. Savent-ils par exemple que dès l'Antiquité les soieries empruntaient déjà le tracé du futur canal de Suez et que Lugdunum, idéalement placée à la confluence du Rhône et des cols alpins, était leur plaque tournante en Gaule? Savent-ils que "grâce aux commodités de la mousson l’Inde était [est] régulièrement visitée et assez bien connue des marchands grecs (...)" et que "les Romains voyaient en l’empire parthe non seulement un dangereux voisin mais un obstacle sur les routes du Golfe persique et de l’Asie centrale: non qu’il interdise le trafic mais qu'il tenait sur lui de lourdes taxes, en sorte que des considérations commerciales ne furent pas étrangères aux campagnes de Trajan" 82 ? Combien de centaines d'anecdotes, plus ou moins fantaisistes comme le célèbre épisode des moines byzantins du V° siècle ramenant les premières graines de vers à soie extrême-orientales cachées dans leurs cannes de bambou, ont-ils ainsi entendu dans les arrières-boutiques des négociants et les magasins des fabricants ? Leur a-t-on jamais dit que finalement, le bilan de ses relations avec l’Extrême-Orient est bien mince et que "malgré quelques relations sporadiques sous les Antonins les empires chinois et romains s’ignorèrent, vaincus par l’énormité des distances" 83 ? En 1883, par exemple, Permezel, un fabricant rappelle très justement que les tissus de soie de l'Antiquité eux-mêmes étaient déjà mélangés avec du coton, de la laine ou du lin pour en abaisser le prix et que depuis toujours les cotons arrivaient à Lyon, principalement du Levant 84 .

Il y a peu de chances pour que tout cela ait été évoqué devant nos marchands du XIX° siècle. Jusqu'à quand remontent les éléments de leur culture et de quelle part de réalité et de mythe celle-ci se compose-t-elle respectivement ? Le saura-t-on jamais ? Ce qu'il y a de plus plausible par contre, c'est qu'on leur ait pris soin de leur inculquer une "science marchande de la soie à la lyonnaise" remontant au XV° siècle. Il est ainsi fort probable qu'ils sachent qu'en 1450, Lyon obtient le monopole du commerce des soieries, qu'un siècle plus tard, François Ier décide de taxer les soies étrangères et de faire obligatoirement transiter les soies entrant en France par cette ville où il crée un bureau de douane spécial. C’est d'ailleurs le début de "la tyrannie des douanes de Lyon" car les droits ne sont pas acquittés aux frontières mais à Lyon-même, ce qui n’est pas trop gênant pour de la soie venant d’Italie par les cols alpins et destinée à la Fabrique lyonnaise, mais très coûteux et contraignant pour des soies venant d’Orient et arrivant à Marseille pour alimenter les filatures ou moulinages du Sud-Est de la France 85 . Ils savent aussi très certainement que la production française de cocons connaissant alors de graves ratés, Charles IX ratifie, en 1569, avec Selim II, fils de Soliman le Magnifique, des capitulations qui accordent aux Français l’avantage commercial de pouvoir battre pavillon dans tous les ports de la Méditerranée orientale et méridionale contre un droit de douane de 5% 86 . Pareillement, les plus instruits d'entre eux sont peut-être informés des déboires que connaît la filière des soies au XVII° siècle car, ceci ne fait aucun doute, à partir de cette époque, les Lyonnais s'intéressent de très près à l'outre-mer. C'est ainsi qu'en 1664, ils souscrivent à hauteur de un million de Livres à la fondation de la Cie des Indes Orientales, l’un d’entre eux, le Sieur Deltor, fondant même Pondichéry en 1667 et en restant le gouverneur jusqu’en 1679. Il faut dire qu'au même moment naissent les premières velléités de concurrence en Europe et que le circuit d'approvisionnement hérité du siècle précédent subit ses premières menaces. En 1618 et 1649, les Anglais puis les Suédois tentent en effet des expériences séricicoles dans leur pays respectifs. Plus préoccupant encore, depuis 1612, les Français ne sont plus seuls en Méditerranée. Vénitiens, Anglais, Hollandais ont eux-aussi obtenu de la part de l’empire ottoman des capitulations leur permettant de commercer en toute sécurité dans les ports du Levant. Les Anglais sont les plus entreprenants et leur Compagnie du Levant, grâce à ses dépôts d’Alep, Bursa et Istanbul, se procure déjà des soies ottomanes et perses qu’auparavant les Français étaient les seuls à capter. De son côté, Amsterdam intercepte une partie des soies des Proche et Moyen Orient grâce au circuit russe empruntant la Volga, le Don puis St Petersbourg et la Mer du Nord, ou la voie de terre, par Astrakan et Hambourg. Dans le grand port de la Mer du Nord, les ventes de grèges ont alors lieu deux fois par an, fin juillet et fin octobre. Le commerce des soies excite déjà les appétits de toutes les puissances occidentales. Frédérick le Grand, en créant le port de Frederickstadt, puis Pierre le Grand, avec St Petersbourg, tentent eux aussi d’attirer dans leurs ports le fabuleux trafic mais l’incommodité des routes réduit leurs efforts à néant. En même temps que leurs connaissances de la soie et des opérations de banque, nos marchands sont-ils informés de tout cela ? On peut légitimement en douter. Par contre, en ce qui concerne les bouleversements et les expériences du XVIII° siècle, le doute n'est plus guère permis, tellement les bouleversements que connaît alors la filière lyonnaise de la soie sont profonds et édifiants. Croissance démographique et naissance de courants d'échanges transocéaniques de plus en plus réguliers et volumineux transforment en effet radicalement l'environnement des économies occidentales.

C'est au XVIII° siècle que la Fabrique lyonnaise fait véritablement l'apprentissage de ce qu'elle est appelée à connaître durant le siècle suivant. En aval tout d'abord, les crises financières de 1709 et 1720, la décennie de dépression de 1740 à 1750 et la crise nobiliaire de 1760 perturbent la production et hypothèquent les ventes. Dans un contexte tendu, la concurrence des Fabriques anglaises, suisses et prussiennes, pour la plupart issues de la révocation de l'Edit de Nantes 87 , se fait de plus en plus sentir, une première manufacture russe de soieries voit même le jour à Moscou en 1714 88 . Plus redoutable encore, vue la conjoncture qui avantage les productions à bon marché, c’est la concurrence d’un produit nouveau, bon marché, coloré et exotique, les indiennes en coton. Les Compagnies commerciales, surtout les compagnies anglaises, en inondent le marché européen et bien que la marquise de Pompadour soit l’actionnaire majoritaire de la Compagnie française des Indes, Louis XV doit prohiber cette marchandise pourtant à la mode pour sauver la Fabrique lyonnaise 89 . Lyon connaît de graves émeutes en 1744-1745, 1750, 1756 et 1786. Dans de telles circonstances, il ne fait aucun doute que la question des approvisionnements en matière première prend une dimension qu'elle ne perdra plus. Simultanément, en effet, les menaces sur le circuit d'approvisionnement sont de plus en plus nombreuses et fréquentes et les orientations des politiques extérieure et économique françaises pèsent d'un poids de plus en plus lourd sur toute la filière lyonnaise. Si bien des conflits européens du XVIII° siècle se déroulent à l’extérieur du territoire français 90 , par exemple, ceux-ci n’en perturbent pas moins considérablement les voies commerciales qu’empruntent les marchands lyonnais, faisant peser une lourde hypothèque sur l’activité de la Fabrique. En 1717-1718, par exemple, en pleine paix, le roi d’Espagne occupe la Sardaigne et la Sicile, d’où proviennent un peu plus du quart des soies utilisées par la Lyon à la fin du XVII° siècle. En 1733 ensuite, c'est en pleine zone séricicole italienne, qu’Autriche, France, royaume de Piémont-Sardaigne et Espagne choisissent d'en découdre 91 , tandis que de 1740 à 1748 enfin, une longue et meurtrière guerre de Succession d’Autriche perturbe les circuits de distribution en Europe centrale. Trop préoccupé par toutes ces campagnes, Louis XV en oublie alors un autre théâtre d’opérations, celui de l’outre-mer. Sur ce dernier terrain, le traité de Paris de 1763 consacre à la fois le triomphe de l'Angleterre et le pire désastre de la France depuis Azincourt! L'image est sans doute un peu forte mais il y a d'importantes probabilités pour que les Lyonnais le ressentent ainsi. Par ce traité, en effet, les Anglais inaugurent une véritable politique transocéanique 92 qui leur assure une considérable avance sur tous leurs éventuels concurrents. De plus, en 1774, le traité de Kainardjila, par lequel la Turquie vaincue restitue Azov à la Russie, permet à celle-ci d’avoir un accès direct sur les marchés de production de soie de la Méditerranée Orientale 93 .

Dans de telles circonstances, comment ne voir dans le voyage en Orient du missionnaire lyonnais Pierre Poivre qu'un simple déplacement désintéressé ? "Missionnaire de la mise en valeur des colonies administrées par la Compagnie des Indes Orientales" 94 , celui-ci obtient du roi d’Annam la liberté du commerce français et établit une factorerie près de Tourane 95 . En outre, il "coopère puissamment à introduire en France les procédés permettant de fabriquer les toiles peintes dont l’Inde possédait le monopole" 96 . Poivre ne participe-t-il pas plutôt à une véritable politique lyonnaise visant à sonder méthodiquement le potentiel séricicole des nouvelles contrées vers lesquelles les Européens se tournent alors ? Les études sur l'histoire de Lyon au XVIII° siècle font cruellement défaut et il est impossible ici de pousser plus avant la réflexion sur le sujet. En effectuant un très rapide sondage au CAOM d'Aix-en-Provence, nous avons néanmoins trouvé une liste générale de tous les passagers pour la Louisiane du 4 janvier 1720 97 dans laquelle sont mentionnés "un capitaine d'infanterie, un inspecteur de vers à soie, le sieur Pierre Cousteau", tandis que sur le bateau Le Chameau, en partance lui aussi vers le continent américain, on trouve trois menuisiers, trois boulangers, trois charrons, vingt cinq laboureurs, dix piocheurs, deux bouchers mais surtout, encore une fois, trois hommes "pour les soyes"… L'hypothèse mérite d'autant plus d'être vérifiée qu'à la même époque, les Américains, eux aussi, font des essais d’implantation du mûrier sur leur territoire 98 . Y a-t-il déjà compétition pour la maîtrise de la filière de la soie ? Cela ne fait guère de doute. Il faut savoir que dès 1660, une Compagnie de la Chine avait été créée. Transformée en 1697 en "Compagnie Jourdan, La Coulange & Cie", l’accostage d'un de ses navires à Canton, l’Amphitrite, est attesté dès l’année suivante et en 1700, ce même bateau ramène de Canton une riche cargaison de thé, camphre et soies écrues. Cinq ans plus tard, le 14 février 1705, 400 balles de soie arrivent à Lorient, port où la Cie avait l’obligation contractuelle de faire débarquer toutes ses cargaisons. Mais, alors que l’approvisionnement d’origine méditerranéenne en soie de la Fabrique menace en permanence d’être interrompu et que leurs homologues chinoises représentent à priori une bonne alternative, l’importation de celles-ci est interdite en 1713 et la Cie qui en faisait commerce disparaît. Comme J. Laffey dans son article de 1969 99 , doit-on voir dans cette mesure le souci des Lyonnais de conserver un monopole douanier qui risquait de leur échapper? Incontestablement, car des soies venant en grandes quantités de Chine et arrivant à Lorient ou Nantes auraient pris plus sûrement le chemin de la Fabrique concurrente de Tours que celui de Lyon. Cependant, les temps ne sont plus à la préservation des vieux monopoles et un an après la constitution de la Compagnie des Indes Orientales en 1719, pour la seconde fois depuis le début de son existence, l’obligation de transit des soies étrangères via Lyon est assouplie. Sous la pression des événements, Lyon doit tourner ses regards vers l’Extrême-Orient 100 et le 18 mars 1765, un arrêté royal est pris qui autorise l’entrée par Rouen des soies blanches de Chine "dites Nankin" 101 . Les prémices d'une politique extérieure faisant déjà appel à toutes les ressources humaines existantes apparaissent. L’amiral des mers de Chine, d’Entrecasteaux, a ainsi recours au supérieur des Jésuites établi à Pékin afin d’obtenir une autorisation de séjour à Canton, faveur qui était alors refusée à tous les étrangers. En 1772, trois navires français mouillent à Whampoa (Huangpu), devant Canton, l’importation de cocons de la race dite "sina" 102 commence en France et quatre ans plus tard un consulat français ouvre à Canton. En 1784, une expédition de trois navires avec une forte participation marseillaise atteint à nouveau Canton, mais il semble bien que ces efforts soient trop irréguliers 103 , manquent de direction stratégique et de moyens. En 1782, par exemple, sur les 23 bateaux étrangers qui se rendent à Canton il n’y en a aucun qui soit français. Même si à la veille de la Révolution, on constate la présence des premières "soies d’Asie" 104 sur le marché lyonnais, le traité de Paris de 1763 avait bel et bien condamné le volet outre-mer de la politique extérieure française, volet que justement les Lyonnais s'apprêtent alors à rouvrir...

Notes
82.

Les soieries d’Orient partaient du port de Barbaricum et transitaient par l’Océan Indien puis la Mer Rouge, avant d’être acheminées vers les ports de la côte orientale de la Méditerranée (M. Bordet, Précis d'Histoire romaine, A. Colin, coll. u, 1969, 317 p., p.228), ce que rappelle P. Scott en écrivant que Barbaricum, dans le delta de l'Indus, était le port où se négociaient les produits de la soie (Le livre de la soie, p.62 citant le Périple de la Mer Erythrée, géographie maritime du Ier sc.).

83.

M. Bordet, p.228.

84.

L. Permezel, L'industrie lyonnaise de la soie, son état actuel, son avenir, Lyon, 1883, 71 p, p.7.

85.

Jaloux d'un tel privilège, les Lyonnais y resteront longtemps attachés, cherchant toujours à éviter d'avoir à le partager. Un tel monopole ne sera assoupli par à un régime de dérogation, qu'en 1670 puis 1720 (L. Gueneau, Lyon et le commerce de la soie, p.63.

86.

"Tout marchand d'une puissance occidentale quelconque qui veut commercer avec les Etats du Grand Seigneur ne peut le faire que sous la bannière et la protection de la France", Thérèse Bittar, Soliman, l'empire magnifique, Découverte Gallimard, 1994, 176 p., p.82. En même temps qu'il ouvrait l’accès aux ports de Smyrne, Chypre, Alexandrie, Tripoli, Tunis et Alger ainsi qu'aux centres textiles de Brousse et Istanbul, un tel accord scellait pour longtemps l'alliance de Lyon et de la monarchie dans le domaine de l'interventionnisme extérieur. Au XVI° sc Lyon devient ainsi un véritable centre commercial intégré cosmopolite regroupant les activités complémentaires que sont le commerce, la banque et l’édition: sur 209 sociétés de marchands-banquiers opérant alors en France, 169 se trouvent à Lyon et parmi celles-ci 143 sont italiennes et 15 allemandes ou suisses. En 1572, Charles IX organise la profession des courtiers et en 1581son successeur Henri III donne des statuts à celle des banquiers (Pariset, Histoire de la Fabrique lyonnaise, Lyon 1901, 430 p., p.3).

87.

Sur cette question, les avis sont partagés. Certains auteurs estiment que cette révocation a eu des effets fort néfastes comme Permezel qui estime à 80.000 le nombre d'ouvriers qui sont partis pour l'Allemagne ou l'Angleterre, ce qui expliquerait selon lui que le nombre de métiers ait chuté à seulement 2.000 en 1710, date à laquelle "il est constaté à peine quelques traces de relèvement" (p.9). D'autres, parmi lesquels N. Rondot, en limitent les effets car le tissage, selon eux, était alors réservé aux seuls catholiques à Lyon même (p.65); il n'empêche que partout ailleurs il était libre: il semblerait donc que N. Rondot cherche à minimiser les effets de cette révocation.... D'autres encore, comme Pariset se bornent à dire qu'à ce moment-là 2.000 métiers s'activaient à Lyon, faisant travailler environ 10.000 personnes et qu'effectivement, mais sans avancer de chiffres cette fois, cette révocation marque le développement de la concurrence à l'étranger (pp. 47 et 53). Gueneau, p.53, estime pour sa part que cet acte a provoqué la fuite des Protestants lyonnais vers la Suisse, l'Allemagne et l'Angleterre et que c'est la Révolution française, en provoquant un fort courant d'émigration, qui a renforcé cette concurrence. De son côté, P. Scott confirme que de nombreux huguenots de Lyon et Nîmes se sont enfuis à Zurich ou en Irlande. C'est ainsi qu'en 1760, 30 familles sont arrivées à Innishannon, près de Cork, grâce à la Society for the relief of French Protestants. Cette tentative d'implantation fut un échec mais, inversement, elle rappelle aussi l'exemple de la famille des Courtauld qui, partie dans les années 1680, verra son descendant, Samuel Courtauld, inventer la rayonne vers 1910. De nos jours, on peut d'ailleurs voir au Victoria & Albert Museum des dessins importés par les protestants français lors de leur installation à Spitalfields, à Londres (P. Scott, pp.184, 205-206 et 209). Sur ce sujet on pourra lire également l'article de Herbert Kisch: "Prussian mercantilism and the rise of the Krefeld silk industry: variations upon an eighteenth-century theme" in Transactions of the American philosophical Society New Series vol. 58, part 7, 1968, 46 p.

88.

On en comptera seize treize ans plus tard; P. Scott, p.209.

89.

Leur impression se fait à la planche de cuivre dès 1770 et à l'aide d'un cylinde gravé en 1797, ce qui permet d'imprimer 5.000 mètres de toiles par jour, mettant ainsi les tissus d'Oberkampf à la portée de toutes les bourses, ce qui est loin d'être le cas des riches soieries façonnées lyonnaises.

90.

Ce qui constitue d’ailleurs une amélioration notable par rapport au siècle précédent…

91.

En installant une branche des Bourbons dans le Sud de l'Italie, le fils de Philippe V d'Espagne recevant Naples et la Sicile, le traité de Vienne qui règle ce conflit en 1738, est cependant favorable aux intérêts lyonnais.

92.

En 1784, par exemple, le Parlement anglais vote une loi sur l'Inde qui confie les affaires commerciales avec cette partie du monde à une Compagnie commerciale tandis que les affaires politiques sont désormais du ressort d'un Conseil nommé par le roi.

93.

En 1792, suite à un nouveau conflit entre ces deux puissances, la Russie se voit de plus remettre les clefs du port d'Odessa tandis que Catherine II interdit les soieries de plus de deux couleurs, ce qui représente "un coup funeste (...) car la Russie était le plus important débouché de nos tissus brochés, de nos belles étoffes pour meubles et de nos petits façonnés nuancés"( M. Pariset p.94)

94.

C. Prudhomme, Lyon et les missions catholiques en Asie orientale à l'époque contemporaine in Cahiers d'Histoire, tome XL 1995 n°3-4, pp.239-255.

95.

En outre, c'est par le traité de Tourane en 1787 que l'île de Poulo-Condor est cédée aux Français.

96.

Comité départemental du Rhône, Rapport, colonisation lyonnaise, Lyon, 1900, 173 p. p.4.

97.

fait à Lorient sur le bateau L'Aurore.

98.

Dès le milieu du siècle pour certains, avant 1776 à coup sûr, ces essais étant réalisés sous la houlette de B. Franklin en personne. Une filature est alors montée à Philadalphie.

CCIL / CRT 1893, p.392.

99.

J. Laffey, "les racines de l'impérialisme français en Extrême-Orient", Revue d'Histoire Moderne et Contemporaine XVI, avril-juin 1969.

100.

Tcheng Tse-sio rappelle que dans l'Essai sur les Mœurs, de Voltaire en 1756, la Chine tient une place importante, trace d'un intérêt alors croissant pour ce pays.

101.

M. Pariset p.75. Celui-ci précise qu'elles sont ensuite conduites sous acquit à caution jusqu'à Paris puis Lyon après perception d'un droit de 5%.

102.

Selon L. Clugnet, c'est de Kiang-Sou, près de Shanghai que vient la race de cocons dite "sina" importée en France en 1772. Géographie de la soie; étude géographique et statistique sur la production et le commerce de la soie en cocon, Secrétariat de la Société de Géographie, 1877, 201p.

103.

Chiffres cités par Paul Masson, Marseille et la colonisation française, essai d'histoire coloniale, Exposition coloniale de Marseille de 1906, 589 p., pp.280 à 284. En 1772, ont relâché à Whampoa (Huangpu): 16 vaisseaux anglais, 3 français, 3 hollandais, 2 suédois, 2 danois et 1 portugais; en 1782 il y eut 7 navires anglais, 4 danois, 3 suédois, 8 portugais et 1 "impérial". Toujours selon cet auteur le personnel du consulat français à Canton se composait en 1782 d'un consul, d'un chancelier, d'un interprète, de deux négociants et d'un domestique.

104.

L'origine exacte n'est pas mentionnée: Bengale, Inde, Chine ou Japon?