Chapitre 3. Le marché lyonnais des soies

Si l'on se fie aux chiffres et aux aménagements réalisés, la période du Second Empire semble bien correspondre pour Lyon à une période de prospérité. Les apparences sont néanmoins trompeuses. L'aval de la filière lyonnaise est durement touché par les crises et les fabricants perçoivent mal ou pas du tout des évolutions de fond qui modifient insidieusement, mais radicalement, l'environnement économique dans lequel ils ont l'habitude d'évoluer. Puissance bancaire, marché des soies, exportations de soieries volumineuses ne sont qu'une façade qui ne doit pas faire illusion. A l'image de l'ensemble de l'économie française, la Fabrique lyonnaise vient d'entrer difficilement dans l'ère de la production de masse.

Malgré une volonté affichée de relancer la sériciculture nationale, celle-ci ne cesse de péricliter. Alors que la question des approvisionnements en matière première devient encore plus cruciale, en Chine, l'action des négociants s'empêtre dans de multiples problèmes parmi lesquels, le plus criant sans doute, celui des relations avec les consuls français eux-mêmes. Constamment gênée par les retards dans la logistique, un manque chronique de moyens et une politique extérieure d'un autre temps inspirée par les militaires, la filière lyonnaise tarde à s'imposer réellement. A la veille d'une accélération décisive du processus de Révolution Industrielle, la filière lyonnaise présente finalement de dangereuses lacunes.