Chapitre 7. Le colonialisme lyonnais

La fin du siècle marque "le début de la course industrielle à la grande dimension des firmes et des marchés. D'où la place remarquable tenue par le commerce extérieur dans les processus de développement économique" 1154 et d'où aussi l'importance de la question du coût du fret 1155 et de la qualité des infrastructures. De son côté, très durement affectée par la crise des années 1880, la filière lyonnaise cherche désormais non seulement des débouchés pour ses soieries mais aussi, dans un contexte de tensions de plus en plus vives, le moyen de garantir ses indispensables approvisionnements en soie chinoise. Face à un partenaire en pleine crise qui tarde à résorber ses blocages, il faut à tout prix trouver une solution rassurante et viable. Lyon se retrouve face à un problème cornélien: faut-il sacrifier ce qui reste de sériciculture française ou bien continuer de tenter à sauver celle-ci ?

Les débats de la fin du siècle au sein de la filière sont très âpres et marquent le début de la désagrégation définitive de celle-ci. C'est donc dans des circonstances périlleuses que la crainte de se voir priver de tout approvisionnement pousse les Lyonnais à mener jusqu'à sa phase ultime la politique interventionniste qu'ils avaient mené de tout temps. Suite à la mission de 1895, une nouvelle politique française est instaurée en Extrême-Orient mais le problème de personnel oblige de nouveau à mettre en œuvre d'anciennes recettes, en l'occurrence d'avoir recours aux missionnaires. Après 1905, le bilan est très mitigé et, contre le cours des événements, Français et Lyonnais, dont les destins sont désormais indéfectiblement liés, s'enfoncent dans une logique colonialiste sans issue.

Notes
1154.

J. Bouvier, HESM, tome IV, pp.459-460.

1155.

au début du XX° siècle, 1/3 de celui du XVIII° siècle selon Lacour-Gayet.