7.3. LA NOUVELLE POLITIQUE FRANCAISE EN EXTREME-ORIENT

Les droits de 1892 et la mission de 1895 relancent donc l'intérêt des Lyonnais pour une région où pourtant tout reste à faire 1227 . En 1897, P. Doumer arrive en Indochine 1228 et aussitôt, il y organise les Douanes et Régies en remplacement des anciennes fermes. Il crée un budget général et l'année suivante, l'Ecole française d'Extrême-Orient est fondée, le service des travaux publics créé, les premiers travaux sur la navigabilité du Mékong effectués au Cambodge. En 1899, celui-ci alloue 30.000 francs de subvention à l'enseignement colonial lyonnais qui comprend un cours de colonisation, un cours d'anglais, un cours de production et de cultures coloniales ainsi qu'un cours d'hygiène et d'acclimatation coloniales. L'Union des Chambres syndicales lyonnaises demande auprès du Ministère du Commerce la création d'un réseau de câbles télégraphiques sous-marins français car l'administration britannique en Afrique du Sud retient des communications commerciales françaises. Le Conseil supérieur de l'Indochine décide d'établir un câble sous-marin entre Saigon et Port Arthur pour relier "notre empire indochinois au réseau russe et sibérien" 1229 tandis que des cours coloniaux commencent à être donnés à Marseille 1230 . Dans cette nouvelle entreprise lyonnaise, encore une fois, la CCIL donne l'impulsion. Le Comité départemental du Rhône 1231 qui rappelle que Lyon a besoin de soie, de produits végétaux pour la teinture, du blé dur d'Algérie, de peaux pour les gants, laines, cuirs, de vin, tous produits originaires des colonies, mentionne les cours coloniaux au Palais du commerce et un projet d'école coloniale à Lyon 1232 en parlant "du grand corps lyonnais qui soutient et encourage si fermement la cause coloniale: nous entendons indiquer la Chambre de Commerce de Lyon". Parallèlement à la création du Comité de l'Asie française en 1900 auquel la CCIL alloue immédiatement 300 francs de subvention, les cours de chinois commencent à Lyon et les subventions au budget général de l'Indochine sont inscrites de manière permanente au budget de la CCIL. P. Doumer, prend l'initiative d'installer au Yunnan une avant-garde militaire car, comptant sur une résistance des Chinois, il espère obtenir de Paris l'autorisation d'organiser une expédition 1233 mais Delcassé s'y oppose. En 1900, tandis qu'une exposition permanente des produits de l'industrie tonkinoise est créée à Yunnanfou 1234 , la CCIL réceptionne une mission tonkinoise composée de sept fonctionnaires indigènes et une mission laotienne. L'année suivante, elle accueille Doumer et, tout en rappelant que le Tonkin peut fournir, avec des efforts, de très bonnes soies asiatiques, elle réaffirme à cette occasion tout son intérêt pour l'Extrême-Orient en précisant par l'intermédiaire de son président Isaac: "il est entendu que nous ne parlons ni d'absorption, ni de conquête. Il s'agit simplement de relations commerciales" 1235 . Plusieurs missions sont à nouveau lancées comme la mission Dadre en 1902 puis l'expédition de M. Gervais-Courtellemont au Yunnan "sous les auspices du Comité de l'Asie française" 1236 . Lors de sa séance du 25 juin 1903, la CCIL décide de son côté d'aider à la parution de la grammaire chinoise de Maurice Courant, professeur de l'enseignement colonial 1237 .

En Chine, là aussi, on cherche à former des cadres et une véritable politique scolaire s'appuyant sur les missionnaires se met en place, sur le modèle de l'école municipale française de Shanghai. Tout un dossier sur cette dernière nous apprend que 1238 : "Grâce à elle le gouvernement de l'Indochine, nos négociants, nos industriels trouvent maintenant des interprètes zélés et surs qui leur sont indispensables pour mener à bien leurs entreprises". Joint à cette lettre du consul, un article de journal sur la remise des prix de cette école précise que depuis sa fondation en 1886, celle-ci a toujours été dirigée par des ecclésiastiques aidés de professeurs français ou chinois, au nombre de douze, mais surtout de pères lazaristes, qu'il y avait 30 élèves au début et 200 en 1900, que son budget est passé de 600 taels en 1886 à 6.400 en 1900 et qu'elle a toujours reçu l'appui des différents Daotai. En janvier 1900, une autre lettre, du Ministre des Colonies cette fois-ci, annonce l'ouverture prochaine d'une école française à Pakhoi et le 15 avril 1900, une correspondance de la légation française en Chine au Ministre des Affaires Etrangères rapporte qu'un accord entre la légation et le gouverneur général de l'Indochine vient d'être conclu pour l'ouverture de deux écoles françaises, l'une à Mongtzé, l'autre à Yunnan-fou sous la direction des frères maristes. Doumer promet 5.000 francs par école et l'appui des missions est acquis: "la congrégation des Petits Frères de Marie a déjà fourni le personnel enseignant des écoles (...)". En mai 1900, une école française est ouverte à Long-tchéou dont l'instituteur a été fourni par le gouverneur général de l'Indochine. Mais cet instituteur est laïc et son école fait concurrence à celle du père Thomas, ce qui fait préciser par le consul: "Monseigneur Larest me disait qu'il tenait trop à votre bienveillant appui pour contrecarrer vos projets et que si l'installation de l'école consulaire était définitivement décidée, le père Thomas n'ouvrirait pas la sienne" 1239 . Celui-ci signale en outre que la population chinoise préfère l'école consulaire plutôt que l'école de missionnaire, le tao-tai soutenant d'ailleurs la première puisqu'il compte y mettre son propre neveu 1240 . L'instituteur, "M. Voisin, est marié et cette circonstance sera de nature à donner confiance aux Chinois qui ne se font pas faute de débiter les pires horreurs sur le compte des missionnaires". En mai 1901, l'école française de Tientsin est réouverte. Quatre frères, des ecclésiastiques encore une fois, y enseignent à 75 élèves fils de compradores et de commerçants. En juin 1901, suite à la remise d'une subvention de 5.000 FF à Mgr Larest, vicaire apostolique du Kouang-Si pour "les dépenses faites en 1899", l'école française de Naming, province du Kouang Si "vient d'être fondée". Encore une fois, le corps enseignant se compose de frères maristes. En janvier 1902, on projette de créer à Fou tchéou une école d'enseignement supérieur française et en février 1902, une école française est ouverte à Guilin dirigée par le père Renault. Mais quatre mois plus tard, le consul de France au Yunnan se plaint du personnel enseignant qu'on lui a envoyé: "Ce personnel est absolument impropre à donner un résultat (...).Parmi les deux instituteurs, l'un d'eux, M. x, est un tout jeune homme licencié ès lettres et ès langue anglaise (...) et qui vient en Chine embarrassé par son savoir littéraire, enseigner le B-A, ba, à de jeunes Chinois dont il ne peut se faire comprendre (...) sa venue au Yunnan n'a pour lui que le but tout personnel d'apprendre le chinois, de se familiariser avec les choses chinoises pour revenir en France, prendre un diplôme de langue et demander l'entrée dans nos postes consulaires (...). Le deuxième instituteur (...) fut employé comme commis auxiliaire et temporaire dans les Douanes au Cambodge et en Cochinchine. Il s'est rendu insupportable dans chacun de ces postes; on s'est débarrassé de lui en l'envoyant au Yunnan. M. y est un petit homme vaniteux, haineux, d'une éducation déplorable, d'un esprit absolument détraqué (...). M. y peut faire (il a déjà fait) beaucoup de mal à nos écoles françaises (...). Il a menacé de son revolver l'interprète chinois que je lui avais donné (...)". Dans ce domaine également, la concurrence anglaise est souvent évoquée et dans le dossier du Ministère, on trouve de nombreuses lettres de l'Alliance française qui protège et soutient les écoles de Yunnan-fou et Mongtzé.

Néanmoins, sur le plan économique, les difficultés sont importantes et freinent considérablement tout progrès. Depuis 1881 en effet, le taux de la piastre en Cochinchine est devenu fluctuant 1241 ce qui provoque une inflation de 62% entre 1889 et 1903 et le renchérissement des marchandises venant de France 1242 . Deux concurrents à la Banque de l'Indochine font faillite durant les années 1885-1897, la New Oriental Bank et la Chartered Mercantile et deux emprunts de 80 MFF et 200 M FF sont successivement lancés en Indochine en 1896 et 1902. L'absence de fret de retour des colonies sur la France obligeant toujours à utiliser Hong-Kong, Shanghai et Londres comme relais 1243 , les flux avec la métropole ne progressent pas et c'est à l'échelle régionale que se développent les affaires des sociétés françaises implantées en Indochine 1244 , ainsi qu'entre 1894 et 1907, le réseau d'agences de la Banque de l'Indochine. Cette dernière donne donc la priorité au commerce local d'envergure, celui du riz pour la Cochinchine notamment 1245 , les escomptes sur place assurant le relais quand celui-ci n'assure pas un courant d'affaires suffisant. De février à avril 1246 , les affaires sont donc très intenses, les mouvements de caisse importants 1247 , la gestion des stocks très délicate du fait de la forte diminution de l'encaisse. Les cours du riz sont fluctuants, son commerce inséparable d'une forte spéculation et les risques liés aux modifications du change considérables, ce qui fragilise les opérations de la Banque de l'Indochine et hypothèque constamment le développement économique de la colonie française. La banque encourage bien le remplacement de la culture du riz au Tonkin par celle du ver à soie, du café ou du tabac mais cette politique commerciale est freinée par une pacification toujours nécessaire et une infrastructure insuffisante 1248 . L'extension française en Extrême-Orient patine donc. La crise de l'argent-métal 1249 entraîne notamment la fermeture des comptoirs du CNEP en Extrême-Orient, Yokohama en 1893, Hong-Kong en 1894 1250 puis ceux de Hankéou et Shanghai cédés en 1895 à la Banque russo-chinoise. De plus, la Banque de l'Indochine ne veut pas se faire représenter par ses homologues anglaises car elles font les mêmes opérations qu'elle 1251 . Un seul semble y trouver son compte, l'incontournable Ulysse Pila qui crée en 1899 la Société Lyonnaise Indochinoise. Sur place, il s'entend immédiatement avec le gouverneur général Lanessan et deux filiales viennent renforcer la SLI, la Société cotonnière de l'Indochine, et les ciments Portland. L'ensemble, au capital de 1.250.000 FF, compte alors 57 actionnaires dont deux de Marseille, un armateur et un banquier, et un de Paris. Le 14 mars 1900, il entre au conseil d'administration de la Banque de l'Indochine. Sur le plan séricicole, fort peu de progrès sont à noter en regard des investissements et des espoirs suscités. En 1902, la CCIL transmet un échantillon de soie du Siam au Syndicat des Marchands de soie et réceptionne une mission annamite que Doumer avait amené avec lui. Une exposition à Hanoi est projetée pour 1902-1903 et en 1903 l'Inspecteur général de l'Agriculture coloniale, qui par ailleurs est également le directeur du Jardin colonial à Nogent-sur-Marne, envoie des cocons de vers à soie originaires des colonies françaises 1252 .

Dans ces conditions, les Français présents en Extrême-Orient s'enfoncent dans une logique colonialiste pure et dure. Suite à l'attribution à la France du Yunnan et du Guangzhouwan (Guangdong occidental), Doumer envisage ainsi une conquête. Lors de la révolte des Boxers, il envoie des troupes sur la frontière et fait prolonger la ligne de chemin de fer mais il est freiné dans ses initiatives hasardeuses par le gouvernement et, suite à la victoire japonaise sur les Russes, il doit recommencer à tenter de maîtriser des mouvements insurrectionnels 1253 . En 1908-1911 une politique de force et de répression est mise en place qui ne sera assouplie que suite à la révolution chinoise de 1911 1254 . L'évolution en Indochine échappe totalement à une CCIL qui ne fait plus que suivre les événements, verser des subventions aux divers organismes coloniaux 1255 et réceptionner les différents gouverneurs généraux de l'Indochine. Entre 1891 et 1934, Doumer, Beau et leurs successeurs sont ainsi reçus huit fois, en 1891, 1895, 1901, 1905, 1921, 1925, 1928 et 1934. A partir de 1905, les "questions coloniales", les "adjudications coloniales", les "adjudications et renseignements militaires" et les "commissions militaires" prennent de plus en plus d'importance dans les CRT de la Chambre de Commerce. Marseille suit le même chemin. "N'est-il pas regrettable que la plus grosse maison de commerce de Saigon soit une maison allemande et qu'elle ne soit pas la seule ?" écrit P. Masson dans Marseille et la colonisation française, essai d'histoire coloniale, en 1906 1256 , année de l'Exposition coloniale 1257 et de la création de l'Institut colonial. Pour autant, cette accentuation de la politique colonialiste ne résout pas forcément les problèmes tant en métropole qu'en Indochine. Mayer écrit: "les produits français entrent donc en franchise [en Indochine] mais il faut constater que même les industriels du textile ne font pas l'effort d'adaptation nécessaire au marché indochinois" et avec la réforme de Doumer, en 1902, le Vietnam paie trois fois plus d'impôts qu'avant la conquête, soit 90 millions de francs 1258 . Les questions monétaires notamment sont toujours aussi problématiques. C'est ainsi qu'en février 1909, selon le consulat de France à Canton, une tentative d'écoulement par une maison française, Meiffre, Cousins et Cie, de filés de coton tonkinois à Long Tchéou se solde par un échec à cause du manque de monnaie indochinoise sur place 1259 et de la trop forte variation de la monnaie chinoise par rapport à la monnaie indochinoise. En novembre 1908, le même problème de transfert de monnaie se pose pour la maison A.R Marty de Hanoi qui doit rapatrier ses profits par colonnes de coolies. Du coup, cette maison installe son comptoir à Long-tchéou en mai 1907 mais doit le liquider en août de la même année et celui-ci est repris par … la maison Meiffre. En décembre 1908, une lettre de l'Administration des Postes de l'Indochine propose de résoudre ce problème de transfert de fonds par service de mandats-postes ou par création à Long-tchéou d'un bureau de poste français. Mais la Chine n'a pas adhéré à la Convention postale de Rome et les taux de change sur mandats-poste sont basés sur le cours de la monnaie locale, ce qui implique des taux élevés. Enfin, les marchands chinois utiliseraient éventuellement le poste français pour leurs propres transferts vers l'Indochine ce qui impliquerait une forte hausse de l'encaisse du bureau français qui devrait alors être transféré vers l'Indochine aux frais de l'Administration 1260 . En 1910, une mission est à nouveau envoyée étudier dans quelles proportions les provinces du Yunnan, Setchouan et Koitcheou peuvent contribuer au développement du Tonkin 1261 . La même année, les 850 km de la ligne de chemin de fer reliant le Tonkin au Yunnan sont terminés. Ulysse Pila n'en aura pas vu l'achèvement. En effet, celui-ci meurt en 1909 1262 , laissant derrière lui un fils aîné, Fernand, consul de France à Zhifu 1263 , une Société cotonnière de l'Indochine comptant trois usines, soit 62.000 broches 1264 , et un portefeuille d'actions composés des titres des sociétés U. Pila & Cie, de la Banque de l'Indochine, des Ciments Portland, mais aussi de Sud-Russe, Gaz de Lyon, Cie générale de Navigation, Lyon-Méditerranée, PLM, Cie de l'Ouest africain, Automobiles industrielles, etc…

Les politiques scolaire et séricicole ne connaissent guère plus de succès. La première piétine, la seconde, malgré tous les efforts déployés, se termine sur un constat d'échec. En 1906, le gouverneur général Paul Beau (1902-1907) crée le Conseil de perfectionnement de l'enseignement indigène mais l'enseignement reste limité. La même année, de jeunes fonctionnaires indochinois arrivent tout de même à Marseille pour suivre une formation à Paris, Lyon et Nancy 1265 . A Lyon, le recteur de l'Académie sollicite la CCIL pour créer auprès de l'Université un "collège oriental" dont le but serait d'attirer les étudiants afin que ceux-ci y reçoivent une culture générale ou un enseignement technique 1266 mais ce n'est qu'en 1913 qu'une chaire de professeur de chinois est créée à la Faculté de Lettres grâce à une subvention de la CCIL. En ce début de XX° siècle, le secteur séricicole paraît par contre connaître un certain essor. Les données sont une nouvelle fois éparses et partielles mais il semble bien que les efforts dans ce domaine soient à mettre essentiellement à l'actif de la société Armandy aidée de la place lyonnaise 1267 . Le livre de Pellerey 1268 en 1905 est ainsi publié sous l'égide du comité de patronage de l'action coloniale et maritime 1269 . Rappelant l'existence d'une Association cotonnière coloniale ainsi que d'une Association caoutchoutière coloniale, Pellerey propose la création d'une association séricicole de même type. Il justifie cette création en faisant à la fois le bilan des progrès dans ce domaine et en montrant les difficultés auxquelles on se heurte alors 1270 . A propos de la production de soie dans les colonies, il témoigne: "Il faut reconnaître (...) qu'on a fait peu de chose jusqu'ici pour la développer". En guise d'exemple, il rappelle que M.Beau, avait adressé une lettre à l'UMSL pour leur demander d'accepter les soies indochinoises en consignation "sans garantie de quantité" mais que ce fut un échec, ce qui lui fait écrire: "nous n'hésitons pas à exprimer dès maintenant notre regret que l'utilité de cette coopération [entre la métropole et les colonies] n'ait pas encore été mieux comprise en France-même." Estimant la production de soie de l'Indochine de "600 à 800 tonnes", il rapporte que ce sont toujours les commerçants chinois qui expédient la soie de ce pays vers Singapour et Canton. Pellerey mise alors sur l'Annam où la soie "a toujours constitué une des richesses premières de la vieille terre d'Annam". Il insiste ainsi sur le fait que, depuis le 2 août 1903, une filature, un moulinage, une magnanerie, une plantation de mûriers et un tissage mécanique de la soie appartenant à M. Delignon fonctionnent à Phu-Long 1271 . Il insiste surtout sur la création à Nam-Dinh depuis le 1er mai 1904 d'une magnanerie et d'une filature modèle ainsi que six autres magnaneries-modèle de la Société française des filatures de soie du Tonkin. Il s'agit très certainement là de la Société française de filature de soie évoquée par Gueneau, page 143 de Lyon et le commerce de la soie, 1923 1272 . Il y aurait donc à ce moment là deux groupes français très actifs en Indochine car de son côté Croizat signale que les Armandy ont créé en 1905 la Société Franco-Annamite de textile et d’exportation de Namdinh 1273 . A cette époque, les terrains plantés en mûriers en Indochine bénéficient d'une exonération d'impôt et en 1907 une prime de 2 francs par kilo à l'exportation vers la métropole des soies filées à l'européenne ou redévidées est instituée 1274 . Malgré les difficultés, un "groupement lyonnais" 1275 estime qu'il faut apporter des capitaux plus importants à la Société française de filature de soie. Celle-ci devient donc la Société française de sériciculture et de filature de l'Indochine mais la crise de 1907 l'oblige à arrêter son activité. Elle est néanmoins à nouveau relancée grâce à sa reprise par M. Emery "avec l'aide du marché de Lyon" 1276 . Hélas, "en 1911 il n'est pas encore question de ces provenances [Indochine et Annam] dans les statistiques lyonnaises" 1277 . Un arrêté du gouverneur général institue alors des primes en faveur des exportations de soie grèges du Tonkin 1278 mais il semble que tout cela soit insuffisant pour créer une filière d'exportation. Au début des années 1920 1279 , les récoltes de cocons au Tonkin atteignent 2,5 à 3 millions de kilo, soit 130 à 150.000 kilo 1280 de soie, mais, malgré la qualité atteinte 1281 , un quart seulement est travaillé à l'européenne. Comme en Chine méridionale, il est possible de faire six à huit récoltes par an en Indochine mais les cocons sont petits 1282 , les brins très fins rendent le dévidage difficile, les maladies sont nombreuses 1283 et la superstition importante 1284 . Tout cela explique en définitive que la production soit faible et de médiocre qualité. Les modes de transformation de la soie sont arriérés, son commerce appartient aux Chinois et surtout aux Cantonais qui utilisent les soies indochinoises sur les places de Hong-Kong et Singapour en contrepartie des importations de cotonnades et autres produits 1285 . La soie indochinoise reste donc dans le circuit régional asiatique dont elle a toujours fait partie, quant à la pénétration en Chine par le Tonkin, on n'en entend plus parler…

Notes
1227.

CCIL 1898: plainte d'une maison qui a contacté les représentants consulaires au Tonkin, en Annam et Cambodge afin d'avoir des renseignements et qui n'a jamais reçu de réponse.

1228.

gouverneur général de l'Indochine de 1897 à 1902.

1229.

CCIL 1899

1230.

CCIMP 1899

1231.

Rapport, colonisation lyonnaise, Comité départemental du Rhône, Lyon, 1900, 173 p.

1232.

sera effectivement ouverte le 1er janvier 1900; p.8.

1233.

L'Indochine est un exemple de "colonie colonisatrice", c'est-à-dire cherchant à forcer la métropole à les couvrir.

1234.

MAE Paris NS Chine 580

1235.

CCIL / CRT 1901

1236.

Respectivement Gueneau, p.143 et BCAF n°32, 1903.

1237.

Parution des premiers exemplaires en 1913; CCIL 1913.

1238.

MAE Paris, NS Chine 306, 1900-1902.

1239.

L'ouverture de cette école provoque tout de même l'ire des religieux comme le prouve une lettre du Père Renault, pro-préfet apostolique de la mission du Kouang-sy et la réponse de de Galembert, consul à Long-tchéou.

1240.

Présence d'originaux chinois annonçant l'ouverture de l'école "qui ont été gratuitement proposés par les autorités".

1241.

2,70 FF en 1897 contre 5 francs en 1876; M. Meuleau: p.165.

1242.

Car, de son côté, la France ne connaît pas d'inflation.

1243.

Notamment pour remettre les soldes d'opération à Paris; préface de L. Leboyer dans Des pionniers en Extrême-Orient, histoire de la Banque de l'Indochine 1875-1975 de Marc Meuleau.

1244.

Du riz pour la Chine ou l'Indonésie chargés à Saigon contre de la soie, ou autre, à destination de la France. Les maisons de commerce françaises en Indochine sont Denis frères, Edouard Renard & Cie, Eymond et Henry. Elles se font une très vive concurrence mais sont solidaires face à la concurrence chinoise. Marc Meuleau, p.22.

1245.

58% des exportations de riz sont en effet absorbés par la seule Chine.

1246.

récolte, collecte et expédition du riz.

1247.

jusqu'à 200.000 piastres métalliques par semaine en 1877.

1248.

Marc Meuleau, p.131.

1249.

depuis le second semestre 1889.

1250.

Elle est remplacée en décembre 1894par une agence de la Banque de l'Indochine qui recrute un compradore dont la caution est de 100.000 piastres et qui obtient en mai 1895 la permission de faire des avances sur cotonnades. Cette agence devient la correspondante du CNEP, de la Deutsch-Asiatische Bank et de la Banque russo-chinoise, puis cesse d'être rattachée à l'agence de Saigon en 1898 pour ne plus dépendre que de l'administration centrale. M. Meuleau, p.154.

1251.

Alors que la Mercantile Chartered Bank est représentée à Saigon par une maison allemande.

1252.

Un rapport sur les progrès effectués au Tonkin est remis à la CCIL. Non trouvé dans les archives.

1253.

Répression d'une tentative de soulèvement en Cochinchine en 1907 et dans le Haut Tonkin en 1908.

1254.

100.000 hommes et 500 millions de francs seront par ailleurs prélevés pour la première guerre mondiale. N. Wang.

1255.

Subvention à l'Office colonial et à l'Association cotonnière en 1905 par exemple.

1256.

Marseille, 1906, 592 p, p.480.

1257.

Un Comité régional lyonnais pour l'Exposition coloniale de Marseille est mis en place pour l'occasion.

1258.

HESM tome IV, p.543.

1259.

ce qui rend impossible les conversions monétaires.

1260.

MAE Paris, NS Chine 579.

1261.

Mission Legendre avec le capitaine Noiret et le lieutenant Dessirier, mission interrompue par la révolution chinoise.

1262.

Celui-ci était entre-temps devenu également membre des conseils d'administration de la Lyonnaise des Dépôts et de la Banque privée industrielle, commerciale et coloniale Lyon-Marseille.

1263.

nommé en 1901. Tous les éléments concernant Pila sont à nouveau extraits de: J.F Klein, Ulysse Pila, vice-roi de l'Indochine; Editions lyonnaises d'Art et d'Histoire, préfacé par M. Meuleau; 160 p. et de Laferrère pour le complément.

1264.

HESM tome IV, p.544 en 1913. Entre-temps, en 1904, la SLI s'est renforcée pour profiter de la manne du chemin de fer du Yunnan et est devenue l'Union Commerciale Indochinoise; J.F Klein.

1265.

Soit 3 x 8 personnes.

1266.

A cette occasion, un "comité lyonnais d'extension universitaire à l'étranger" est par ailleurs créé; CCIL / CRT 1911.

1267.

Par l'intermédiaire de sa Chambre de Commerce, cette dernière cité fait incontestablement tous les efforts possibles pour développer la sériciculture coloniale, notamment en Indochine. Le suivi de la "sériciculture aux colonies" par exemple est assuré par le laboratoire d'études de la soie à Lyon.

1268.

La sériciculture coloniale et l'industrie française de la soie, Paris, 1905, 70 p.

1269.

Dont le président est J. Charles-Roux et le vice-président P. Doumer.

1270.

pp.40-41.

1271.

p.38

1272.

Mais, selon lui, cette société voit le jour au Tonkin en 1906.

1273.

Société G. Armandy et Cie qui emploie 7.000 à 8.000 ouvriers en 1920. Albert Cotte qui la dirige reçoit la Légion d’Honneur pour cet effort particulier. Croizat, p.32. 

1274.

Gueneau, p.144.

1275.

Gueneau

1276.

Gueneau, p.143.

1277.

Gueneau

1278.

CCIL / CRT 1911

1279.

Gueneau, p.144

1280.

La récolte de l'Annam est de 2 millions de kilo.

1281.

"La soie indochinoise filée à l'européenne est supérieure à celle de Canton".

1282.

il en faut 1.500 au kilo et 20 kilo de cocons pour un kilo de soie.

1283.

Gueneau mentionne la mouche "con lang".

1284.

Selon Gueneau, le ver à soie est appelé "Excellence" par les indigènes.

1285.

Gueneau, p.142.