Chapitre 8. La fin de l'hégémonie lyonnaise

La filière lyonnaise sort très malmenée des crises des années 1880 et des bouleversements conjoncturels de la fin du XIX° siècle. Dans le secteur mondial de la soie et des soieries, désormais Lyon ne dirige plus rien et devient un simple centre manufacturier aux ordres de Paris. Son appareil de production est encore impressionant mais la production est émiettée et les approvisionnements en matière première se font au coup par coup. Que ce soit en aval ou en amont, désormais la concurrence est partout. Les places de Milan, Yokohama, New York supplantent maintenant Lyon dont les relations avec la Chine s'assoupissent encore plus. La Suisse, l'Allemagne l'Italie ne cessent de s'affirmer sur les différents marchés des soieries et Londres conserve son rôle de centre de redistribution.

Par rapport aux grandes tendances internationales du secteur textile, la filière de la soie lyonnaise se marginalise et n'en finit plus de se décomposer. Banques et partenaires logistiques, attirés, respectivement, par des placements moins risqués et plus lucratifs, et par le marché colonial, se détournent complètement de Lyonnais qui, finalement, ont toujours cherché à faire cavalier seuls. Pour ces derniers, à la veille de la Première Guerre mondiale, le colonialisme devient un chimérique échappatoire et le Japon est bel et bien devenu le nouveau phare du secteur séricicole mondial…