Chapitre 9. L'ultime sursaut des relations sino-lyonnaises

Mode des années 1920
Mode des années 1920

Le costume et la mode, Gallimard, 1992

La filière lyonnaise ne sort pas affaiblie du conflit, l'immédiat après-guerre lui donne même l'illusion que les conditions de sa prospérité passée sont de nouveau réunies, que tout peut recommencer comme avant. Les négociants vont donc tenter d'ultimes efforts en Chine afin d'y développer une sériciculture performante. Mais il est beaucoup trop tard. Le pays sombre dans le chaos provoqué par les seigneurs de la guerre et son secteur séricicole est sous l'influence des Japonais et des Américains qui y supplantent désormais largement les Européens. Lyon n'a plus les moyens ni le dynamisme indispensables pour imposer ses vues ou sa volonté dans un monde de la soie qui lui échappe de plus en plus irrémédiablement.

La filière Pacifique de la soie a pris le dessus sur un marché lyonnais qui n'a changé ni ses animateurs, ni ses méthodes et qui, de ce fait, se marginalise complètement. Les querelles internes perdurent et l'option coloniale devient la seule qui permette à la Fabrique lyonnaise de continuer à produire des soieries. Toujours aussi opportunistes, ses négociants et ses marchands parviennent encore à l'alimenter en matière première mais ceux-ci n'ont plus du tout l'initiative des interventions extérieures. Ils n'opèrent plus que dans le sillage des diplomates, à la faveur des traités signés dans les années 1920. A la CCIL, les plus lucides comprennent que le temps de l'hégémonie lyonnaise sur le monde de la soie touche à sa fin …