En Chine, l'Etat, à l'imitation du Japon, se décide enfin à prendre le mal par la racine pour développer son secteur séricicole. En 1920, une commission internationale est créée par le gouvernement de "Tche-fou" pour l'amélioration de la soie 1648 . Les études de cette commission révèlent en 1921 que 65 % des vers du chêne sont malades et en avril 1922, grâce à des ressources financières venant des douanes, elle ouvre un collège mixte plus une petite filature d'expérimentation. A l'Université de Nankin et dans les Universités de Canton, Chin-Ling et Ling-Ngan sont respectivement fondés, dans la première, un Institut séricicole, dans les autres une faculté de sériciculture 1649 . A Shanghai, l'Institut séricicole développe l'industrie de la soie par la méthode Pasteur mais ce n'est qu'en 1935 qu'un contrôle du gouvernement est organisé, de la production de cocons aux opérations commerciales. Selon un programme d'action pour favoriser la production de la soie, l'Institut séricicole de Shanghai installe des annexes dans la région de Wu-Sien, à Heng-Lin 1650 . De son côté, la Chambre de Commerce française, qui craint que le centre international de l'industrie de la soie ne devienne les Etats-Unis et que le Japon n'ait le monopole de la production de la soie, crée des grainages à Shanghai et dans les provinces voisines 1651 . Les Anglais et les Américains se joignent à ces efforts et forment un comité international pour l'amélioration de la sériciculture en Chine qui reçoit du gouvernement chinois une subvention annuelle de 96.000 HK taels. C'est ainsi que dans les années 1920, Shao-hsing se met à fournir 45% des œufs nécessaires dans le Kiang Nan 1652 , que le département de sériciculture de l'Université de Nankin s'associe en 1918 avec l'American Silk Association pour créer dans les années suivantes quatre centres de démonstration dans le Kiangsu et qu'après 1915, les filatures à vapeur de Zhifu se développent grâce aux Japonais. Dans le bâtiment de la YMCA, la Silk Association of America organise des projections montrant l'élaboration de la soie en Italie et au Japon ainsi que sa transformation mécanique aux Etats-Unis et en Italie 1653 . C'est en 1921 que le Ministère de l'Agriculture et du Commerce édicte la National Law for regulating sericiculture, mulberry, silk et Weaving Industries dans les deux provinces du Chekiang et du Kiangsu 1654 . Cette loi interdit la constitution de nouvelles cocoon hongs dans neuf vieux districts, Hangzhou, Chia-hsing, Shao-hsing, Huchou, Chiang-ming, Suzhou, Ch'ang-chou, Chinkiang, Sung Kiang, pour encourager la sériciculture dans de nouveaux districts. De lourdes taxes sur les cocons sont imposées dans le milieu des années 1920 dans la province du Kiangsu 1655 . Pour un picul de cocons secs, le total de celles-ci est de 12,8 yuans 1656 . Pour un picul de soie à l'exportation, les taxes sont de 67,13 taels, à savoir 55,30 pour la cocoon tax, 11,14 pour l'export duty, 0,36 de frais de quai et 0,33 de Whangpoo conservancy tax.
Selon L.M Li, ces coûts ne sont pas un obstacle à la modernisation et constituent une source importante de revenus pour les provinces. Par exemple, en 1904, le Chekiang en tire 197.154 yuans contre 1.345.644 en 1929. Cependant, les gouvernements de provinces ne versent pas de subventions pour inciter les éventuels créateurs de filatures à monter leurs usines et le gouvernement central ne fait rien pour empêcher l'exportation de cocons. Etrangers et Chinois sont d'accord pour reconnaître que l'établissement de filatures a entraîné la détérioration de la qualité des cocons car le paysan n'a plus aucun souci du soin, il ne voit plus que le poids qu'il doit fournir et la quantité. The Lingnan College Agricultural School de Canton est même étonné de voir la qualité des soies produites avec des cocons aussi défectueux. Dans ce domaine, l'avantage de Canton sur Shanghai, c'est que les paysans travaillent toute l'année dans la soie et que les filatures sont installées sur les lieux de production, donc la qualité est plus contrôlée mais le problème tient toujours dans le manque de capital. En 1915, la manufacture Shanghai's Fu-hwa Factory est néanmoins fondée avec des métiers électriques 1657 et dans les années 1930, il y a 2.000 métiers de ce type. Parce qu'elle se tient l'écart des troubles intérieurs, qu'elle dispose de l'énergie électrique dont les usines modernes ont besoin et réceptionne les fibres synthétiques, Shanghai devient de son côté centre de tissage avec 9 manufactures ou ateliers en 1921 contre 68 en 1929 et 500 avec 6.000 métiers en 1931 1658 . Les exportations chinoises de soie et dérivés sont réorganisées et divisées en 23 postes. Parmi ceux-ci, le premier est la soie filée à la vapeur avec, à elle seule, 53,6% de la valeur des exportations totales de soie et produits soyeux 1659 . Le second est celui des soieries avec 18.115.194 HKT mais il est déjà très loin derrière puisqu'il ne réalise que 10,8% des recettes totales de ce secteur. Tous les autres postes font moins de 5%. Mais, comme le rapporte un article sur le commerce de Hong-Kong et Canton 1660 , si la France a reçu 1/3 des soies parties de Canton en 1920, "c'est toutefois l'Amérique qui tient, et de loin, la première place dans ce commerce".
Les Français et, parmi eux les Lyonnais, sont alors conscients de leur retard et de leurs lacunes en Chine. En mars 1918, le consul à Shanghai écrit: "le marché français, de même que l'industrie française de la soie sont menacés de devenir complètement tributaires du marché japonais. Il y a là un danger dont la gravité ne saurait vous échapper. Notre pays a donc un intérêt commercial évident à relancer la production séricicole de la Chine (...). Il s'y joint une considération d'un autre ordre (...) nous avons assuré, en prenant la tête du mouvement, une place prépondérante à l'influence française" 1661 . La même année, son confrère de Canton rapporte qu'une nouvelle maison d'achat de soie, "A.P Villa & Bros of Canton", filiale de "A.P Villa & Bros of New York", vient de s'installer. Alors que la place avait été proposée au Français M. Robton, inspecteur des soies dans différentes maisons, celui-ci n'a pu s'entendre avec la maison américaine et le chef de cette filiale est finalement un Suisse, G. Hoppeler inscrit au consulat d'Allemagne, ce qui fait dire au consul: "les sujets suisses semblent vouloir dans cette spécialité de l'inspection de la soie, enlever aux Français et surtout aux Lyonnais des situations qui jusqu'à ces dernières années leur étaient à peu près exclusivement réservées" 1662 . Dans un rapport de la CCF en Chine, on lit: "il est devenu un lieu commun de dire que notre expansion commerciale a pêché surtout par défaut d'organisation (...). La guerre nous a fait toucher du doigt, parfois durement, les lacunes et les insuffisances de notre organisation actuelle" 1663 . A propos des exportations françaises vers la Chine, ce travail souligne le coût des frais de transport ferroviaires car les exportations se font forcément par Marseille et évoque "l'organisation défectueuse qui prive du bénéfice du transport en droiture les produits de plus des 4/5e du territoire français (...)". Concernant les exportations de Chine vers la France, "si les exportateurs de Chine semblent un peu plus favorisés que ceux de France en raison du nombre de lignes régulières étrangères leur offrant des occasions de transport en droiture, cet avantage est plus apparent que réel (...) en dehors de Marseille, il n'y a que Le Havre et Dunkerque pour lesquels les occasions soient régulières et assez fréquentes, les lignes allemandes s'étant tout particulièrement spécialisées avant la guerre dans les relations directes avec ces derniers ports (...) où nos ennemis avaient établis de nombreux comptoirs (...) nous insistons tout spécialement sur ce point que la régularité des départs et le transport en droiture sont deux facteurs indispensables des lignes maritimes destinées au développement du commerce de notre pays (...)". En conclusion, les auteurs du rapport réclament un service en droiture partant de Dunkerque ou Anvers et desservant Le Havre, Bordeaux, Marseille et la ligne de Chine. Une note est jointe sur la Conférence des frets d'Extrême-Orient qui a son siège à Londres (China Outward & Homeward Freight Conference) et règle les rapports entre chargeurs et compagnies maritimes. L'auteur signale que "les maisons françaises de Chine n'ont que très exceptionnellement à expédier par grosses quantités". Une autre note est ajoutée sur la juridiction française en Chine: "les pouvoirs des consuls en Chine sont à la fois multiples, indéterminés et absolus". Les auteurs réclament une adaptation de la juridiction française aux conditions nouvelles en Chine par l'intermédiaire des consuls qui doivent être mieux informés dans le domaine législatif et judiciaire ainsi que pour réformer la magistrature française en Chine. A titre d'exemple enfin, ceux-ci évoquent l'organisation des juridictions anglaise et américaine en Chine.SS
En 1918, le commandant chef de bataillon Grillet, qui était chargé d'une mission en Extrême-Orient, remet un rapport qui va avoir une grande influence sur les nouvelles orientations de la politique française en Chine. Après avoir mentionné la fondation en Chine d'une Société d'Etudes Economiques et d'un bureau national d'émigration en août 1917, celui-ci préconise la création d'une politique française d'Extrême-Orient et non plus une politique française en Chine, une autre au Japon, etc... 1664 Grillet soumet un plan pour développer en Chine l'influence de la culture française en commençant par ce constat: "une constatation s'impose quand il s'agit de la Chine. C'est que ce pays ne connaît pas l'Europe et que l'Europe ne le connaît pas." L'auteur remarque que les diplomates restent trop peu de temps et que les marchands sont trop occupés, donc les Européens sur place ne peuvent approfondir leurs connaissances du pays. Il cite la Mission lyonnaise: "les résultats obtenus par la Mission Lyonnaise ont été en leur temps de première importance et ils se font encore actuellement sentir", et mentionne les écoles françaises de Tientsin, Pékin, "Paoting-fou", "Pou-li-tsuenn", plus, en septembre 1918, la création d'un collège de la Société franco-chinoise à Pékin ainsi que d'une école de jeunes filles en novembre 1919. Il existe alors en Chine quarante trois collèges et Universités de langue anglaise, donc pour lui, il faut créer à Pékin un collège sino-français et une Université comprenant Faculté de Sciences, de Médecine et Ecole d'ingénieurs. Pour Grillet, le principal problème de la Chine est de nourrir sa population car la surface agricole diminue et selon lui, il faut soulager les campagnes en "enrôlant" les surplus de population dans l'industrie: il faut donc développer l'industrie en Chine. Il préconise de créer des bureaux d'enquête dans les différents Ministères de Pékin pour être mieux informés des potentialités et des moyens de chacune des régions chinoises. Il recommande de former une classe d'ouvriers qualifiés: "(...) organiser en Chine sur une vaste échelle l'enseignement manuel et technique dans les Ecoles professionnelles (...) Une solution rationnelle de cette question serait obtenue par une entente entre la Chine et l'un des pays européens, la France par exemple, où il y aura encore pénurie de main-d'œuvre pendant la guerre (...)". Il pense donc à un échange de bons procédés, nombreuse main d'œuvre chinoise en France contre main d'œuvre qualifiée pour la Chine 1665 .
Est-ce ce rapport qui décide les Lyonnais à rendre leur présence plus significative en Chine ? Ou est-ce le BCEO qui multiplie les articles sur l'industrie et le commerce de la soie ? On y lit par exemple: "la Chine est aujourd'hui dans une situation comparable à celle des régions séricicoles de la France avant la découverte de Pasteur. Le remède est connu mais son application est difficile dans un pays où le gouvernement s'est parfaitement désintéressé jusqu'ici de tout encouragement à une industrie nationale. (...) Il appartenait à la Chambre de Commerce française de Chine de mettre sur pied le projet destiné à rénover la production de la soie en ce pays. Avec le concours (...) de M. Vieil, elle a fondé le premier Institut séricicole de Shanghai et un établissement annexe (magnanerie modèle et grainage) dans la région de Wuxi (...). Sous ses auspices s'est formé un Comité international, composé primitivement de deux délégués de la Foreign Silk Association of Shanghai, deux délégués de la Chambre Française et six délégués des guildes chinoises intéressées dans l'industrie de la soie (marchands de cocons, filateurs, etc...). La Chambre de commerce anglaise offrait son concours (elle a aujourd'hui deux délégués dans le Comité). (...) L'œuvre est aujourd'hui en plein fonctionnement: elle dispose d'un budget annuel de 20.000 taels (environ 120000 francs). Le gouvernement français a marqué l'intérêt qu'elle lui inspirait, en lui accordant une subvention annuelle de 3.000 francs (...)"1666. En janvier 1920, un autre article du BCEO nous apprend par exemple le décès de Cyprien Guy 1667 , représentant à Shanghai la maison L. Wegelin de Lyon, membre depuis sa fondation du Comité central de la Chambre, âgé de 43 ans et "emporté en quelques heures par une maladie qui ne pardonne guère". Celui-ci était venu en Chine pour le compte de la maison Cambefort de Lyon et était perçu comme un "Lyonnais fidèle, patriote ardent et convaincu (...) collaborateur sérieux et éprouvé". En 1920, la composition de la Chambre de Commerce Française de Chine nous montre combien la place des négociants en soie est alors encore prépondérante dans ce pays.
La proportion exacte de négociants en soie est très difficile à déterminer mais on retrouve des noms connus, notamment Madier, Marthoud, Varenne et Pila. D'autres paraissent être notoirement connue comme le fondé de pouvoir de la maison Olivier & Cie, M. Pernot, M. Adam, directeur de la Banque Industrielle de Chine, H. Madier, négociant en soies, Ardain, directeur de la Banque de l'Indochine, Speelman, administrateur de l'Assurance franco-asiatique, Meynard, agent général pour la Chine et le Japon de la Cie des MM, Gautier directeur de Racine & Cie, M. Chapeaux des anciens établissements Chapeaux Frères et Marthoud de Marthoud frères 1668 . Dans les publicités du BCEO, on retrouve fréquemment celles de H. Madier, négociant en soies et président de l'Assurance Franco-asiatique dont J. Sauvayre est un des administrateurs, de Rheims et Rini qui sont les agents de "l'Union Nationale France-Exportations, Paris", d'A. Arnaud-Coste & R.V Dent, agents de J. Hobson & Cy (Manchester & Bradford), de A. Bechetoille de Lyon, de Gellé frères de Paris et de Schroder & Schyller & Cie de Bordeaux. Malheureusement, les activités précises de ces firmes nous échappent encore. Parmi les banques françaises, on trouve mentionnées deux banques anglaises, le Crédit Lyonnais de Londres et l'Union of London & Smith's bank limited 1669 . Tout en réclamant une protection des marques de fabriques et plus de renseignements sur la Chine en France, un article du BCEO de février 1920 souligne néanmoins "qu'un Français désireux d'aller s'établir en Chine ne trouve ici (en France) ni renseignement ni encouragement d'aucune sorte. On le considère souvent comme un fou ou une tête brûlée. On ne sait rien ici, dans le gros public, de ce qui intéresse la Chine industriellement ou commercialement. Si bien que les meilleures volontés et les esprits les plus posés et les plus froids se heurtent immédiatement à des difficultés qui les rebutent". Dans un télégramme daté du 12 septembre 1921, le Ministre de la Marine étudie la fermeture de la section française de l'Ecole navale de Foutchéou et on apprend que le gouvernement provincial du Tcheli vient de supprimer, tout comme le gouvernement chinois, sa subvention à l'école de médecine de Tientsin: "Ce sont les deux plus anciennes institutions d'enseignement françaises en Chine qui sont menacées de disparaître" 1670 . Par contre, à l'occasion d'un banquet de clôture de la première exposition d'automobiles à Shanghai, dans un article du BCEO de décembre 1921, on lit: "les convives (...) vérifiant une fois de plus que la table du Cercle Sportif français est la première de Shanghai".
En Chine, après la première guerre mondiale et confrontés à une concurrence américaine de plus en plus évidente, les Français, et parmi eux les Lyonnais, comprennent qu'il faut avant tout aider ce pays plus que chercher à l'exploiter à son seul profit. Ils reprennent alors la politique scolaire qui avait été amorcée à la fin du siècle précédent en utilisant toutes les ressources disponibles. Ainsi, les CRT de la CCIL de 1919 rapportent qu'une école de médecine et d'enseignement technique qui avaient créées sur le territoire de la concession française de Shanghai par les Allemands en 1907, sont placées sous séquestre pendant la guerre et des pourparlers avec le gouvernement chinois sont en cours pour leur attribution définitive à la France, "pour faire comme à Beyrouth". La même année, le Ministre français à Pékin réclame la création d'un inspecteur pour les étudiants chinois et appuie sa demande par la traduction du "Radio Americain de Lyon que tous les journaux chinois publient (...) nous ne pouvons accepter que ces jeunes Chinois soient dirigés par des comités américains et gagnés sous nos yeux et au grand détriment de notre influence aux idées de la YMCA" 1671 . Cette traduction nous apprend par ailleurs que "(...) beaucoup d'étudiants sont de fervents admirateurs de l'Amérique et de ses institutions dont malheureusement l'accès leur a été interdit par des considérations financières" (car ils doivent avoir 500 $ en poche) . En fait, les étudiants chinois qui viennent en France le font par défaut. Pour preuve, une des chambres du cercle à Colombes a été baptisée "salle B. Franklin". Gueneau pour sa part raconte 1672 que dans une île du golfe de Hang-Tchéou se trouve le Zhejiang séricultural college anglo-japonais et qu'à Canton et Nankin, les Etats-Unis créent des instituts mi-civils, mi-religieux dirigés par des missionnaires techniciens. Celui-ci insiste 1673 sur la hausse de la concurrence américaine avec sa Condition à Shanghai et l'installation d'un poste TSF à grande puissance, ce qui implique la création d'un institut franco-chinois pour contrer l'influence anglo-saxonne en Chine. Il rapporte enfin la venue en 1920 à Lyon d'une délégation chinoise dirigée par Ting, membre du comité international de sériciculture, de la Chambre chinoise et de la guide des marchands de Shanghai. En janvier 1920, le SOFE, Service des Œuvres Françaises à l'Etranger, est créé avec pour but de " (...) s'appliquer plus spécialement à servir les fins occasionnelles de notre diplomatie, sous les directions de laquelle il faut qu'elle cherche à modeler son action". Trois mois plus tard, le collège chrétien de Canton 1674 , projette d'envoyer en France 6.000 étudiants chinois dans les écoles techniques pour les renvoyer ensuite chez eux, l'objectif étant de former des cadres.
C'est donc dans ce contexte qu'est créé l'Institut franco-chinois. Selon Tcheng Tse-sio qui mentionne l'existence d'un règlement en neuf articles dans MAE Paris, Asie 1918-1940, dos.n°47, cette fondation remonterait à 1919, l'accord entre gouvernements intervenant en 1921. Après consultation du dit dossier, l'idée de cette création reviendrait à M. Li Yu-ying, professeur à l'Université de Pékin et au recteur Joubin, après sa mission en Extrême-Orient, fin 1919 1675 . Toujours selon la même source, le 8 juillet 1921, l'Association universitaire franco-chinoise se trouve placée sous le régime de la loi de 1901, destinée à gérer l'Institut franco-chinois 1676 . Ce dernier doit être en fait une Ecole Normale pour les Chinois avec concours d'entrée à Pékin, Shanghai, Canton mais la connaissance du français étant trop approximative, il a faut créer des cours à l'Institut et l'enseignement du chinois qui était prévu a été supprimé, "le directeur n'ayant pas amené de professeurs. (…) La section préparatoire est donc réduite cette année à une école de langue française. C'est une vraie "capitis diminutio" (...) le directeur chinois n'a pas été d'avis d'ouvrir un concours pour les étudiants résidant déjà en France (...)". Ces derniers sont donc admis sur diplômes mais "il est douteux que ce mode de choix soit de bonne politique" et les subventions promises n'arrivent pas. De son côté, la CCIL confirme la création d'une Association Universitaire franco-chinoise pour préparer l'organisation d'un Institut franco-chinois à Lyon, un décret du 24 octobre 1921 approuvant l'accord du 8 juillet entre l'Université de Lyon et le Comité inter-universitaire chinois en vue de la dite création 1677 . Néanmoins, on est surpris de constater que si les pages 591 à 634 de ces CRT sont consacrées à l'enseignement, 26 lignes seulement concernent l'Institut franco-chinois lui-même. Parallèlement, mais sans qu'il soit possible de déterminer les liens exacts entre chaque création, une école d'enseignement technique 1678 est créée à Shanghai dans les locaux d'une école allemande. Celle-ci est rattachée à l'Université de Lyon 1679 et vient compléter le dispositif en place qui se compose de l'Université de l'Aurore à Shanghai, où l'on enseigne le Droit et la Médecine, ainsi que les Ecoles et Ateliers de Zikawei. Les 600.000 francs qui ont été nécessaires ont été versés, moitié par le gouvernement chinois, moitié par les Chambres de Commerce françaises et les Ministères, la CCIL pour sa part ayant apporté une subvention de 6.000 FF 1680 .
En 1921, une mission chinoise composée de commerçants de Shanghai arrive à Lyon où, à l'invitation de la CCIL, elle participe à un banquet et assiste à la projection d'un film cinématographique sur l'industrie de la soie 1681 . Pendant ce temps, éventuellement avec l'appui de photos et plans, différents articles du BCEO 1682 vantent l'Institut franco-chinois d'industrie et de commerce ouvert en avril 1921. C'est à leur lecture que l'on apprend que 300 élèves suivent des cours dans les bâtiments allemands pris en 1919 "suivant les clauses du traité de Versailles" 1683 . Le budget annuel prévu pour ce nouvel institut atteint 150.000 $ avec création projetée d'un Musée industriel et commercial. Le directeur français en est M. Maybon et le directeur chinois M. Tchang Pao-Hsi 1684 . Le secrétaire général est M. Shan Ti-wan, ingénieur électricien, de l'Institut polytechnique de Grenoble et parmi les professeurs, exerce M. Ho Lou, licencié es sciences de Lyon. Cet Institut bénéficie des participations respectives de la Compagnie Générale d'Extrême-Orient, d'Olivier & Cie, des Banque de l'Indochine et Banque Industrielle de Chine, ainsi que de la Compagnie des MM. Plusieurs marchands se sont également investis comme Peugeot, Schneider & Cie, etc... Basée à Paris, la Société Alsacienne de Constructions Mécaniques fournit beaucoup de matériel dont les machines pour l'industrie textile 1685 mais on ne trouve aucun trace de participation lyonnaise. Un autre article du BCEO 1686 nous apprend "qu'un premier contingent de 15 élèves chinois a pu être installé (...) au lycée de Marseille". Il semblerait que cette dernière cité veuille alors prendre part à l'effort général. Dans un article du Bulletin du Comité de Relation internationales intellectuelles et économiques publié sous le patronage de la CCIM, on lit qu'à l'attention de M. Painlevé, de retour de Chine, "les représentants de Marseille ont exprimé le désir que notre ville participe à l'œuvre d'enseignement des jeunes Chinois venant en France et qui sont tous dirigés dans l'intérieur après leur débarquement dans notre grand port (...). Le comité est entré en relations avec la Société franco-chinoise d'Education ayant son siège à Paris (...)". En 1921, il y a en effet 438 élèves chinois dans les collèges français plus 75 dans les lycées dont 15 au lycée du Parc et 7 au lycée Ampère à Lyon, le premier lycée étant celui de Moulins avec 23 élèves. A ces étudiants, il faut ajouter 498 Chinois travaillant en France dont quatre chez Jules Weitz à Lyon et sept chez Berliet. La même année, une communication du consulat de France à Tchentou du 5 avril 1922 rapporte que la province a décidé d'envoyer 100 étudiants à l'Université franco-chinoise de Lyon 1687 . En Chine même, Vieil est envoyé à Shanghai en 1919 afin de relever la production de soie et contrecarrer ainsi l'énorme développement de la production japonaise 1688 . A Lyon, MM Chabrières-Morel préconisent alors justement l'introduction des graines françaises en Chine: "MM. Chabrières-Morel sont convaincus que, si l'on élevait des graines françaises, on obtiendrait des résultats très supérieurs (...) La CCF de Shanghai a fait appel à M. Pierre Vieil, savant agronome et technicien éminent qui fut placé en 1917 comme directeur technique du Comité international pour l'amélioration de la sériciculture en Chine" 1689 . Dans une lettre de celui-ci, de 1919, on lit: "les résultats obtenus jusqu'ici, soit dans la région de Shanghai, soit dans celle de Canton, sont encourageants mais c'est une œuvre de longue haleine (...). Nous avons actuellement cinq stations de grainage, nous en installerons chaque année de nouvelles". Deux ans plus tard, Vieil écrit au consul de France à Shanghai 1690 pour lui confirmer qu'il accepte de s'occuper de la section séricicole de l'Université du Sud-est et que pour cela il sera secondé par M. Ho Kang "qui revient de France diplômé de l'Ecole nationale d'agriculture de Montpellier". Le nombre de stations de grainage passe de une en 1917 à sept en 1921 et le nombre d'onces de graines distribuées de 1.500 en 1918 contre 4.700 en 1921. Toutes ces initiatives 1691 se heurtent cependant à trois problèmes: le manque de coordination, notamment entre la Société franco-chinoise d'éducation, le gouvernement français et les bureaux du consulat français en Chine 1692 , le manque de personnel compétent et le manque de moyens financiers. En 1921, par exemple, une grave crise financière en Chine empêche le gouvernement de subvenir aux besoins des étudiants en France et il faut créer un comité franco-chinois de patronage des jeunes chinois en France pour aider ceux-ci 1693 .
Chi-foo international Commission for Silk Improvement, district du Chan-tong. Tcheng Tse-sio, p.186.
Tcheng Tse-sio, p.140.
et d'autres dans d'autres régions; Tcheng Tse-sio p.138.
Selon Tcheng Tse-sio p.136. La seconde raison est valable. Quant à la première, il est alors déjà trop tard.
L.M Li, p.22
MAE Nantes Foutchéou 34, n° de l'Express n°151, Foochow 12 mai 1917.
L.M Li p.182
De telles taxes avaient déjà été imposées en 1883.
Répartis comme suit: taxe régulière = 8 yuans + 0,50 de "surcharge" + 0,30 de "guild tax" + 0,10 de "reform association dues" + 2,30 de "transit half tax" et 1,60 de "special surtax", soit au total 1/3 du coût total.
L.M Li p.123.
L.M Li, p.124.
90.017.729 HKT sur 167.810.577 HKT au total. MAE Nantes PER 455.
BCEO mai 1921
MAE Nantes, Shanghai cartons roses n°47
MAE Paris, NS Chine 580, septembre 1918
MAE Nantes, Foutchéou 35
MAE Paris, Asie 1918-1940, dossier 459, rapport du commandant Grillet.
Une page dactylographiée sur l'Institut franco-chinois d'industrie et de commerce de Shanghai est jointe. Un délégué français du Comité international de l'industrie de la soie fait par ailleurs partie du conseil "de perfectionnement" de celui-ci. MAE Paris, Asie 1918-1940, dossier n°47, rapport du commandant chef de bataillon Grillet.
Article non daté.
le 30 décembre 1919
BCEO février 1920
BCEO janvier 1920
MAE Paris Asie 1918-1940, dossier n°47.
MAE Paris Asie 1918-1940, dossier n°47: décembre 1919.
p.147
p.152
Dont la dénomination exacte est "Canton Christian College"; BCEO mars 1920.
MAE Paris Asie 1918-1940, dossier n°47
MAE Paris Asie 1918-1940, dossier n°47.
CRT 1921
Selon MAE Paris Asie 1918-1940, dossier n°47 et MAE Nantes Shanghai carton 121, Institut technique franco-chinois, 1920-1940, contenant une lettre de Maybon du 14.01.1921 qui précise l'intitulé exact en en-tête, la dénomination de cette école est: "Institut franco-chinois d'industrie et de commerce, 1195 rue Lafayette".
"dans des conditions analogues aux écoles de Beyrouth"
Dans le même esprit, organisation de l'enseignement au Maroc et subvention à l'Athénée français de Tokyo pour lequel la CCIL accorde une subvention de 700 FF. CRT 1920
CRT 1921
Respectivement BCEO novembre 1921 et BCEO avril 1921
Cette école allemande avait été ouverte en 1909 pour la Médecine et 1913 pour les ingénieurs. Elle était patronnée par le Comité de Culture de la Société germano-asiatique dont le président était le feld-maréchal Von der Goltz avec 80.000 marks apportés par les compradores des maisons allemandes de Shanghai.
qui a fait des études en Belgique, à Mons et Gand.
filature de laine, coton, teintures, etc...
BCEO mars 1921
MAE Paris Asie 1918-1940, dos.n°48, 24 février 1921, étudiants chinois en France 1919-1922.
lettre de la CCF de Chine, 10 juillet 1919, MAE Nantes, Shanghai cartons roses n°47, dossier sériciculture.
CRT 1920
lettre du 26 octobre 1921, MAE Nantes Shanghai cartons roses n°47.
Selon un article du BCEO de mai 1921, il y aurait même un Institut Pasteur au Setchouen, à Tchentou, pour lutter contre la variole.
Ce dont se plaint le consul de Shanghai dans sa lettre du 3 mars 1920.
MAE Paris, Asie 1918-1940 dossier n°47.