Après la première guerre mondiale, il est clair que le marché lyonnais ne joue plus les premiers rôles dans le commerce international de la soie et si ses animateurs prennent encore quelques initiatives, celles-ci s'apparentent plus à un baroud d'honneur qu'à une véritable politique de sauvetage d'une filière de toutes façons appelée à péricliter. En 1922, il y a quinze sociétés françaises établies en Chine dont une de Marseille, E. Cusenier Fils Aimé & Cie, 71 avenue du Prado. Les quatorze autres, parmi lesquelles la Banque Industrielle de Chine et Schneider, sont de Paris. On compte également seize maisons de commerce dont huit de Lyon: Boyer, Mazet & Cie, 1 quai de Retz, Chabrières Morel & Cie, 20 rue Lafont, Gerin Grevard & Cie, 27 rue Puits Gaillot, La Générale Soies, même adresse, l'établissement Chapeaux frères, 8 rue du président Carnot, Madier frères & Cie, 14 rue Pyzet, Pila & Cie, 2 rue de la République, Varenne et Proton, 19 rue de l'Arbre sec, le reste étant basé à Paris. On note enfin la présence de la maison Jean Audinet & Cie, 7 rue de la République à Lyon, qui importe des produits français en Chine 1730 . Selon Gueneau 1731 , les Français et les Anglais encore présents dans le domaine de la soie se trouvent surtout à Shameen, près de Canton. Les moyens et la motivation réelle sont toujours aussi limités. Ainsi, à l'occasion d'un projet d'exposition, le BCEO de décembre 1921 rapporte: "Dès que l'exposition eut été décidée, des télégrammes furent envoyés en France (...). Notre ami Osterberger (directeur du Grand Garage français" à Shanghai) télégraphia à nos grands fabricants d'automobiles, demandant, sinon des voitures, du moins des catalogues. La plupart de ces télégrammes sont restés sans réponse et les catalogues ne lui ont même pas été envoyés". De son côté, J. Frédet 1732 souligne qu'alors que, dès le milieu du XIX° siècle, C. de Montigny préconise déjà une exposition d'échantillons français en Chine, la première a lieu à Tietsin en 1923 seulement. En 1923, la CCIL cherche à faire maintenir M. Vieil à Shanghai car celui-ci n'était que détaché en tant qu'expert agricole par le gouvernement de l'Indochine et celui-ci désire maintenant le récupérer. On lit dans les CRT: "Nous avons à Lyon un intérêt capital au développement de la production de la soie chinoise, comme le plus sûr moyen que nous possédions de lutter contre le monopole de fait que les Américains ont conquis au Japon". Pour les Lyonnais, le danger de ce retrait serait de voir M. Vieil remplacé par un Japonais ou un Américain "(...) l'un et l'autre également hostiles aux intérêts français". Le problème, c'est que "la colonie ne dispose d'aucun spécialiste dans la sériciculture". Il est finalement décidé que M. Vieil reste pour quelques mois à Shanghai, le temps de former un successeur qui lui succéderait. La Chambre rappelle que l'IIASC, ou Institut International pour l'Amélioration de la Sériciculture en Chine, se trouve sous la direction de P. Vieil et que "depuis deux ans, une société lyonnaise s'est constituée avec des capitaux suffisants et de très larges subventions du gouvernement indochinois. Elle a l'intention de créer des magnaneries et ensuite des filatures. Son programme est vaste". Tout en affirmant cela, les CRT soulignent que quelques tentatives ont été faites en Afrique du Nord mais que "ces essais timides n'ont pas été suivis avec assez d'intérêt par la métropole (...). Il y a certainement un effort sérieux à tenter de ce côté (...)". Ce rapport est approuvé à l'unanimité: "après un échange de vues entre ses membres marchands de soie et fabricants de soieries, la Chambre estima que la Chine et la Syrie étaient les deux pays où il était le plus utile de développer la sériciculture. En conséquence, la CC vota le principe d'un crédit qui serait affecté au développement de cette industrie dans ces deux pays".
En 1924, Vieil se trouve donc toujours à Shanghai 1733 mais selon une très grosse correspondance sur le maintien de Vieil à Shanghai 1734 , il ressort que les Chinois veulent faire de l'action des étrangers en Chine dans le domaine de la soie une affaire purement chinoise, ce que refusent les Européens. Du coup, le gouvernement de Nankin se désintéresse complètement du développement de la sériciculture sur son territoire. Ceci semble tout à fait exact puisque dans les archives de la CCIL, on trouve ce témoignage 1735 : "Les choses ont changé. Les Chinois sont devenus plus difficiles et moins probes (...). La concurrence entre les maisons étrangères est plus grande (...) les engagements verbaux sont quelquefois niés (...) la confiance réciproque n'existe plus". Il faut préciser que cette hausse de la méfiance fait suite à un incendie s'étant déclaré près de l'entrepôt des soies. A la suite de cet incident, les assureurs auraient en effet prévenu que, si par malheur le feu avait gagné l'entrepôt lui-même, les fournisseurs chinois n'auraient de toutes façons pas été indemnisés. Et les CRT de rapporter: "les Chinois s'écartent des étrangers, ceux d'entre ces derniers qui n'aperçoivent pas le danger et la nécessité de faire désormais des avances au lieu de se montrer exigeants comme par le passé s'exposer à de graves mécomptes." La même année, une lettre de 1924 fait part des protestations lyonnaises contre des grêves chinoises 1736 . Seules les maisons qui se plient aux nouvelles conditions d'échanges en Chine paraissent pouvoir continuer d'exercer. D'après une liste des sociétés immatriculées au consulat général de France à Shanghai 1737 , on ne trouve donc plus, dans le domaine du commerce de la soie, que la société Marthoud & Cie faisant du commerce de soies, pongees et produits de Chine 1738 et la Cie d'exportation de produits asiatiques, une société anonyme au capital de 25.000 FF divisés en 50 actions, fondée le 10.08.1925 qui fait commerce de tous produits, notamment soie et déchets et dont le conseil d'administration se compose de Mrs. J. Reynaud, R. Charleux, président et administrateur délégué, E. Fouliard, H. Follet, Pai Kao Liang, Chien Kang Kee et Chang Diao Mai. De son côté, le Comptoir d'Achat des soies disparaît comme membre participant de la section de Canton de la Chambre de Commerce française en Chine 1739 . Les affaires religieuses brouillent toujours les relations entre la Chine et les étrangers ainsi qu'au sein même des pays occidentaux. Ainsi, en avril 1922, le consul français à Tchentou rapporte les très nombreux et actifs efforts des missions protestantes: "Elles y ont déjà dépensé [dans l'enseignement] plusieurs millions de $". Dans une lettre qu'il adresse au Ministre des Affaires étrangères, le Ministre plénipotentiaire français en Chine signale l'activité intense de l'Association des Jeunes gens chrétiens (YMCA) en Chine en faveur des Etats-Unis contre la France. Selon lui, ce mouvement aurait même favorisé les troubles des étudiants chinois à Lyon dont l'expulsion est très mal ressentie en Chine, les faits étant exagérés par la YMCA. Il rapporte enfin que des Chinois membres de l'YMCA infiltrent les étudiants chinois en France et exercent sur eux une forte influence 1740 . Dans cette ambiance, les Lyonnais maintiennent leurs liens traditionnels avec les autorités religieuses et en 1926, la CCIL décide de verser 5.000 FF de subvention pour la création d'une école professionnelle à Pékin par Mgr. Fabrègue. La même année, elle accède à la demande d'échantillons de la part de deux religieux fondateurs de "l'Ecole des hautes études industrielles et commerciales de Tianjin pour leurs musées annexés à cette école". A cause du copiage et des prix, les soieries françaises se vendent toujours aussi peu: "à l'heure actuelle les fabriques japonaises produisent des tissus unis ou des tissus imprimés dont les dessins sont très souvent copiés sur ceux de Lyon et dont les prix sont bien moins élevés. La Grande Bretagne, elle aussi, a devancé la France (...). Enfin c'est l'Allemagne qui exporte le plus de velours et de peluches" 1741 . En 1931, la situation est strictement inchangée: "les étrangers ne poussent pas nos articles. S'il le font et que l'article prenne, l'année suivante ils lui trouvent un substitut dans les marchandises de leur nationalité et notre article disparaît" 1742 .
Les relations entre Lyon et la Chine se distendent de plus en plus et Gueneau témoigne 1743 : La guerre a provoqué une hausse du change mais pas des prix des matières premières, du coup les Chinois ne profitent pas du mouvement général de hausse. Les crises financières de Shanghai "font grimper le change à 15 en 1920 mais les prix sont de 800 à 900 taels contre 1.000 en 1921, quand le change est à 9. (…) les beaux jours des marchands de Lyon sont [étaient] finis" et: "certaines soies fermes de Chine, soies jaunes destinées à la confection de tapis, burnous, à l'usage de l'Afrique du Nord, s'arrêtent à Marseille et repartent à destination d'Alger, de Casablanca". En 1922, les exportations de soie de Chine sont de huit millions de kilo. Les trois millions qui sont pour la France représentent plus de la moitié de la consommation française 1744 : à ce moment-là, Lyon dépend plus de la Chine que ce pays n'a réellement besoin de Lyon. En 1923, une mission commerciale chinoise conduite par M. Chang Chien, Ministre plénipotentiaire, haut commissaire de la République chinoise délégué de la confédération nationale chinoise des Chambres de Commerce, président de la banque industrielle Hua-hai passe par Lyon mais le fait est simplement mentionné dans les archives lyonnaises, sans plus de détails 1745 . Autre exemple, Tcheng Tse-sio en parlant de la foire de Lyon du 1er au 20 mars 1746 , rapporte que cette manifestation rassemble 2.614 adhérents en 1917 mais qu'il n'y a aucune participation chinoise. Signe incontestable des temps, neuf lignes complètement anodines témoignent du passage à Lyon du nouveau consul général de France à Shanghai, M. Naggiar, dans les CRT de 1926. Du côté de la coopération scolaire, les choses ne vont guère mieux. En 1921, huit étudiants chinois seulement sont inscrits à la Faculté de Médecine ou à celle des Sciences. Sur la nature de l'Institut, les négociations traînent de longs mois: "On discute, on ergote, on s'éternise" 1747 . L'accord est finalement signé le 8 juillet 1921 entre le recteur Joubin et Gao Lu, représentant officiel du Comité inter-universitaire chinois. Le directeur chinois devra être agréé par l'Université de Lyon et l'Institut sera géré par une Association universitaire franco-chinoise dont le conseil d'administration sera mixte mais le président français. Côté bâtiment, l'Université lui louera le fort Saint-Irénée concédé par l'Etat pour le franc symbolique et un comité d'honneur regroupera diverses personnalités dont le président de la SFCE représentante des étudiants-ouvriers. "Le moins que l'on puisse dire, c'est que les débuts sont difficiles!" A cause de la crise, les étudiants-ouvriers de la région parisienne se voient privés de subsides 1748 et Pékin fait la sourde oreille. Par le Manifeste de la Garenne-Colombes, cent d'entre eux réclament alors de pouvoir entrer à l'Institut en septembre 1921. L'Insitut répond que celui-ci ne prendra les élèves que sur examen, soit boursiers du gouvernement chinois, soit pouvant subvenir à leurs besoins. Furieux, les étudiants appellent leurs collègues de Montargis, St-Chamond, Le Creusot à la rescousse et le 21 septembre une centaine d'entre eux arrivent à Lyon et s'installent au fort Saint-Irénée. La presse ironise, les autorités hésitent. Entre-temps arrivent les étudiants de l'Institut et sous la pression du gouvernement chinois, le 13 octobre, cent quatre étudiants-ouvriers repartent de Marseille tandis que d'autres réussissent à rester en qualité d'ouvriers dans les usines Berliet. Pour les étudiants "officiels", les problèmes de ressources financières se posent. L'administration chinoise de l'Institut est vite dépassée par les événements. Dès octobre 1922, le directeur Wu Zhihui s'esquive à Paris pour une nuit après une altercation avec ses élèves et le sous-directeur Chu Minyi est séquestré dans son bureau avant d'être libéré et de partir pour Strasbourg. L'indiscipline est grande, le dégradations nombreuses, des étudiants "sauvages" s'installent. En 1923, la CCIL refuse d'accorder 25.000 FF à la mairie de Lyon pour "venir en aide" à l'Institut franco-chinois de Lyon car elle estime faire déjà beaucoup d'efforts pour l'enseignement des langues chinoises et japonaises. Deux ans plus tard, 500 francs sont tout de même accordés à titre exceptionnel à l'Institut 1749 . A l'Institut, un directeur est finalement nommé. Il s'agit d'un militaire, le commandant Favre. La barre est redressée, le niveau s'améliore avec le temps et ils sont 118 à soutenir une thèse "surtout après 1930", dont 69 sur des sujets scientifiques. L'Institut se dote d'un laboratoire après 1927 et une visite médicale systématique est instaurée en 1923. De 1927 à 1934 une revue, Les Annales franco-chinoises, est éditée et un prix de l'Institut est créé en 1928. Nombre d'élèves suivent un cursus flatteur et en Chine ils occupent souvent des postes de savants, d'universitaires et de juristes. Pourtant, au fort Saint-Irénée, les problèmes subsistent, le commandant Favre est parti en 1929, les ressources sont précaires et en 1939, le fort est réquisitionné pour devenir un hôpital militaire. Il ne reste alors qu'une vingtaine d'étudiants et il n'y a qu'une seule inscription en 1940 et en 1946 1750 .
Devant le constat d'échec en Chine, Lyon se résout alors à devenir une ville purement coloniale dont l'attention se tourne vers les Proche et Moyen Orients. En 1912, le Comité d'expansion universitaire en Orient est créé. La CCIL y adhère aussitôt, tout comme elle souscrit hauteur de 1.000 francs au projet de création d'une Faculté de Droit à Beyrouth, d'une Ecole centrale 1751 en Asie Mineure et d'un collège oriental "destiné à attirer les étudiants ottomans". Cinq ans plus tard, l'Association coloniale de l'Afrique française devient l'Association coloniale lyonnaise. Dans le CRT de 1918, après les questions coloniales, une nouvelle rubrique apparaît: "Commerce extérieur et expansion commerciale" et la subvention annuelle de 500 FF à la Société de Géographie qui avait été interrompue pendant la guerre est de nouveau versée. Deux ans plus tard, dans un gros rapport sur l'enseignement colonial, on note que le nombre d'élèves inscrits au cours de langue chinoise est de six en 1919-1920 et que le nombre d'inscrits à l'enseignement colonial est passé de 96 en 1913-14 à 59 en 1919-1920 1752 . Néanmoins, Lyon choisit incontestablement le recours colonialiste et augmente sa subvention à l'Institut colonial de Marseille. Le tableau ci-dessous est éloquent:
fig165.jpg
Du côté de l'Indochine, malgré quelques progrès 1753 , les relations avec la Chine ne se sont pas développées. La valeur des transactions entre les deux pays qui était de 6.669.084 HKT en 1913, passe à 7.425.512 l'année suivante mais entre 1915 et 1919, la valeur moyenne des transactions n'est que de 4.631.122 HKT et les importations sont toujours supérieures aux exportations. Ainsi, en 1913, la Chine importe pour 4.782.011 et n'exporte que pour 1.887.073. En 1920, le déséquilibre persiste avec respectivement 3.750.104 HKT d'importations et 2.634.495 HKT d'exportations 1754 . Au Tonkin, la Société française de filature de soie créée en 1906 devient en 1920 la Société franco-annamite textile d'exportation sous direction lyonnaise 1755 . Deux ans plus tard, une autre société lyonnaise pour la mise en valeur de l'Indochine et du Cambodge voit le jour 1756 tandis que l'empereur d'Annam visite le Musée des tissus 1757 . Au début des années 20, la CCIL organise une exposition sur la sériciculture en Indochine. A cette occasion, dans une lettre à M. Garnier, résident supérieur et directeur de l'Agence économique de l'Indochine, on lit: "un assez grand nombre de stations séricicoles avec magnaneries modèles ont été créées dans les principaux centres du Tonkin, de l'Annam et du Cambodge" 1758 . Les soies d'Indochine apparaissent dans le mouvement de la Condition des soies de Lyon en 1921 mais les résultats sont loin d'être à la hauteur des espérances et des investissements. En 1925-28, est alors tentée l'expérience Varenne, consistant à essayer d'assouplir le régime colonial. A partir de 1925, des campagnes de publicité sont lancées en France pour l'agence économique de l'Indochine 1759 et les investissements augmentent 1760 . En Cochinchine, la surface cultivée progresse de + 421 % entre 1880 et 1937 1761 . Les plantations d'hévéa, de café, de riz, de thé progressent mais tous ces efforts dans l'agriculture sont annulés par la hausse de la population qui double entre 1900 et 1937, la poussée des exportations et le recul de l'artisanat rural 1762 . Finalement, en 1931, sur les 349.274 kilo de balles de soie importés à Lyon, 76,5% viennent de Chine, 20% du Japon, 1,5% de Suisse et 1,5% seulement d'Indochine 1763 . De son côté, la CCIL reconnaît la concurrence "énorme" de la soie artificielle japonaise et élabore un projet de création d'une industrie de la soierie mais à Pondichéry. D'après la page 3 d'un rapport de M. Morel, en Indochine, où Lyon a des intérêts importants, le pourcentage des importations de tissus de soie japonais est passé de 9% en 1930 à 55% en 1932 1764 . Pour la société Armandy, on sait, d'après d’Emmanuel Cotte, que dans les années 1923 à 1929, le déclin de la société Armandy est constant et que la crise de 1929 lui est fatale, à elle et à son investissement en Indochine 1765 .
Devant un tel constat d'échec, les Lyonnais se tournent à nouveau alors vers des contrées plus proches et où ils pensent relancer une filière de la soie qu'ils maîtriseraient comme au XIX° siècle. Dans les "pays musulmans", puisqu'il s'agit d'eux, la guerre a cependant détruit les installations et, en 1921, il y a pénurie de stocks et les réserves ont disparu. Les réquisitions du gouvernement turc à Brousse par exemple, se chiffrent à 3.117.686 FF 1766 . Le mûrier a été remplacé par le tabac et les céréales. M. Lafont, professeur à l'école d'agriculture de Montpellier à Rescht, est mort alors qu'il était en Perse avec mission de ré-organiser la sériciculture "arrièrée" de ce pays 1767 . Le banquier J. Morin 1768 arrive à Smyrne en juillet 1921 et reste jusqu'en 1923. Le service de la dette de l'empire ottoman est alors suspendu par les nouveaux Etats remplaçant celui-ci après la première guerre mondiale et rétabli seulement dans la seconde moitié des années 20 1769 . Malgré toutes ces difficultés, les relations sont vite rétablies avec la Turquie et l'Asie Mineure 1770 . Il existe alors un Comité lyonnais des intérêts français en Syrie, le premier comité français pour la Syrie, avant celui de Paris et présidé par E. Morel. Rapidement, "suite au Congrès de Marseille", un projet d'Institut en Syrie pareil à l'institut d'Egypte créé suite l'expédition de Bonaparte, voit le jour. Dans le rapport d'une mission envoyée sur place, les efforts anglais pour évincer l'influence française sont fortement soulignés. Il y est également rappelé que les premières écoles de Syrie furent dirigées par deux Jésuites lyonnais en 1625, que l'hôpital de Jaffa est une création de la famille Guimet et que ce sont les Jésuites qui ont fondé l'école de médecine de Beyrouth. La CCIL et le Comité d'expansion universitaire en Orient soutiennent les écoles de Droit et technique de Beyrouth. Malheureusement, pendant la guerre, les mûriers ont été utilisés comme bois de chauffage. Le rapport sur la sériciculture de Croizat souligne le gros potentiel de la région mais aussi le manque de soins. Il faut donc créer des stations de grainage mais pendant la guerre, notamment en 1917-18, la famine a fait reculer la démographie chez les paysans de 40%. Celui-ci donne les statistiques des onces de graines, de la production de cocons et la population par villages en 1914 et 1919. C'est dans ces rapports que l'on apprend que le Comité d'expansion universitaire en Orient a été créé en 1912, que le projet de création d'école technique à Beyrouth remonte à 1913 sous l'impulsion de l'Association lyonnaise pour le Développement à l'étranger de l'enseignement supérieur et technique, que 6.000 FF de subvention ont été versés pour l'école technique de Beyrouth en 1914 et 1918 1771 et qu'enfin, l'établissement d'une école technique à Shanghai est alors en discussion: "(...) l'école [de Beyrouth] est en voie de réorganisation et son fonctionnement pourra sans doute reprendre bientôt sur les bases (...) qui (...) doivent (...) servir de modèle pour une institution similaire à Shanghai.". Pour finir, on lit à propos de l'ouverture de cette école à Beyrouth en octobre 1914: "le temps manquant la première année on voulut quand même faire quelque chose afin de ne pas se laisser distancer par les Américains et les Allemands (...)". Entre 1910 et 1913, les principales maisons de soie lyonnaises étaient donc déjà en rapport avec la Syrie: Veuve Guérin & fils; Chabrières Morel & Cie; Terrail, Payen & Cie; Peillon et Mérieux; F. Desforges & Cie; La Générale Soies et à Marseille: Mourgue d'Algue; Giraus Frères et Chabrières Morel & Cie 1772 . Le 11 novembre 1919, la CCIL réceptionne le général Gourand, haut commissaire de la République française en Syrie et c'est peut-être à cette occasion que le groupement des intérêts français dans l'empire ottoman magnifie "l'Union étroite de notre action politique et financière en Turquie" 1773 . L'année suivante, la CCIL analyse des échantillons de cocons sauvages de Syrie et d'Algérie, elle aussi pressentie pour développer la sériciculture. Le problème est alors "l'écoulement des cocons récoltés". La même année, on retrouve E. Morel à l'origine de la création du Comité Lyonnais des Intérêts français en Syrie. Suite logique, on apprend par une lettre du 14 septembre 1923 que la maison Chabrières Morel & Cie de Marseille achète à elle seule 1/3 de la production syrienne de soie. En 1923, il est clair que plutôt que de relancer la sériciculture française, la CCIL préfère développer la sériciculture en Syrie: "notre industrie est donc particulièrement intéressée à ce qu'on donne à la production de la soie en Syrie tout l'essor dont elle est susceptible". L'année suivante, une succursale de l'office économique de Syrie et du Grand Liban, qui lui-même se trouve à Paris, est ouverte à Lyon. En 1925, le montant des allocations et subventions relatives à l'industrie de la soie atteignent 31.000 FF. Celles-ci sont réparties entre le Conseil des Prud'hommes, la Caisse de Secours des marchands de soie et fabricants de soieries, la Fédération de la Soie et pour le développement de la sériciculture en Syrie et l'Insitut Arloing de Tunis. Il est vrai que depuis 1916, l'intérêt pour le Maghreb grandit lui aussi. On trouve ainsi beaucoup de dossiers sur le Maroc à la CCIL dans les années 1920-1930. En 1922, il existe un office du Maroc de Lyon et de sa région, et le maréchal Lyautey visite Lyon la même année. Trois ans plus tard, un projet de création d'un office tunisien à Lyon voit le jour, l'année suivante, c'est au tour du sultan du Maroc de visiter Lyon, en 1927 enfin, un projet d'organisation au Maroc de l'élevage industriel du ver à soie est élaboré.
MAE Paris Asie 1918-1940 dos. n°488.
p.147
Quand la Chine s'ouvrait, 1953, p53.
CRT 1924
MAE Nantes, Pékin 519
CCIL 1925 Relations étrangères, 1925.
CCIL Condition des Soies, 1925.
MAE Paris, Asie 1918-1940, dossier n°459, juin 1926.
société en commandite simple au capital de 20.000 $ fondée le 01.09.1924, Marthoud Louis et Pierre gérants, M. Zeng Hao Lie et Woung Tsung Yung commanditaires.
BCEO, février 1927.
MAE Paris Asie 1918-1940, dossier n°47.
Tcheng Tse-sio p.137.
MAE Nantes Foutchéou 33, rapport de 1931.
p.151 et p.199
Tcheng Tse-sio, p.5.
CCIL Condition des Soies, 9 avril 1923.
Renforcée en 1916 pour concurrencer celle de Leipzig, celle-ci se tient sur 105.000 hectares à côté du Parc de la Tête d'Or. Tcheng Tse-sio, p.142.
Pour toute cette partie, BML mars 1995 "Papiers de Chine", 8p.
Depuis 1902, Paris abrite un groupe de jeunes Chinois intellectuels qui sont venus quand fut installée une représentation officielle de la Chine. Le biologiste Li Shizeng travaille à l'Institut Pasteur, et avec ses amis, il crée en 1912, une Société d'éducation rationnelle française qui organise des écoles préparatoires à la venue en France des étudiants-ouvriers. En 1916, une antenne est créée en région parisienne, à la Garenne-Colombes: la société franco-chinoise d'éducation, dans le bureau duquel figure en qualité de vice-président le député socialiste du Rhône Marius Moutet. BML mars 1995 "Papiers de Chine", 8p.
CRT 1925. 500 francs sont à nouveau versés en 1926.
Une association subsistera sur le papier jusqu'en 1980. BML mars 1995 "Papiers de Chine".
ou éventuellement d'arts et métiers; CCIL 1919, p.469. Ce CRT évoque la "substitution dans l'Université d'Athènes de l'influence scientifique française à l'influence scientifique allemande".
CCIL / CRT 1920.
En 1924, la Banque de l'Indochine compte 20 succursales et 3,4 milliards d'actifs.
MAE Nantes PER 455.
Créée en 1902, cette société, soutenue par Lyon à partir de 1906 avait arrêté ses activités en 1907 à cause de la crise. Cette reprise se fait grâce à M. Emery aidé de Lyon.
Gueneau, p.143.
CRT 1922. En 1923, au nom de la commission de colonisation, M. Terrail rend un rapport sur la sériciculture.
CRT 1920
créée en 1917
La production de charbon du Vietnam est multipliée par quatre entre 1913 et 1928.
2/3 de cette croissance entre 1910 et 1930.
N. Wang, p.159.
Tcheng Tse-sio, p.140
CCIL Condition des Soies. En 1934, le Syndicat des Fabricants de soieries de Lyon réclame encore des mesures contre la contrebande des tissus de rayonne japonais en Indochine.
Croizat, p.80. "A cette époque les moyens de communication étaient difficiles (2 mois pour se rendre sur place, le courrier mettait au minimum un mois pour son acheminement). Les événements d’Indochine provoquèrent des dommages qui furent en un premier temps indemnisés puis les usines furent confisquées définitivement par les Viets".
CRT 1921
Gueneau, p.135 et 139
Hubert Bonin, p.159 citant J. Morin, Souvenirs d'un banquier français 1875-1947, chez Denoël 1983.
Il sera à nouveau suspendu par la crise des années 30.
CRT 1918
créée avec l'aide de l'Université St Joseph de Beyrouth; CCIL 1919.
CCIL 1918
Bouvier, p.365, ce qui lui fait dire deux pages plus loin qu'entre intérêt et influence, "on ne saurait établir une contradiction, une différence de fond entre les deux ordres de faits".