B. BIBLIOGRAPHIE (REVUES, OUVRAGES CONTEMPORAINS DES FAITS ET ETUDES HISTORIQUES)

Pour qui n'est pas issu du milieu de l'industrie de la soie, faire une étude historique sur le commerce de cette matière textile n'est vraiment pas chose aisée. Sur l'ensemble du champ chronologique déterminé, il faut en effet maîtriser la connaissance d'un nombre impressionnant de paramètres sur un espace géographique de l'ordre de la planète. Le problème, c'est qu'accaparés par leurs fonctions et jaloux de leurs secrets, pendant longtemps les soyeux ont bien peu écrit ou dit sur la Fabrique et le commerce l'alimentant en matière première. En 1957, Labasse écrivait: "Le marché de la soie (...) a été fréquemment étudié sous l'aspect des mouvements de la matière première (...) Mais dès que son histoire est jointe à celle de Lyon, son principal foyer, il se trouve relégué dans un arrière-plan souvent équivoque et confondu en fait avec le marché des soieries qui à lui seul suffit à accaparer l'attention. Les spécialistes eux-mêmes s'y attardent peu; M. Pariset (...) se borne à énumérer les mesures protectionnistes prises en ce domaine au bénéfice de Lyon en y ajoutant quelques statistiques relatives à la Condition et M. Gueneau, par ailleurs si clair dans l'exposé des mécanismes généraux du commerce de la soie, se contente d'évoquer quelques grandes figures de marchands (...)".

Il faut en effet attendre la crise de la pébrine pour qu'enfin S. Lamb, dans son ouvrage controversé, La soie, c'est de l'or, de 1856, porte à la connaissance du grand public les graves problèmes d'approvisionnement de la Fabrique, et ce n'est dans le dernier tiers du XIX° seulement que, la crise perdurant, les Lyonnais se rendent compte qu'il leur faut trouver entamer une véritable réflexion de fond. On prononce plus de discours et les premiers travaux dignes de ce nom sont alors publiés avec l'aide d'une CCIL qui en l'occurrence joue un rôle décisif. On peut citer l'Essai sur le commerce de la soie d'A. Rondot et l'Industrie lyonnaise de la soie, son état actuel, son avenir de L. Permezel pour 1883 puis La soie, production, consommation et prix et l'Industrie de la soie en France, véritables ouvrages d'introspection et d'investigation respectivement de 1887 et 1894 de N. Rondot (qui déjà en 1860 était l'auteur du célèbre Rapport du commerce de la France avec la Chine) et enfin, au tournant du siècle, quand les lacunes logistiques seront devenues une évidence pour tous, l'étude du ministère des Travaux Publics sur le port de Marseille de 1895, les ouvrages de 1904 et 1906 de P. Masson, Ports francs d'autrefois et d'aujourd'hui et Marseille et la colonisation française, essai d'histoire coloniale auxquels il convient de rajouter les grands ports de France de P. Rousiers de 1909. En fait, littéralement laminée par un passage à l'ère industrielle qu'elle n'a pas compris, la Fabrique commence à écrire son histoire dans le début du siècle avec la publication, toujours sous l'égide de la CCIL, de l'Histoire de la Fabrique lyonnaise de Pariset (1901). Cet ouvrage marque en quelque sorte la fin de la domination d'un secteur textile lyonnais qui, végétant sous le couvert d'une industrie chimique triomphante, n'est plus que l'ombre de lui-même et il faudra attendre le Lyon et le commerce de la soie de L. Gueneau de 1923 pour que soit publiée à nouveau une étude d'envergure sur le sujet.

En ce qui concerne le partenaire commercial privilégié des lyonnais, la Chine, on dispose d'encore moins d'études. Tout juste peut-on citer pour 1885 l'ouvrage parisien très généraliste de P. Darryl, Le monde chinois. Dans cette perspective, le compte-rendu de la Mission d'Exploration commerciale de 1895 trouve bien évidemment toute sa valeur. Preuve que les Lyonnais ne voient leurs relations avec la Chine que sous l'angle partial de leurs seuls intérêts, il faut attendre l'inauguration bien tardive de la nouvelle politique de collaboration des années 1910-1920 pour qu'enfin soient publiées les premières études sérieuses concernant le partenaire chinois avec les thèses "De la production et du commerce de la soie en Chine" de Tsing Tung chun en 1928 et "Les relations de Lyon avec la Chine" de Tcheng Tse-sio en ...1937 seulement, c'est-à-dire bien trop tard pour pouvoir influencer notablement celles-ci ou, pour être plus précis, une fois que le voile du secret sera devenu de toutes façons inutile pour protéger des relations exsangues! En fait, il aura fallu attendre que, suite à un conflit généralisé remettant en question la prétendue supériorité des Occidentaux sur le reste du monde, la perception européenne des relations entre les pays industrialisés et les pays asiatiques ait été débarrassée de ses aspects les plus dominateurs pour que la Chine, sous la pression des événements, soit désormais perçue non plus comme un "terrain de chasse colonial" mais comme un Etat souverain, et pour qu'enfin s'établissent les relations équitables, seules garantes de relations durables, que certains, parmi les plus lucides, avaient pourtant préconisées dès les années 1860.

Tout ceci explique que l'histoire commerciale lyonnaise ait longtemps souffert de nombreuses lacunes. Pour le XVIII°sc par exemple, dans l'ouvrage dont il assure la direction, Papiers d'industriels et de commerçants lyonnais, Lyon et le grand commerce au XVIII°sc (1976; 476 p.), P. Léon souligne les insuffisances des travaux sur le XVIII°sc concernant la grande métropole rhôdanienne. Cette étude ne traitant pas spécifiquement du commerce de la soie avant le XIX° siècle, nous n'avons pas insisté sur l'histoire de celui-ci avant 1800. C'est ainsi que nous avons délibérément délaissé la lecture d'ouvrages comme l'Ancien Régime du travail à Lyon, XIV-XVII° siècles (1894, 84 p.) de Natalis Rondot et les Foires de Lyon aux XV° et XVI° siècles (1914, 386 p.) de M. Brésard qui pourtant auraient certainement pu nous en apprendre beaucoup sur les techniques d'échanges commerciaux à ces époques et nous permettre de pouvoir comparer celles-ci avec celles utilisées durant l'époque contemporaine.

Par contre, nous ne sommes pas passés à côté de la magnifique étude de Labasse en 1957, Le commerce des soies à Lyon et la crise de 1811. Parmi les historiens de la Fabrique lyonnaise, Labasse est sans doute le premier à clairement percevoir la suprématie des approvisionnements et de la partie amont de la filière sur la Fabrique elle-même et ses ramifications en aval. Il comprend que moins que des progrès techniques ou des évolutions de la mode, le destin de Lyon, "ville de la soie", dépend avant tout de la faculté de ses marchands à l'approvisionner régulièrement en volumes suffisants de matière première dans les qualités voulues et au meilleur prix possible. Cette étude fondamentale guide celles de M. Laferrère et J. Bouvier avec respectivement Lyon, ville industrielle, essai d'une géographie urbaine des techniques et des entreprises en 1960 et Naissance d'une banque: le Crédit Lyonnais huit ans plus tard. Si le premier reste malgré tout encore fidèle à l'idée de la primauté de la Fabrique (mais il faut dire que l'étude est alors plus axée sur les aspects géographiques), le second ouvre une voie complémentaire à celle de Labasse en explorant les archives du Crédit Lyonnais. Dans les années 1970, trois ouvrages aux volumes impressionnants permettent à P. Cayez de s'imposer sur le terrain de l'histoire contemporaine de Lyon: "Du grand commerce à la grande industrie" en 1977 (thèse de 1254 p.), Crises et croissance de l'industrie lyonnaise, 1850-1900, 357 pages publiées sous l'égide du CNRS en 1980 et dans la foulée une Histoire de Lyon dont le seul tome 2 "pèse" à lui seul 480 pages. Puis, bizarrement, hormis une thèse de G. Crottet de 1981 portant spécifiquement sur la Fabrique, "L'évolution de la Fabrique lyonnaise de soieries au XIX° siècle: les premières formes de regroupement des métiers", plus rien. En fait, les études magistrales de P. Cayez n'avaient toujours pas résolu le problème des sources et notamment des sources statistiques indispensables à toute étude de fond.

Avec l'évolution intérieure de la Chine à partir de la fin des années 1970, notamment l'instauration d'une nouvelle politique économique, la relecture du fait colonial par les historiens et surtout l'ouverture des archives de la CCIL, accompagnée du rapatriement à Nantes de celles du consulat français de Shanghai, tout devenait possible. Relisant les travaux antérieurs et parcourant attentivement les études les plus récentes comme celles de J.L Miège (Expansion européenne et décolonisation de 1870 à nos jours; 1971), M.C Bergère (L'âge d'or de la bourgeoisie chinoise, 1911-1937 et la Chine au XX°sc, 1895-1949, respectivement 1986 et 1989), N. Wang (l'Asie orientale du milieu du XIX° à nos jours, 1993, ré-ed.), L.M Li (China's silk trade: traditional industry in the modern world, 1842-1937, 1981) ou Y.P Paillard (Expansion occidentale et dépendance mondiale, 1994) et J.N Robert (de Rome à la Chine; sur la route de la soie au temps des Césars; 1997), des perspectives nouvelles étaient désormais ouvertes.

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143. Albert Racinet, Histoire du costume, 1888 pour la 1ere édition, 1995 pour la ré-impression, Booking internatinal, 320 p.
144. Remer, Foreign investments in China
145. P. Renouvin, Histoire des relations internationales, Tome VI (1871-1914), 1955, 393 p.
146. P. Renouvin, La Question d'Extrême-Orient (1840-1940), Paris Hachette, 1946, 435 p.
147. B. Ricard, "Des consuls aux attachés commerciaux, la crise économique de 1882 et le Ministère des Affaires Etrangères", Revue d'Histoire diplomatique, 106e année, 1992 / 4, pp.343-369.
148. J. Rodes, Les Chinois, essai de psychologie ethnographique, Paris, 1923, 232 p.
149. C.M de la Roncière, P. Contamine et R. Delort, L'Europe au Moyen-Age Tome III, fin XIII-finXV°, A. Colin Coll.U, 1971, 395 p.
150. A. Rondot, Essai sur le commerce de la soie en France, 1883, 108 p.
151. N. Rondot, Rapport sur le commerce de la France avec la Chine. Lyon Perrin, 1860, 26 p.
152. N. Rondot, L'industrie de la soie en France. Lyon, impr. Mougin-Rusand, 1894, 147 p.
153. N. Rondot, La soie, production, consommation et prix, 1887, 41 p.
154. P. de Rousiers, Les grands ports de France, Paris, A. Colin, 1909, 260 p.
155. L. Rowland-Warne, Le costume et la mode, Gallimard, Les yeux de la Découverte, 1992, 64 p.
156. J. Ruotte, Opérations et travaux de banque, précis d'un cours élémentaire. Lyon, 1899 (2eme ed.), 487 p.
157. Schapira Jean, le Droit international des Affaires, PUF, QSJ? n°1465, 1986 (3em ed.), 125 p.
158. P. Scott, Le Livre de la soie, Imprimerie Nationale ed., 1993, 255 p.
159. R. Tan Shen-chi, "La condition juridique des étrangers et particulièrement des sociétés commerciales françaises en Chine", thèse, Lyon, imprimerie des Missions Africaines, 1932, 175 p.
160. Tcheng Tse-sio, "Les relations de Lyon avec la Chine", thèse, Paris, bibliothèque de l'Institut de Géographie de l'Université de Lyon et des Etudes Rhodaniennes, 1937, 182 p.
161. O. Teissier, Histoire du commerce de Marseille 1855-1874, 1878
162. Ts'ien Siang-Suen, Le port de Shangai, étude économique, Lyon, Bosc frères, 1934, 164 p.
163. Tsing Tung Chun, De la production et du commerce de la soie en Chine. Paris 1928, 228 p.
164. Vandermeersch Léon, Le nouveau Monde sinisé, Paris, PUF, 1986, 224 p.
165. Patrick Verley, Entreprises et entrepreneurs du XVIII° siècle au début du XX° siècle, Hachette Supérieur, 1994, 255 p.
166. N. Wang, L'Asie orientale du milieu du XIX° à nos jours, A. Colin, 1993, 407p.
167. Wei Tsing Sing, La politique missionnaire de la France 1842-1856, Paris, 1960, 655 p.

(source : L. Gueneau, p.46)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : P. Cayez, tableau n°20)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT, douanes, commerce spécial)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)
Remarque : Les conditions de Crefeld et Elberfeld ayant des variations en permanence autour de 100000 à 500000 kilo, leurs évolutions n’ont pas été représentées pour ne pas nuire à la lisibilité du graphique.

(source : CCIL/CRT)

(source : Ministère des Travaux Publics, 1895)

(source : N. Rondot, la soie, production, consommation et prix, 1887)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : L. Gueneau d’après les graphiques de la maison de Chabrières Morel & Cie)

source : Sauvegarde et promotion du patrimoine industriel en Vaucluse cahier n°25 « les Meynard, sériciculteurs à Valréas » (J.P. Locci et M. Baussan-Wilczynski)

(source : CCIL/CRT)

(source : P. Cayez, tableau n°1)

(source : CCIL/CRT)

(source : Pariset, 1901, p.398)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source:Pariset,1901,p.417)

(source : CCIL/CRT)

(sources : P. Cayez et CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT, commerce spécial en francs)

(source : CCIL/CRT)

(source : CCIL/CRT)

(source : Chong Su See, 1919)

(source : Chong Su See, pp.396-399)

[sources : Feuerwerker (1), Chong Su See (2) et bulletin du Comité de l’Asie Française de 1902 (3)]
Attention : Les courbes d’évolution du Japon et du total des firmes se lisent le long de l’axe des ordonnées de droite (échelle logarithmique)

(source : BCEO)

(source : ANF 12 7224)

(source : MAE Paris, NS Chine vol. 557, 1907-1910)

Source : OPM

(source : ANF 12 7224)

(source : Tsin Tun Chun ; 1928)

(source : L M Li, pp.71 et 78)

(source : L M Li, p.77)

(source : L M Li, p.74-76)

(source : L M Li, p.166)

(source : L M Li, p.79)

(source : L M Li, pp.80-81s)