Catégorie représentée par le symbole « F ». Cette catégorie de mots regroupe les noms. Antoine ARNAULD & Claude LANCELOT montrent l’origine de cette classe de mots.
‘« Les objets de nos pensées sont ou les choses, comme la terre, le soleil, l’eau, le bois, ce qu’on appelle ordinairement substance ; ou la manière des choses, comme d’être rond, d’être rouge, d’être dur, d’être savant, etc., ce qu’on appelle accident.Ce qu’on peut retenir de cette citation, c’est qu’à l’origine il y avait déjà une classe nominale avec une sous-catégorisation pour distinguer les noms substantifs et les noms adjectifs. Un peu plus loin dans la Grammaire Générale et Raisonnée de Port-Royal, les auteurs montrent aussi que les substantifs sont des noms qui subsistent par eux-mêmes dans les discours, sans avoir besoin d’un autre nom, bien qu’ils signifient des accidents. Au contraire, en opposition, les noms adjectifs, sont des noms qui doivent être joints à d’autres noms dans le discours.
Une autre constatation faite par Antoine ARNAULD & Claude LANCELOT est que même des noms qui désignent des accidents, c’est-à-dire appartiennent à la catégorie des noms adjectifs, peuvent subsister tout seul comme des noms substantifs, ce sont des noms de diverses professions, comme : artiste, philosophe, peintre, soldat, etc. Selon eux : ‘ « Et ce qui fait que ces noms passent pour substantifs, est que pouvant avoir pour sujet que l’homme seul, au moins pour l’ordinaire, et selon la première imposition des noms, il n’a pas été nécessaire d’y joindre leur substantif, parce qu’on l’y peut sous-entendre sans aucune confusion, le rapport ne s’en pouvant faire à aucune autre ; et par-là ces mots ont eu dans l’usage ce qui est particulier aux substantifs, qui est de subsister seuls dans le discours.» ’ 113 .
Ainsi, cette citation vient corroborer la démarche suivie par Alain BERRENDONNER, lorsqu’il met les substantifs et les adjectifs dans une même catégorie, appelée « F ». Celso CUNHA & Lindley CINTRA montre aussi qu’on trouve le même phénomène dans la langue portugaise :
‘« Le rapport entre le substantif (terme déterminé) et l’adjectif (terme déterminant) est trop étroit. Ce n’est pas rare, il y a une forme unique pour les deux classes de mots et, dans ce cas, la distinction ne peut être faite que dans la phrase. Comparez, par exemple :Ils arrivent à la conclusion que la distinction entre substantifs et adjectifs obéit à un critère purement syntaxique, fonctionnel. Il me semble que dans ce cas, on peut résoudre le problème en tenant compte de la proximité du déterminant, c’est-à-dire, en considérant comme substantif le terme qui est le plus proche du déterminant.
Nous avons montré que le problème de classification de mots dans la catégorie des nominaux en portugais ressemble à celui du français. Le contexte établi pour caractériser les noms e adjectifs dans la langue française peut être établi aussi pour le portugais :
Où « D » représente un élément de la catégorie des prédéterminants. « X » est une éventuelle séquence régie par l’élément nominal à tester. Exemples :
Les exemples corroborent les exemples donnés par Celso CUNHA & Lindley CINTRA, parce que les quatre formes sont acceptables, velha et negra peuvent jouer le rôle de substantif ou d’adjectif dépendant du contexte. Or, l’exemple d’application fonctionne avec les exemples en portugais, nous ne sommes pas sûr que les mêmes exemples puissent fonctionner en français car la façon d’exprimer les choses en portugais ne sont pas toujours comme en français.
Cependant, d’autres mots ne jouent qu’un seul rôle, soit substantif, soit adjectif.
Exemples :
Les exemples (5) et (8) sont des phrases acceptables, tandis que les phrases (6) et (7) ne le sont pas. Il s’agit de mots qui jouent un seul rôle, c’est-à-dire, sistema (système) est un substantif alors que substancial (essentiel) est un adjectif.
Ainsi, il faut créer une variable de sous-catégorisation NA pour indiquer plus précisément le rôle qu’un mot peut jouer dans un syntagme nominal. Ainsi, cette variable peut avoir les valeurs suivantes :
Il faut aussi distinguer les formes fléchies des mots, en genre et en nombre, ce qui implique deux autres variables :
D’autres variables sont encore nécessaires pour l’identification des SN. Nous avons vu dans l’étude sur l’omission d’articles devant quelques syntagmes nominaux, dans le chapitre précédant qu’une des marques souhaitables pour être repérée est de savoir s’il est concret ou abstrait.
Nous sommes tentés, tout d’abord, d’adopter les traits matériels et immatériels au lieu d’adopter les traits concrets et abstraits. Cependant, il nous semble que la valeur abstraite est plus appropriée car le trait d’immatériel n’est qu’une des acceptions du terme « abstrait ». Selon Marc WILMET, ‘ « Le constat vaut aussi des NA, avec la circonstance aggravante que la polysémie du verbe abstraire et de l’adjectif abstrait a produit au moins sept acceptions concurrentes. » ’ 115 . Selon lui ces acceptions sont : extrait, immatériel, général, conceptuel, abscons, réduit ou subduit, dérivé. Ainsi nous avons résolu de laisser comme valeur pour cette variable CON et ABS.
En ce qui concerne les adjectifs, il faut repérer une caractéristique spécifique de ces unités. Nous allons montrer dans le chapitre prochain, le rôle des adjectifs de relation dans la syntaxe du syntagme nominal. Ces genres d’adjectifs cache, à l’intérieur, un syntagme prépositionnel. Ce qui leur donne un caractère d’adjectif complexe. Normalement, un N + A donne un N. Pourtant, un N + A’ ne donne pas un N, mais un N’ puisque l’adjectif complexe contient un syntagme prépositionnel à l’intérieur. C’est-à-dire :
Exemple : Le café brésilien (D’ + N + A’) où A’ est un adjectif de relation.
« brésilien » est un adjectif de relation qui peut être remplacer par « du Brésil ». Le syntagme présenté dans l’exemple peut donc être réécrit comme « Le café du Brésil ». L’adjectif de relation « brésilien » contient donc un syntagme prépositionnel (« du Brésil »). La réécriture de ce syntagme est :
D’ + N + P’ + D’ + N
Si nous réduisons cette description, étant donné que D’ + N peut être réécrit comme D’ + N’ et finalement comme N’’, la description peut être réécrit comme :
D’ + N + P’ + N’’
Or, P’ + N’’ est un syntagme prépositionnel, donc un SP :
D’ + N + SP
Et N + SP peut être réécrit comme N’ :
(D’ + N’)N’’
Ainsi, nous avons établi une autre variable pour caractériser les mots qui peuvent jouer le rôle d’un adjectif de relation :
Nous avons dit que « les mots qui peuvent jouer le rôle d’un adjectif de relation » parce que ces adjectifs peut aussi jouer le rôle d’un adjectif de qualité selon le contexte. Nous reviendrons à cette discussion dans la grammaire de reconnaissance et d’extraction des SN.
Bien que nous n’allions pas traiter ici des résolutions des éléments anaphoriques, il est prudent de prévoir quelques variables qui pourront être utilisés par des futurs travaux relatifs à la résolution de ces éléments. C’est pourquoi nous envisageons déjà deux variables : a) une variable utilisée pour sous-classer les unités F et Y en fonction de l’axe animé / inanimé ; b) une autre variable pour indiquer la flexion en personne de quelques-unes unes des unités classées comme F et Y. Ainsi :
ANN pour indiquer le caractère non marqué par rapport au trait animation.
En ce qui concerne la flexion en personne, nous avons adopté la même démarche utilisée par Alain BERRENDONNER 116 que s’est basé sur un travail de Émile BENVENISTE prouvant que l’utilisation de la flexion en nombre pour opposer le pronom personnel « eu » (je) et « nós » (nous), tu (tu) et vós (vous) est insuffisant. Émile BENVENISTE en conclut en disant : ‘ « La distinction ordinaire de singulier et de pluriel doit être sinon remplacée, au moins interprétée, dans l’ordre de la personne, par une distinction entre personne strict (‘singulier’) et personne amplifiée (= ‘pluriel’) Seule la troisième personne, étant non-personne, admet un véritable pluriel. » ’ 117 . Les pronoms personnels (eu [je], tu [tu], ele [il], ela [elle], nós [nous], vós [vous], eles [ils], elas [elles]), sont employés de la même façon que leur respectifs en français. La seule différence est qu'en portugais il n’y a pas d’équivalent au pronom « on ». Mais les observations de Émile BENVENISTE sont aussi valables pour le portugais. C’est pourquoi nous allons adopter la même variable et leurs valeurs adoptées pour le français :
Antoine ARNAULD & Claude LANCELOT. Grammaire Générale et Raiosonnée de Port-Royal. Généve : Slatkine Reprints, 1993. p. 48-49.
Antoine ARNAULD & Claude LANCELOT. Grammaire Générale et Raiosonnée de Port-Royal. Généve : Slatkine Reprints, 1993. p. 50.
« É muito estreita a relação entre o substantivo (termo determinado) e o adjectivo (termo determinante). Não raro, ha uma única forma para as duas classes de palavras e, nesse caso, a distinção só podera ser feita na frase. Comparem-se por exemplo :
Uma preta velha vendia laranjas.
Uma velha preta vendia laranjas.
Na primeira oração, preta é substantivo, porque é a palavra-núcleo, caracterizada por velha, que por sua vez, é adjectivo na medida em que é a palavra caracterizadora do termo-núcleo. Na segunda oração, ao contrario, velha é substantivo e preta adjectivo. » citation extrait de Celso CUNHA & Lindsey CINTRA. Nova gramática do português contemporâneo. Lisboa : Edições João Sa da Costa, 1984. p. 248.
Marc WILMET. « A la recherche du nom abstrait ». In. : Nelly FLAUX, Michel GLATIGNY et Didier SAMAIN. Les Noms Abstraits : histoire et théorie. Collection Sens et Structures. Paris : Presses Universitaires du Septentrion, 1996. p. 67.
Alain BERRENDONNER. Grammaire pour une analyseur :aspects morphologiques. Les Cahiers du Criss. Grenoble :Centre de Recherche en Informatique appliquée aux Sciences Sociales. Université des Sciences Sociales de Grenoble, Novembre, 1990. p. 34.
Émile BENVENISTE. Problèmes de linguistique générale, 1. Collection TEL. Éditions Gallimard, 1966. p. 235-236.