2.3. Les agents de socialisation

Les principaux agents de socialisation sont la famille, l'école, les pairs, les médias et le monde du travail246. Les médias ont un statut à part dans la mesure où d'une part il ne s'agit pas d'un groupe social identifiable et d'autre part leur action est diffuse et s'adresse à l'ensemble de la collectivité.

Certains groupes ou institutions ont pour but explicite la socialisation de leurs membres, c'est le cas de la famille et de l'école (de même que des églises et des sectes). Leur action socialisante concerne la personne dans sa globalité. Lorsque la socialisation n'est pas un but explicite (entreprise, groupe des pairs), celle-ci ne vise plus une modification globale de la personnalité, même si certains milieux tels que le groupe des pairs peuvent avoir une influence notable sur le comportement.

La socialisation primaire concerne la période de l'enfance où s'exerce prioritairement l'influence de la famille, de l'école et du groupe des pairs. La famille joue un rôle primordial puisqu'elle assure la structuration de la personnalité durant les premières années de vie, période où l'enfant est particulièrement malléable.

Beaucoup plus neutre affectivement que la famille, l'école représente un milieu d'apprentissage tant de connaissances spécifiques que de normes et valeurs propres à la culture dominante (compétitivité, besoin de réussite, etc.).

Quant au groupe des pairs, plus l'enfant évolue vers l'adolescence plus son influence se fait grande. Si l'importance d'un tel groupe chez l'adolescent varie en fonction du degré d'autonomie face aux parents247, il offre dans tous les cas un moyen d'émancipation vis-à-vis du milieu familial par le biais de la confrontation aux normes de la "culture jeune".

Au cours de l'âge adulte l'apprentissage de normes et de valeurs se poursuit, bien que de façon moins intensive. Cette socialisation secondaire débute avec l'entrée dans l'âge adulte, lequel correspond à un double mouvement : un départ (de la famille, de l'école) et une entrée (dans le travail, dans la conjugalité)248. Ces étapes de transitions mettent à l'épreuve les capacités d'adaptation de l'individu, il en va de même pour d'autres événements ultérieurs tels qu'un changement d'emploi ou la naissance d'un enfant.

Le travail joue un rôle de socialisation essentiel, car bien que les fonctions qu'il offre peuvent toutes se retrouver dans d'autres types d'activités, le travail présente l'avantage de toutes les rassembler. L'emploi donne une structuration temporelle à la journée, il enrichit la vie d'expériences et de contacts variés en dehors de la cellule familiale. De plus, le vécu de l'interdépendance dans l'exécution des tâches concrétise l'idée de but commun, enfin, il contribue à définir le statut et l'identité sociale de l'individu en lui donnant une position dans la structure sociale. L'ensemble des fonctions249 que remplit le travail pour l'être humain permet de comprendre l'impact négatif du chômage sur la vie psychique.

Notes
246.

R. Campeau et al., Individus et sociétés. Introduction à la sociologie, Québec, Gaëtan Morin ed., 1993.

247.

K. Hurrelman, Mal de vivre à l'adolescence, in : P. Tap et H. Malewska-Peyre, op. cit.

248.

O. Galland, Sociologie de la jeunesse, Paris, A. Collin, 1991, cité par C. Nicole-Drancourt et L. Roulleau-Berger, in : L'insertion des jeunes en France, Paris, PUF, 1995.

249.

M. Roques, Les effets psychologiques du chômage, in : P. Tap et al., op. cit.