3.3. Entretien structuré pour l'évaluation des troubles de la personnalité

Avec un petit nombre de sujets, l'évaluation de la psychopathologie a été faite de manière plus approfondie à l'aide d'un entretien structuré conçu pour l'évaluation des troubles de la personnalité selon la nosologie DSM-III-R367 et CIM-10. Il s'agit d'une traduction française du Personality Disorders Examination (PDE) élaboré dans le cadre de l'International Pilot Study on Personality Disorders 368.

L'entretien structuré complet permet d'obtenir un score dimensionnel pour chacun des treize troubles de la personnalité du DSM-III-R. La fiabilité interjuge s'est avérée très satisfaisante et la fidélité test-retest bonne369.

Chaque critère diagnostique fait l'objet d'une ou de plusieurs questions formulées de manière à recueillir des informations cliniques sur la psychopathologie durable et permettant d'évaluer si le patient satisfait ou non le critère concerné. Les questions sont lues au patient et les réponses sont cotées de la manière suivante : le trait ou comportement peut être jugé absent (0), présent mais de signification clinique incertaine (1), présent cliniquement (2) ou encore la réponse peut être jugée non pertinente (?).

En dernier ressort, la passation d'un tel entretien fait avant tout appel au jugement clinique de l'interviewer.

Exemple :

En raison de la longueur du temps de passation pour la version complète de l'entretien (entre 4 et 6 heures), nous n'avons sélectionné qu'une partie des critères. Notre choix s'est porté sur les critères du trouble limite 370 et quelques autres critères qui nous ont semblé pertinents pour effectuer une évaluation clinique de la personnalité371. Ces derniers concernent l'anxiété sociale (troubles schizotypique et évitant), l'irritabilité (dyssocial), l'intolérance à la solitude (dépendant), l'anxiété (évitant), les conduites de risque (antisocial), les croyances bizarres ou la pensée magique (schizotypique), les expériences perceptives inhabituelles (schizotypique) et les idées de référence non délirantes (schizotypique).

L'ensemble des critères utilisés (cf. annexe 9) est réparti en cinq sections, chacune d'entre elles débutant habituellement par une question générale ouverte. Les cinq sections concernent les domaines suivants :

  1. Le moi

  2. Les relations interpersonnelles

  3. Les affects

  4. L'appréhension de la réalité

  5. Le contrôle des impulsions

Les entretiens ont été enregistrés sur cassettes audio, puis retranscrits de façon résumée et rédigés sous forme de comptes-rendus cliniques. Lorsque la somme des critères positifs est supérieure ou égale à cinq, le diagnostic de trouble limite de la personnalité peut être posé.

Notes
367.

Le DSM-IV n'étant alors pas encore disponible.

368.

WHO/ADAMHA, Research protocol international pilot study of personality disorders. 1987.

369.

A. W. Loranger, V. Lehman Susman, J. M. Oldman & L. M. Russakoff, The personality disorder examination: a preliminary report, Journal of personality disorders, 1987, 1 (1), pp. 1-13.

D. B. Marin, T. A. Widiger , A. J. Frances, S. Goldsmith & J. Kocsis, Personality disorders: issues in assessment, Psychopharmacology Bulletin, 1989, Vol. 25, 4, pp. 508-514.

370.

Nous avons sélectionné le trouble limite de la personnalité pour différentes raisons. D'une part, la prévalence de ce trouble est importante dans les populations de toxicomanes car il comporte des caractéristiques directement en rapport avec les comportements addictifs, à savoir l'impulsivité. D'autre part, le trouble limite se prête bien pour une évaluation générale de la personnalité car il est multidimensionnel. Il comporte en effet des critères évaluant l'humeur, certains mécanismes de défense (idéalisation), l'identité et les relations interpersonnelles.

A côté du trouble limite, nous disposons également des informations nécessaires au diagnostic de personnalité antisociale. Ces informations étant de nature plutôt factuelle, elles ont pu être recueillies pour un nombre plus grand de sujets (cf. approche quantitative).

371.

L'entretien structuré dans la forme abrégée que nous avons utilisée figure en annexe.