4.3. Evaluation des antécédents psychiatriques : troubles dépressifs, conduites autodestructrices et psychopathologie générale

Une partie du questionnaire interne de demande de cure concerne les problèmes psychologiques survenus depuis l'enfance. Une question ouverte et une série de questions fermées investiguent les symptômes les plus fréquents (énurésie nocturne, cauchemars, onychophagie, fugue, tentative de suicide, dépression). A partir de ces données, deux variables ont été construites qui concernent les difficultés survenues d'une part durant l'enfance (avant 12 ans) et d'autre part durant l'adolescence (entre 12 et 20 ans).

Les réponses à la question ouverte comportent un aspect subjectif puisqu'il est demandé au sujet d'apprécier s'il pense avoir éprouvé des difficultés psychologiques durant l'enfance et l'adolescence. Ainsi, certaines réponses telles que des difficultés relationnelles avec les parents ont été considérées comme un trouble, même si elles ne correspondent pas aux catégories nosologiques habituelles. C'est pourquoi nous avons préféré dénommer ces deux variables par le terme général "problèmes psychologiques" plutôt que "troubles psychiques".

Une évaluation plus objective des antécédents psychiatriques a toutefois été possible grâce à la prise en compte des consultations psychiatriques durant l'enfance et l'adolescence.

Un indice de conduites autodestructrices concerne le nombre de tentatives de suicide et d'overdoses avec hospitalisation, coefficient deux, puis additionné aux overdoses sans hospitalisation, ces dernières n'étant pas pondérées car d'intentionnalité destructrice moins évidente.

En complément de ces renseignements déjà existants dans les dossiers nous avons évalué d'autres domaines de la psychopathologie. Il s'agit du diagnostic de personnalité antisociale DSM-III-R, dont la première partie équivaut aux troubles des conduites378 avant l'âge de 15 ans, des épisodes psychiatriques durant la cure de méthadone et des troubles dépressifs récents (au cours des six derniers mois).

Les troubles dépressifs récents (au cours des six derniers mois) ont fait l'objet d'une évaluation abrégée379 basée uniquement sur les critères de base du DSM-III-R (période d'humeur dépressive ou perte d'intérêt / de plaisir aux activités, durée de plus de deux semaines, avec ou sans idées suicidaires). Cette évaluation abrégée est donc moins sélective que celle requise pour le diagnostic d'épisode dépressif majeur du DSM-III-R.

Les antécédents psychiatriques (âge adulte et adolescence) font également l'objet d'une variable combinée : consultations psychiatriques depuis le début de l'adolescence, problèmes psychologiques durant l'adolescence, conduites autodestructrices (cf. plus haut) et épisodes psychiatriques durant la cure en sont les constituants. Le score final à l'indice varie entre 0 (absence d'antécédent psychopathologique) et 4 (antécédents psychopathologiques maximum).

Notes
378.

Les troubles des conduites représentent un aspect de la psychopathologie qui concerne aussi les phénomènes de déviance, c'est pourquoi les critères constitutifs de ce diagnostic auraient également pu être utilisés pour évaluer certains aspects de l'intégration sociale du toxicodépendant durant l'adolescence.

379.

Une étude américaine a montré que l'utilisation d'une évaluation abrégée de la dépression était fiable : H. M. Ginzburg et al., Suicide and depression among drug abusers, National Institute on Drug Abuse, Division of Clinical Research, Rockville, Maryland, 1985.