1.3. Toxicomanie et psychopathologie

1.3.1. Introduction et hypothèses

Nous allons maintenant mettre en évidence le rôle de la psychopathologie dans la prise de toxiques. Un modèle explicatif de la toxicomanie souvent avancé dans la littérature psychiatrique est celui de l'automédication de troubles psychiques divers et principalement ceux du registre dépressif. C'est pourquoi nous chercherons à vérifier si la consommation de drogues joue effectivement un tel rôle.

Cet aspect autothérapeutique de la prise de drogues peut aussi être envisagé comme étant à l'origine du besoin d'adhérer à une communauté alternative. Ceci est particulièrement présent chez ceux qui localisent l'origine de leurs souffrances psychiques dans la société elle-même en l'accusant de tous les maux. Un tel mécanisme projectif caractérise en effet les personnalités psychopathiques qui tendent à rejeter sur l'extérieur la responsabilité du mal-être qu'ils ressentent. Ces sujets peuvent donc imaginer qu'ils trouveront dans la sous-culture drogue des normes et des valeurs qui leur donneront accès à des modes de vie plus gratifiants.

Ainsi, l'abus de drogues en lui-même serait secondaire face à l'apport du sentiment d'appartenance au groupe déviant. Il en résulte que ces individus seraient beaucoup moins en recherche d'une substance thérapeutique que d'une communauté thérapeutique.

Quoiqu'il en soit, c'est bien l'idée de la psychopathologie envisagée comme une motivation à adopter un mode de vie alternatif qui fonde l'hypothèse déjà formulée, selon laquelle on s'attend à trouver une élévation des indices de psychopathologie parmi ceux dont la toxicomanie est la plus intense.

Les instruments utilisés ont déjà été décrits (cf. méthode), il s'agit d'une part des questionnaires officiels et internes de demande de cure qui contiennent des éléments anamnèstiques standardisés. Ces questionnaires ont été complétés avec quelques questions supplémentaires posées lors d'un entretien afin d'évaluer certains aspects de la psychopathologie actuelle et les antécédents psychiatriques durant la cure de méthadone. D'autre part, deux autoquestionnaires de psychopathologie : un test de personnalité dérivé du MMPI et un questionnaire de dépression (le QD2) ont servi de moyen d'évaluation de la psychopathologie générale actuelle.