1.3.4. Synthèse des résultats

L'analyse des résultats concernant les liens entre la toxicomanie et la psychopathologie a montré que globalement les relations entre les deux domaines étaient plutôt faibles. Dans ce sens nos hypothèses ont été partiellement infirmées.

Les antécédents psychopathologiques ont révélé une influence nulle ou très faible sur la consommation de psychotropes quelle que soit la période d'apparition prise en compte (enfance, adolescence, âge adulte).

Parmi les antécédents psychopathologiques, seule une variable446, l'indice de tendances autodestructrices (overdoses, tentatives de suicide), a montré un lien significatif, bien que faible, avec l'intensité de l'abus de toxiques, mais seulement lorsqu'on envisage ceux-ci tout au long de la cure.

Concernant les variables investiguant des troubles psychiques récents, deux d'entre elles ont montré une relation significative avec les prises de psychotropes au cours des six derniers mois.

La première, les troubles dépressifs récents (au cours des six derniers mois) se sont en effet avérés être liés à la toxicomanie ; les sujets dépourvus de symptômes consommant légèrement moins que ceux ayant connu des symptômes dépressifs légers ou forts447.

Un lien semblable a également pu être mis en évidence par le biais d'un second indicateur de psychopathologie : la prescription de médicaments psychotropes. Les personnes suivant un tel traitement consomment sensiblement plus de toxiques que ceux qui n'en suivent pas.

L'évaluation de la psychopathologie actuelle par le biais d'un questionnaire de personnalité dérivé du MMPI et d'un questionnaire d'état dépressif (QD2) n'a pour sa part révélé aucun lien significatif avec l'intensité de la consommation de psychotropes448. Relevons néanmoins que la prévalence des troubles dépressifs (évaluée grâce au QD2) dans notre échantillon (18%), est supérieure à la norme (7%) tout en restant inférieure à celle rencontrée dans une population de patients psychiatriques.

Pour résumer ce sous-chapitre centré sur l'étude des liens entre psychopathologie et toxicomanie, retenons que tant les antécédents psychiatriques, que les troubles de la personnalité actuels, n'ont pas montré de liens avec la prise de drogues récente, et que seuls les troubles dépressifs récents se sont avérés être accompagnés d'une consommation légèrement accrue de psychotropes 449.

Ce constat relativise quelque peu le rôle de la psychopathologie générale dans la poursuite de la toxicomanie durant la cure de méthadone, et tend à limiter celui-ci aux troubles dépressifs, tout en gardant à l'esprit qu'il s'agit d'une influence faible en comparaison aux variables de la sphère psychosociale.

L'hypothèse du rôle d'automédication joué par l'abus de psychotropes pourrait concerner une petite catégorie de patients à l'humeur instable ou dépressive, mais sa valeur explicative reste très partielle.

Notes
446.

Les épisodes psychiatriques durant la cure ont également montré un lien avec la toxicomanie sur la durée totale de la cure, toutefois le seuil de signification n'a pas été atteint.

447.

Deux degrés de dépression basés sur la durée supérieure ou non à deux semaines de l'épisode dépressif.

448.

La psychopathologie durable s'est révélée moins fréquente chez les faibles consommateurs, mais sans atteindre toutefois le seuil de signification.

449.

Par ailleurs, ceci ne préjuge en rien du sens de la causalité troubles dépressifs - abus de toxiques.