1.4.2. Antécédents de déviance scolaire et de délinquance

La déviance scolaire est évaluée au moyen de trois variables : l'intérêt pour l'école, les problèmes de discipline et l'école buissonnière. En fonction de l'instabilité professionnelle, des différences apparaissent pour chacune de ces variables, bien que faiblement significatives.

Ainsi, 28% des sujets stables professionnellement avaient un bon intérêt pour l'école contre 16% des instables (N = 76, NS). Trente-trois pour-cent des stables ont connu des problèmes importants de discipline contre 56% des instables (p = .06, NS). Et enfin, 40% des stables répondent avoir souvent fait l'école buissonnière contre 64% des instables (p = .05).

La combinaison de ces trois variables permet d'obtenir un indice de déviance scolaire (cf. méthode) allant de 0 à 6. Les scores moyens sont significativement différents en fonction des groupes de sujets stables professionnellement et instables (3,0 VS 4,2, p = .01).

Une dernière variable concernant le parcours scolaire recense les sujets n'ayant pas terminé le cursus habituel de l'école obligatoire. Il s'agit de sujets qui ont quitté l'école sans avoir accompli le neuvième degré, l'institution scolaire ne les ayant pas gardé généralement en raison de problèmes de comportement. Les instables professionnellement ont plus fréquemment connu ce parcours que les stables (28% VS 8%, p = .03).

On constate donc que les difficultés d'adaptation professionnelle, que connaissent près du tiers des patients évalués, trouvent en partie leur origine dans les modalités d'interactions avec les institutions scolaires propres à la période du début de l'adolescence.

Quant à la délinquance juvénile, le fait d'avoir eu affaire au tribunal des mineurs n'est pas lié à l'instabilité professionnelle. Pourtant, la combinaison de cette variable avec l'indice de déviance scolaire, l'arrêt prématuré de l'école et l'usage précoce de drogues en un indice unique (allant de 0 à 4) montre que la déviance générale précoce est nettement supérieure chez les instables en comparaison aux stables (2,2 VS 1,4, p = .002, N = 72).

Les condamnations à l'âge adulte s'avèrent par contre tout à fait indépendantes de l'instabilité professionnelle, ce qui amène d'une part à minimiser le poids de la stigmatisation inhérente au fait d'avoir un passé judiciaire, et d'autre part à considérer ce type de passages à l'acte comme déterminé principalement par des phénomènes conjoncturels liés au monde de la drogue.