Si le domaine socio-relationnel a révélé un nombre important de variables liées à la toxicomanie (état civil, type de partenaire, mode d'habitation), ce n'est pas du tout le cas en ce qui concerne l'instabilité professionnelle. En effet, aucune des variables propres à ce domaine ne s'est avérée être liée avec notre variable indépendante.
La présence ou l'absence de partenaire sexuelle, la présence d'une partenaire toxicomane ou non, de même que la durée de la relation ne varient pas en fonction de la stabilité professionnelle. Il en va de même pour le fait d'habiter seul ou de cohabiter. L'instabilité relationnelle, telle qu'on peut l'évaluer ici, n'est donc pas liée à l'instabilité professionnelle.
Ces résultats montrent que nous ne sommes pas face à une population fortement marginalisée en proie à l'isolement social. Même si le risque d'exclusion sociale est toujours présent chez les usagers d'héroïne, dans le cas présent les liens sociaux paraissent conservés malgré les conditions de vie difficiles du chômage, de l'assistance publique ou de la rente invalidité propres aux instables professionnellement.
Quelques variables du domaine socio-économique sont par contre significativement différentes chez les stables451. En effet, on trouve chez eux :
plus de détenteurs d'un diplôme (69% contre 44% chez les instables, p = .03, N = 77) ;
des catégories socioprofessionnelles légèrement plus élevées (13,5% d'ouvriers contre 36% d'ouvriers chez les instables, p = .02, N = 77) ;
des revenus beaucoup plus élevés (moyenne : 3549 FS/mois contre 1920 FS/mois chez les instables, p = .00007, N = 76).
Par contre les dettes ne sont pas plus importantes chez les instables, alors qu'on aurait pu s'y attendre.
Le groupe des instables est donc bien plus défavorisé tant en ce qui concerne le niveau socioculturel atteint que l'aisance économique.
Il est évident qu'on ne va pas s'intéresser ici aux variables de la sphère professionnelle qui ont servi à l'élaboration de l'indice.