1.4.4. Antécédents psychiatriques et troubles dépressifs récents

Il est indéniable qu'un certain degré de psychopathologie rend plus difficile, voire impossible l'insertion dans le monde du travail conventionnel. C'est la raison pour laquelle il était nécessaire dans notre recherche d'évaluer le poids respectif de la toxicomanie et de la psychopathologie quant aux difficultés d'insertion professionnelle des patients en cure de méthadone.

Si les antécédents psychiatriques infantiles ne présentent pas de liens avec l'instabilité professionnelle, ce n'est pas le cas de ceux propres à la période de l'adolescence. En effet, alors que seuls 18% des sujets stables professionnellement mentionnent avoir vécu des troubles psychiques durant l'adolescence, c'est le cas de 47% des instables (p = .007, N = 76). Un tel résultat se retrouve en ce qui concerne les troubles des conduites qui apparaissent 2,2 fois plus souvent chez les instables (24% VS 52%, p = .02, N = 65). Les conduites regroupées sous cette catégorie concernent toutes des transgressions de normes sociales (école buissonnière, fugues, bagarres, mensonges, vols, etc.), il n'est donc pas étonnant qu'elles soient annonciatrices de difficultés d'intégration sociale ultérieures.

Concernant les antécédents psychopathologiques sur l'ensemble de la vie (adolescence et âge adulte) évaluée par le biais de l'indice élaboré à cet effet452, on constate nettement plus d'antécédents de troubles psychiques chez les sujets instables professionnellement que chez les stables (1,8 VS 1,1, p = .007, N = 65).

L'évaluation de la psychopathologie récente révèle chez les instables une légère supériorité des troubles dépressifs légers et graves confondus (83% VS 58%, p = .04) de même qu'une prescription de psychotropes presque deux fois plus fréquente que chez les stables (50% VS 27%, p = .04). La désinsertion professionnelle constitue donc un facteur de risque quant aux troubles dépressifs.

Notes
452.

L'indice d'antécédents psychiatriques regroupe quatre variables : les consultations psychiatriques dès 12 ans, les problèmes psychologiques à l'adolescence, l'indice de conduites autodestructrices et les épisodes psychiatriques durant la cure. A l'exception des difficultés psychologiques durant l'adolescence, aucune de ces variables prises séparément ne présentent de différence significative en fonction des deux groupes de sujets stables professionnellement et instables.

Concernant les conduites autodestructrices, lorsqu'on les retire de l'indice de psychopathologie générale on obtient même une meilleure différenciation entre les groupes de sujets stables et instables (p = .003). Ce domaine de la psychopathologie apparaît donc comme dépourvu de lien avec la désinsertion professionnelle.