1.2.2. La corrélation chronologique

Le fait que les parties de notre corpus s’échelonnent dans le temps - les quatre périodes qui y sont représentées prennent place dans une structure sérielle - nous autorise à mettre à profit un autre type de calcul : celui d’un coefficient de corrélation chronologique dit de Bravais-Pearson. Cet indice est calculé en comparant, pour chaque forme dont la fréquence est supérieure à 10 occurrences, les valeurs de son écart réduit au rang de chacune des périodes (rang attribué selon l’emplacement dans la succession logique des parties). L’objectif est d’obtenir une valeur variant de -1 à +1. Une forme qui tend vers +1 est de plus en plus employée. En sens inverse, une forme qui tend vers -1 est progressivement abandonnée. Plus l’indice se rapproche de 0 et plus la dépendance entre rangs est faible. L’indépendance parfaite entre deux caractères est avérée lorsque le coefficient est égal à 0. Nous ferons cependant un usage modéré de ce coefficient dans la mesure où les paires d’observation sont limitées (il n’y a que quatre périodes en cause). Dans notre cas, l’intervalle significatif de part et d’autre de 0 est en effet très large, ce qui place à une hauteur considérable le seuil de rejet de l’hypothèse nulle : 0.95. Autrement dit, seules les formes placées entre +0.95 et +1.00 (ou -0.95 et -1.00) pourront prêter à commentaire120.

Si nous avons tenu à évoquer ici la corrélation chronologique et, un peu plus en amont, l’intérêt qu’il y a à isoler, parmi les formes qui nous intéressent, celles qui sont communes aux quatre périodes et non spécifiques, c’est dans un souci de présentation cohérente. L’un et l’autre de ces critères ne seront abordés que dans les deux prochaines sections, en particulier lorsqu’il s’agira de les confronter avec les graphiques obtenus par le biais de l’analyse factorielle des correspondances. Cette autre méthode sera présentée au début de la deuxième section. Pour le moment, c’est d’un tout autre domaine dont il va être question : les profils des termes ressortissant à la modalisation (dans la visée restreinte qui est la nôtre) et à l’enchaînement logique dans le discours éditorial de Lyon-Libération.

Notes
120.

Pour une présentation complète des phases successives de calcul qui aboutissent au coefficient de corrélation de Bravais-Pearson, cf. Charles Muller, Initiation aux méthodes de la statistique linguistique, Paris, Champion, 1993, pp.157-165. La valeur significative de 0.95 a une probabilité de 5 % d’être atteinte ou dépassée avec 2 degrés de liberté (4 périodes - 2). Il est à noter que la table de coefficient de corrélation publiée à la fin de l’ouvrage de C. Muller (op. cit., p. 180) débute à 5 degrés de liberté. La valeur de 0.95 nous a été fournie par l’ordinateur.