2.3. Pouvoir et savoir

Des formes qui ressortissent à la catégorie des modalités actualisantes, seules sont pourvues d’un écart réduit significatif :

A la lecture d’une telle répartition, on serait tenté de rapprocher les première et troisième périodes en faisant remarquer qu’elles usent toutes deux du conditionnel, qu’elles appliquent cependant à deux termes différents (ce que souligne particulièrement la forte sous-représentation de « pourrait » dans la première période, alors même que « saurait » s’y trouve privilégiée). Quand on y regarde de plus près, on constate que ce dernier item est décliné exclusivement sous la forme ne + saurait + infinitif. Or, dans cette tournure (qui sert à exprimer la modalisation assertive), il est admis que la valeur de savoir est proche de celle de pouvoir 171. De telle façon qu’il est possible de retranscrire un énoncé comme « Si personne, en l’état des choses ne saurait prétendre au monopole du modernisme dans la classe politique lyonnaise (...) »172 en remplaçant « ne saurait prétendre » par « ne peut prétendre », ce qui aboutit au final à réécrire l’énoncé de départ sous la forme suivante : « S’il est impossible, en l’état des choses, que quiconque puisse prétendre au monopole (...) ». A ce titre, « saurait » est sans doute plus proche de « peut » sur-employé dans la deuxième période que de « pourrait », qui l’est dans la troisième. A l’examen, on se rend compte que ce rapprochement s’avère d’autant plus justifié que les environnements de ces deux formes se caractérisent par l’emploi de « on » et, dans une moindre mesure, d’indéfinis tels « personne » ou « nul », alors même que « pourrait », dans la troisième période, est accompagné prioritairement de termes définis. Le calcul de l’écart réduit de l’expression « on peut » dans la deuxième période a révélé une valeur significative (+2.8), seuil non atteint lorsque le calcul prend appui sur les occurrences restantes de « peut » dans cette même partie du corpus173. Nous touchons là certainement à une distinction majeure quant à la manière dont Lyon-Libération a recours aux modalités actualisantes dans son discours éditorial. Nous n’insisterons donc guère sur les contextes d’emploi, d’ailleurs fort disparates, tant ce qui nous paraît important de retenir dans un premier temps est l’enjeu susceptible de sous-tendre l’utilisation par Lyon-Libération de tournures impersonnelles dans son discours éditorial. A ce titre, nous pourrions placer en exergue cette citation extraite d’un article que Françoise Atlani a consacré à ce qu’elle appelle “on l’illusioniste” et dans lequel elle s’est essayée - en vain selon elle - à déceler l’homogénéité du on français sous l’hétérogénéité de son fonctionnement discursif :

‘Etymologiquement, on, c’est homo, n’importe qui, tout le monde, les gens, tout sujet à condition qu’il soit indéfini. Qu’il soit un sujet l’autorise à prédiquer quelque chose de il ; qu’il soit indéfini signifie que, comme tout pronom personnel sujet, il remplace un nom propre, mais qui est dispensé d’avoir à se désigner. On, c’est nous, moi qui vous parle et vous qui m’écoutez ; c’est tout le monde et n’importe qui, sauf il, le seul terme défini du discours...174

C’est la raison pour laquelle nous avons cru bon associer à « on » des items comme « personne » ou « nul » du moment qu’ils s’appliquent eux aussi à un sujet humain. A ce titre, Françoise Atlani admet que dans ses interprétations possibles, on ‘“peut tout autant être la classe être humain caractérisée comme hors de la parole, par opposition à celle de être humain parlant”’ 175. Cette deuxième classe se trouve attestée dans notre corpus par le biais d’énoncés comme ceux-ci, présents dans la deuxième période :

‘Des idées, cette ville et sa région en ont. On ne peut pas dire pour autant qu’elles fassent figure, à la veille de l’ouverture du grand marché, de locomotives industrielles européennes. [En marge d’un article consacré à la création, dans le quartier de Gerland, de la seconde “pépinière d’entreprises innovantes” de l’agglomération.]
Mais pour l’heure, cette politique à ciel ouvert [volonté affichée par le nouveau maire Michel Noir de voir évoluer le mode d’attribution des contrats en matière d’urbanisme] ne concerne pas la totalité des domaines de l’action municipale. On peut même dire que l’aventure de la succession tourne parfois au mauvais feuilleton, façon Dallas.176

D’après Jenny Simonin, qui a développé des critères formels d’interprétation du on dans un corpus de presse, les énoncés déclaratifs du type de ceux présentés ci-dessus ‘“ne sont pas interprétés comme discours rapporté, et l’énonciateur n’est pas exclu des valeurs référentielles de on, voire on est interprété comme un je dilaté”’ 177. A partir d’un autre corpus, Françoise Atlani est arrivée à la même conclusion concernant des énoncés dans lesquels l’emploi de on est ‘“lié à celui des verbes qui indiquent la relation que on entretient avec ce qui est prédiqué : « comprendre », « savoir », etc.”,’ dans des contextes où ‘“un présent d’énonciation [est] repéré par rapport au présent des lecteurs”’ 178. Autant dire que ce qui est décrit ici trouve un écho avec ce qu’il nous a été permis d’observer dans notre corpus (rappelons que ne saurait + infinitif est transposable dans un présent). Mais pour revenir à « on peut », il ne lui est pas seulement accolé dans la deuxième période des formes qui relèvent de verbes de communication179. Parmi les termes récurrents, on trouve encore :

‘Dans des communes où les immigrés représentent une part importante de la population la plus démunie, on peut penser que le vote municipal ne serait pas la sanction des options politiques des candidats, mais celle des conditions de vie, de l’état des HLM... [Après une prise de position du président Mitterrand en faveur du vote des immigrés aux élections municipales n’ayant pas fait l’unanimité au sein des élus du PS du Rhône.]
Sans juger sur le fond du conflit, on peut penser que l’ampleur qu’il a pris doit beaucoup à cette absence de vrai patron. [Alors que le conflit social aux Transports en commun lyonnais entre dans son vingtième jour.]184

En fait, une expression telle que « on peut penser » est à rapprocher d’un type de modalité qu’Uli Windisch a nommé “évaluation modale épistémique”, dans lequel la part de persuasion tient une grande place185. A y regarder de plus près, on constate du reste que la deuxième période en est particulièrement pourvue. Ainsi par l’entremise de la forme « convaincre » (+3), déclinée dans des expressions comme « il n’est qu’à voir (...) pour s’en convaincre » ou « il suffit pour s’en convaincre », voire dans un registre hypothétique, comme dans cet extrait d’un commentaire publié en marge d’une interview du maire sortant Francisque Collomb, après l’annonce de sa candidature par Michel Noir :

‘Cela [il a été fait allusion auparavant aux propositions de Francisque Collomb quant au devenir de la ville] suffira-t-il à convaincre ceux - nombreux si l’on en croit les sondages - qui souhaitent un véritable changement de rythme de la gestion municipale ? Le maniement incantatoire du troisième mot-clef de cette campagne - RENOUVELLE-MENT - ne suffira sans doute pas à convaincre.186

Mais la dimension épistémique nous semble également être incarnée dans « savoir » - dont on se souvient avoir révélé la prédominance dans la deuxième période - dès lors que cette forme prend place à l’intérieur de l ’expression « il est trop tôt pour savoir », expression qui se trouve répétée ici pas moins de quatre fois. Puisque l’on est dans le registre du savoir, il convient de modérer la surreprésentation de « sait » dans la dernière période, en tout cas après que l’on a pris soin de distinguer les environnements indéfinis de ceux qui ne le sont pas. Les écarts réduits calculés pour chacune de ces configurations ne laissent apparaître en effet aucune spécificité d’emploi, et même à l’intérieur des tournures indéfinies il convient de faire la part des choses entre par exemple « On sait trop combien les majorités-godillot sont meurtrières pour les idées » et « Nul ne sait si la puissance publique (...) aurait pu endiguer la dégradation urbaine (...) »187. Seul le « sait » compris dans le premier de ces énoncés a pour fonction d’assurer ce que Gérard Imbert a appelé, au sujet des tournures identiques repérées dans le discours éditorial de El País, un “débrayage cognitif” : ‘“l’éditorial renvoie à des instances de savoir. C’est le discours de l’évidence (qui présuppose un savoir établi (...)). Discours qui convoque une instance extérieure au sujet de l’énonciation et qui fonctionne comme discours de l’auctoritas”’ 188.

Pour ce qui concerne maintenant « on ne saurait » - dont a été mis au jour le sur-emploi dans la première période rédactionnelle -, c’est « s’étonner » qui lui est le plus couramment adjoint (3 occurrences) :

‘On ne saurait s’étonner que ce mouvement de grève étudiante se soit enclenché plus lentement du côté des scientifiques de Lyon I et qu’il s’avère quasi nul chez les étudiants, notamment juristes, de Lyon III. [Il s’agit du mouvement de grève de l’hiver 1986 dirigé contre le projet de loi sur l’enseignement supérieur d’Alain Devaquet.]
On ne saurait s’étonner que certaines résistances au changement - la presse nationale d’un côté, les régionaux de l’autre, c’est tellement plus simple... et désolant -, que certaines habitudes ou intérêts jouent sur ces fragilités. [Après une succession d’arrêts de travail des rotativistes de la CGT ayant entraîné la non-parution de Lyon-Libération.]189

En fait, l’utilisation de « on ne saurait » dans la première période n’est pas sans produire quelque résonnance avec « certainement » qui y avait été enregistré également en tant que terme surreprésenté. Si l’on y ajoute la forme « paraît », dont l’ordinateur nous indique aussi une présence significative dans cette partie du corpus (+3), il appert que la période dirigée par René-Pierre Boullu se sera distinguée par une utilisation d’un lexique modalisateur non de l’évidence mais du certain, de l’avéré. En effet, si « on ne saurait s’étonner » revient à dire « il est impossible de s’étonner », il nous semble légitime d’affirmer que l’idée de certitude n’est pas absente de ce dernier énoncé. Quand à « paraît », son utilisation prioritaire en tant qu’indicateur d’état le donne avant tout à lire sous l’angle d’un enrichissement modal de être. Par exemple, lorsque Michel Texier, revenant sur le projet de Jean-Michel Aulas de faire de l’Olympique lyonnais un club géré comme une entreprise, annonce que « son plan paraît solide », son objectif est très certainement d’entraîner le lecteur à penser que « solide », ce plan l’est effectivement. Nous serions là, ainsi que l’a montré Jean-François Tétu, dans une “relation fiduciaire” (selon l’expression d’A. J. Greimas), autrement dit dans ce passage présupposant une relation entre le paraître de l’énoncé (ce qu’il “dit”) et son être (ce qu’il “signifie”), passage au coeur même duquel viendrait se nicher au bout du compte le “croire” du lecteur190. Il peut même se produire qu’il y ait surenchérissement par rapport à l’adhésion recherchée du lecteur. Ainsi dans les deux énoncés suivants de René-Pierre Boullu :

‘Que le lecteur ne s’y trompe pas : la « lourde imprudence » épinglée par le tribunal est plus lourde qu’il n’y paraît. [Au lendemain du jugement intervenu dans “l’affaire Fulchiron”.]
Le duel récent du ROC contre le GAC est un symptôme courlyesque, voire courtelinesque, mais plus positif qu’il n’y paraît, des frustrations légitimes nées du fonctionnement de la Communauté urbaine. [Après la création par des élus de la Courly d’une structure qu’ils désignent du nom de Rassemblement et organisation communautaire, sur le modèle du Groupe d’action communautaire, groupement d’élus de la majorité locale né avec l’établissement public et qui ne remplirait plus, selon eux, son rôle d’instance de débats.]191

Dans le deuxième énoncé, le rédacteur en chef se sert de ce qu’il avance dans son propos pour en contredire la portée sous-jacente, à laquelle il est possible que le lecteur ait adhéré entretemps. Le processus qui s’y déroule nous semble pouvoir être déconstruit de la sorte : bien sûr l’emploi que je fais du qualificatif « courtelinesque » vous dirige vers Messieurs les ronds-de-cuir et, partant, vers l’absurde qui prévaudrait, à m’en croire, au sein de la Communauté urbaine ; mais vous auriez tort de vous limiter à cette vision tant ce qui se passe dans cette assemblée peut s’avérer bénéfique à son fonctionnement. Quant au premier énoncé, il nous paraît mettre en oeuvre un autre type de contrat avec le lecteur, ne serait-ce déjà que dans la mesure où celui-ci se trouve être intégré au propos. Mais il y a plus. Parce qu’il ne veut pas se contenter du caractère établi de la sanction juridique en laquelle le lecteur n’a aucune raison de ne pas croire étant donné la compétence performative de celui qui l’a prononcée (un président du tribunal correctionnel), le rédacteur en chef se voit dans l’obligation de construire un “croire” fictif du lecteur quant aux attendus du jugement, “croire” de base à partir duquel il va pouvoir surenchérir afin d’amener celui dont il vise l’adhésion à se placer sur son terrain et, au bout du compte, à admettre la validité de sa position par contraste avec celle qui lui est prêtée et dont pourtant il n’est pas responsable.

On voit donc se dessiner un hiatus entre la première période rédactionnelle et la seconde alors même qu’elles recourent l’une et l’autre au bagage indéfini ou, ce qui n’est pas loin de représenter la même chose, impersonnel. Tandis que l’une puise dans le répertoire modalisateur de quoi statuer sur le caractère certain de ce qu’elle avance, l’autre procède par tâtonnements, même si au bout du compte il s’agit là aussi d’amener le lecteur à être persuadé pas tant du bien-fondé de ce qu’on lui présente que, surtout, de son aspect vraisemblable. L’utilisation récurrente du « on » avec des formes qui sont l’expression de modalités actualisantes semble avoir pour effet majeur de faire participer le lecteur au propos du journaliste, ce qui l’amènerait finalement à ne pas douter de la validité du dire médiatique sauf à se remettre en cause lui-même, en particulier à travers sa connaissance du monde ou sa participation à un univers socio-culturel commun. Comme l’a écrit Françoise Atlani (à condition, comme il a déjà été dit, que les énoncés qui abritent on expriment un présent d’énonciation repéré par rapport au présent des lecteurs, à l’instar des occurrences qui nous occupent ici) :

‘le journaliste comme les lecteurs font partie des locuteurs supposés pouvoir prendre en charge l’énoncé. L’énonciateur, repère origine de toute énonciation, parcourt la classe des locuteurs en s’incluant et en incluant les lecteurs : c’est ce qui explique que le nous serait acceptable. Cependant, à la différence du nous, le on permet de ne pas rendre explicite la présence du journaliste (l’énonciateur) aussi bien que celle des lecteurs : c’est une assertion dont le(s) enonciateur(s) ne sont pas identifiables, et tout particulièrement, bien sûr, le journaliste.192

A ce titre, le décalage avec la troisième période est flagrant. Rappelons qu’avec celle-ci un renversement s’opère puisque les termes indéfinis, quels qu’ils soient, ont tendance à disparaître du contexte qui précède immédiatement la forme sur-employée « pourrait », au profit de termes définis. Cette substitution semble du reste trouver sa traduction dans un trait remarquable : la sous-représentation de « on » (-4), mais aussi de « nous » (-4), dans la période dirigée par Robert Marmoz193. Lorsque l’on se penche sur ces termes définis, on peut observer qu’il recouvre une large palette d’“acteurs” (Michel Noir, Alain Mérieux, Alain Françon, Gérard Collomb mais aussi un parti comme le FN ou les villes Vaulx-en-Velin et Oullins), quand ce ne sont pas, comme dans les extraits suivants, des êtres inanimés :

‘A titre d’exemple, un système de gestion rationnelle des terrains à bâtir devrait figurer parmi les priorités de tout pouvoir sur la ville. D’autant que le caractère innovant de cette politique pourrait aussi - comme le SDAU le suggère - marquer le début d’une prise en compte des problèmes sociaux et écologiques de l’agglomération. [Après que le préfet de région eut émis un avis défavorable au projet de schéma directeur présenté en octobre 1989 par le Syndicat d’études et de programmation de l’agglomération lyonnaise.]
La méthode apparemment choisie (pousser Le Pen à une réaction « illégale ») tout en fleuretant aux limites de la loi pourrait en fait le transformer en martyr. [Après que la préfecture du Rhône et le maire de Villeurbanne Gilbert Chabroux eurent interdit la tenue d’un meeting du dirigeant du Front national dans la deuxième commune de l’agglomération lyonnaise.]194

Le fait que « pourrait » soit articulé avec des termes définis disparates l’impose comme un élément modalisateur qui irradie d’une certaine façon la totalité du discours éditorial de la troisième période. Mais s’en tenir à ce constat n’est certainement pas suffisant. Nous pensons en effet que ce déplacement de l’indéfini vers le défini ne s’accompagne pas pour autant d’une lisibilité plus nette de l’agir des acteurs qu’il est permis d’identifier à titre individuel (« pourrait » et non pas « pourraient »). Car en utilisant le conditionnel, le journal place en effet ceux-ci dans un registre hypothétique195. D’une certaine manière, c’est un peu comme si leur identification se doublait d’une perception partielle et non plus totale de leur agir par Lyon-Libération et, partant, par ses lecteurs.

Notes
171.

Selon le Trésor de la langue française, entrée “Ne”, vol. 12, p. 36.

172.

Sénat et graton, Editorial René-Pierre Boullu, 29 septembre 1986.

173.

Il est à noter que même lorsque l’on dissocie à l’intérieur de « on peut » (92 occurrences) cette expression de sa forme négative « on ne peut pas » (18 oc.), la valeur de l’écart réduit de « on peut » reste sensiblement la même (+3.0). D’autre part, nous n’avons pas procédé à la mise au jour de l’écart réduit de « on ne saurait » pour cause de fréquence trop faible, y compris lorsqu’on lui associe les quelques occurrences de termes indéfinis qui se trouvent occuper, en certains endroits, la place de « on ». La prégnance de cet ensemble dans la première période ne fait malgré tout guère de doute (7 occurrences contre 1 dans chacune des périodes “Lépinay”).

174.

J. Favret, Les mots, la mort, les sorts, Paris, Gallimard, p. 43. Cité par Françoise Atlani, “On l’illusioniste”, in La langue au ras du texte, Almuth Grésillon et Jean-Louis Lebrave (dir.), Lille, Presses Universitaires de Lille, 1984, pp. 24-25.

175.

Idem, p. 25. C’est l’auteur qui souligne.

176.

Pierre philosophale et Rénovation, travaux pratiques, Billet et Commentaire Michel Lépinay, 3 février 1988 et 20 avril 1989.

177.

“Les repérages énonciatifs dans les textes de presse”, in La langue au ras du texte, op. cit., p. 156. On rappellera que pour Emile Benveniste, nous répond à la définition d’un “je dilaté” dans la mesure où son emploi permet l’identification d’une personne au moins : l’énonciateur.

178.

“On l’illusioniste”, op. cit., p. 19.

179.

On pourra se référer utilement à la liste qu’en a dressée Michel Charolles, même s’il en reconnaît volontiers le caractère non exhaustif (cf. “Exercices sur les verbes de communication”, in Pratiques, 9, mars 1976, p. 89).

180.

No future ? et Brouillards sur la ville, Billets Michel Lépinay, 5 décembre 1988 et 1er mars 1989.

181.

A cette expression pourraient être rattachées « se poser la question », « s’étonner », « s’interroger » que l’on a trouvées dans le voisinage immédiat de « on peut » (1 occurrence chacune).

182.

Une ouverture opaque, Commentaire Michel Lépinay, 22 mars 1989.

183.

On notera au passage la récurrence d’« imaginer », terme rapprochant (3 oc.).

184.

Local-réalisme et Malentendus, Billets Michel Lépinay, 18 avril et 14 novembre 1988.

185.

Le prêt-à-penser..., op. cit., p. 199.

186.

Mots de campagne, Commentaire Michel Lépinay, 12 janvier 1989.

187.

Le défi de Millon, Commentaire Michel Lépinay, 28 mars 1992 et Et l’Etat dans tout ça ?, Editorial Edouard Mir, 21 mai 1992 (au lendemain respectivement de l’élection de Charles Millon à la tête du conseil régional de Rhône-Alpes et de l’annonce par le ministre de la ville - Bernard Tapie - des mesures comprises dans le deuxième volet du plan gouvernemental contre l’“insécurité urbaine”).

188.

Le discours du journal El País, op. cit., p. 101.

189.

Sélection piège abscons et Ingérences, Editoriaux René-Pierre Boullu, 25 novembre et 3 décembre 1986. Il est remarquable que la même formulation - apport du « ne » en moins, mais sans que la valeur proche de pouvoir ne semble devoir être remise en cause - se retrouve chez un autre journaliste à un an d’intervalle, alors même qu’il évoque le mouvement étudiant dont il est question dans le premier des deux énoncés reproduits : « Un an après la mort de Malik Oussekine, l’embryon d’un contre-pouvoir des jeunes générations est toujours présent. Le malaise aussi. Qui saurait s’en étonner ? » (Frémissements d’hiver, Editorial Edouard Mir, 2 décembre 1987. Cet éditorial a été publié en marge d’un nouveau mouvement de grève ayant affecté l’université Lyon II).

190.

Le journal quotidien, Lyon, PUL, 1989, p. 176.

191.

Au Carrefour du développement de Lyon et Elle court dans les têtes, la Courly, Editoriaux René-Pierre Boullu, 1er juillet 1987 et 9 novembre 1987.

192.

“On l’illusioniste”, op. cit., p. 19.

193.

Si les écarts réduits de « on » et de « nous » sont identiques pour la période 3, il n’en est rien pour les deux premières périodes. En effet, « on » s’y trouve être banal tandis que « nous » se trouve également être sous-employé dans la deuxième période (-5). Il faut voir là une conséquence de la très forte surreprésentation de « nous » dans la première période (+10), même si le nombre des référents qui “se cachent” derrière ce terme est inversement proportionnel à la valeur de l’écart réduit : « nous » sert essentiellement à désigner dans la première période le locuteur collectif (Lyon-)Libération (62 occurrences sur 96, soit près des deux tiers), en particulier dans son premier éditorial, après les mouvements de grève du Livre CGT ayant affecté sa diffusion à ses débuts, au moment de la restructuration intervenue en février 1987 ou à l’occasion de son premier anniversaire. On notera tout de même la présence non négligeable de ces « nous » (14 occurrences) en corrélation avec l’“affaire Fulchiron”. Une manière comme une autre d’en assurer la paternité mais aussi sans doute d’engager la responsabilité morale de l’ensemble de l’équipe rédactionnelle. Il est à noter d’autre part que le sur-emploi de « son » (+3) dans la troisième période va dans le sens d’un accroissement de la “teneur” de celle-ci en termes définis puisqu’il est possible de rattacher à cette indication possessive un individu particulier. A titre indicatif, plus d’1 occurrence de « son » sur 4 (32 sur 115) concerne Michel Noir dans cette partie du corpus.

194.

Double commande, Billet Daniel Licht, 15 février 1990 et Jeu dangereux, Billet Robert Marmoz, 30 mai 1990.

195.

Le conditionnel, au lieu d’asserter comme le futur qu’un fait est probable ou sera validé dans l’avenir, considère qu’il peut se réaliser aussi bien que ne pas se réaliser, suspendant toute contradiction entre ces deux possibilités” (Dominique Maingueneau, Approche de l’énonciation en linguistique française, op. cit., p. 83).