DEUXIEME PARTIE
ACTEURS, INSTITUTIONS ET TERRITOIRES

En nous inspirant de l’approche de la ville “dans sa carte et son portrait” telle qu’elle a été mise en oeuvre par Louis Marin dans une perspective sémiotique, nous pourrions dire à notre tour que l’approche du discours éditorial que nous avons tentée dans la première section avait pour but essentiel de saisir ce discours sous certains de ses profils, mais captés malgré tout depuis un matériau constituant une globalité. En restant fidèle au propos de Louis Marin, nous pourrions de la même façon parler de “cartes” de noms propres au sujet de ce qui va être présenté dans cette section et dans la suivante.

Irène Tamba-Mecz présente les noms propres, qui échappent à toute traduction ou définition, comme ‘“essentiellement intégrés dans l’ordre des dénominations et restant à la lisière de l’ordre des signes lexicaux (ils forment des “classes”, mais n’ont ni synonymes, ni contraires)”’ 279. Nous rejoignons ici cette auteure - et donnons consistance à son propos - à condition qu’elle entende par “classes” des univers dont les composantes possèdent des caractéristiques désignatives communes, et non des regroupements dont la légitimité proviendrait de traits motivés (ainsi de ceux des noms propres qui étaient à l’origine des noms de métiers, facilement repérables lorsque l’on remplace la majuscule à l’initiale du nom par une minuscule). Nous avons de la sorte mis au jour six classes à partir des noms propres que nous avons pu isoler dans notre corpus. Dans cette section vont être passées en revue les cinq classes suivantes :

La classe de noms propres restante sera présentée dans la troisième section. Il s’agit des noms de villes par excellence, que l’on prendra soin par conséquent de ne pas confondre avec des désignations “élargies” (ainsi de Lyon par rapport à Communauté urbaine de Lyon ou Région urbaine de Lyon). Nous reviendrons sur ces notions en temps voulu. Dans un premier temps, il va nous falloir présenter la “mécanique” sous-jacente à ces graphiques. Car même si ces plans ont en commun avec la “carte de la ville” d’être un “survol synoptique et géométrique280, il ne faut pas perdre de vue qu’ils obéissent à un contrat de lecture où une projection extérieure - le regard du spectateur - est moins en jeu qu’une projection interne des éléments du graphique le long des axes qui le fondent.

Notes
279.

La sémantique, Paris, Puf (“Que sais-je ?”), 1988, p. 74.

280.

Louis Marin, “La ville dans sa carte et son portrait”, in De la représentation, Paris, Gallimard, 1994, p. 210.