Conclusion de la deuxième partie

Le recours à l’analyse factorielle des correspondances nous a permis de mettre au jour, parmi les cinq classes de noms propres retenues ici, une série d’oppositions dont le moins que l’on puisse dire est que les principales - celles décelables le long d’un premier axe factoriel - concernent exclusivement les deux premières périodes rédactionnelles. Il n’y a en cela rien d’exceptionnel si l’on veut bien se souvenir que ce sont là les deux parties du corpus, dans des proportions sensiblement identiques d’ailleurs, qui “pèsent” le plus lourd en nombre d’occurrences. L’utilisation d’un outil de mesure descriptif nous aura permis in fine de dresser un état des lieux des “acteurs”, entendus ici dans un sens très large, effectivement rendus visibles par Lyon-Libération dans son discours éditorial et ce, tout au long de son existence. Et bien que les termes pris ici en compte se caractérisent avant tout par leur désignation “rigide”, il nous a semblé que leur inscription dans des contextes - situationnels plus encore qu’internes aux unités rédactionnelles - les “connotaient” en retour.

A ce titre, les analyses factorielles des correspondances auxquelles nous avons fait appel, incapables qu’elles sont de saisir ce genre de dimension (seule accessible à l’analyste, après qu’il se soit imprégné des textes qu’il a pris soin d’isoler au préalable), nous ont été malgré tout d’un grand secours en ce qu’elles nous ont offert à chaque fois une vue synthétique à même d’“être parlée”. A nous en tenir aux deux premières périodes, autrement dit aux oppositions qui dégagent le maximum d’inertie - ou d’information si l’on préfère - des cinq tableaux de noms propres soumis à l’analyse, nous pouvons relever plusieurs tendances simultanées. Les deux “cartes” ayant trait aux acteurs, entendus cette fois dans le sens restreint d’êtres animés, sont susceptibles d’une lecture parallèle mettant face à face ceux qui appartiennent à la société lyonnaise (période 2) avec ceux qui n’y sont pas - ou plus - rattachés (période 1).

A cet égard, l’articulation de Michel Noir à la deuxième période, alors même que d’un point de vue probabiliste le nom propre de cet acteur était montré sur-employé dans les deuxième et troisième phases, a permis de faire le départ, en faveur du premier, entre registre local (le nouveau maire est interpellé par le journal sur l’obligation qu’il a de soumettre ses actes à la “transparence” dont il se réclame s’il veut rester crédible) et dimension nationale (le premier édile reproche à l’Etat son manque d’engagement dans le financement de “ses” grands projets d’aménagement). Mais si la première période, celle qui correspond au “quotidien de ville”, rend davantage visibles des acteurs détachés de la vie locale (Charles Hernu représente un cas à part, même si ce sont avant tout des “affaires” à portée nationale qui font de lui un acteur à profil “hybride”), ne s’en trouvent pas moins exprimées à son niveau des figures peu lisibles en dehors de la société lyonnaise (ainsi de Calixte ou des Boyaux Rouges) et une propension à privilégier l’être, depuis le paradigme de la mémoire, sur le faire-être, dont le cantonnement à la deuxième période vient nous rappeler que celle-ci se superpose avec une série de consultations électorales et donc de “projections”, que ces dernières s’appliquent à des territoires empiriques infra-locaux “aménageables” (le quai Achille-Lignon, le quartier Démocratie) ou à des espaces symboliques supra-locaux dont il s’agit de renforcer la visibilité (la Région urbaine de Lyon, la région Rhônes-Alpes).