2.3.2. Les configurations discursives

Les corrélats « Lyon » et « Paris » s’intègrent à quatre types de configuration discursive, qu’il est possible de décliner de la sorte :

En fait, chacun de ces profils n’est pas obligatoirement exclusif à l’intérieur des unités rédactionnelles puisqu’il peut arriver que l’une d’entre elles en accueille deux différents. Nous ne prendrons donc pas le parti de les présenter les uns à la suite des autres, avec exemples à l’appui. Il nous semble plus intéressant de procéder par regroupements, en transcendant la présente catégorisation si nécessaire. Dans la production écrite lyonnaise à caractère littéraire que Bernard Poche a retenu pour mener à bien son analyse, l’un des thèmes qu’il a relevé avec une fréquence significative est celui de la relation au monde extérieur, ce qui lui a par exemple permis de constater la chose suivante : ‘“les textes montrent que pour un certain nombre de ses habitants, faire le déplacement entre Lyon et Paris, ville qui (...) ne suscite pas d’animosité tant que subsiste la liberté de lui préférer sa propre cité sans être taxé de provincialisme, est une chose courante. Lyon, qui n’a pas de “vassales”, a tendance à développer des réactions “d’égal à égal””’ 452. Cette description, dans le texte qui nous occupe ici et pour ce qui ne concerne que les co-fréquences « Lyon »/« Paris », recouvre en fait différents degrés. C’est ainsi qu’il y a loin entre une dépendance à l’égard d’une même unité rédactionnelle qui n’aboutit à aucun croisement spécifique - nous voulons dire par là que les deux désignants, bien qu’intégrés à un même texte, n’en évoluent pas moins dans deux cheminements discursifs qui ne se mêlent pas, ou de loin en loin, dans l’épaisseur du message que le journal souhaite transmettre au bout du compte -, celle qui, à l’instar de l’énoncé « communiqué hallucinant publié par les cardinaux de Lyon et de Paris », donne à voir un agir commun sans que cette communauté d’action soit à proprement visée par le discours du journal, au contraire des conséquences qu’elle sous-tend, et celle enfin qui implique directement le journal en tant qu’instance idéologique. Ce dernier profil, plus rare dans notre corpus, est par exemple à l’oeuvre dans un billet publié au lendemain du report d’une rallonge budgétaire exigée par le projet de gare TGV à l’aéroport de Satolas et dans lequel le journal estime nécessaire, « pour tous les élus à Charbonnières, Lyon ou Paris, la remise en cause d’une gestion fleurant encore trop l’ancien régime »453. Par une telle position, le journal place “sur un même pied d’égalité” conseil régional Rhône-Alpes, mairie de Lyon et Etat par rapport au paradigme “grands travaux”, donnant de facto consistance aux lois de décentralisation et à la suppression de la tutelle qui les caractérisent. Mais le traitement “égalitaire” peut également être la résultante d’une mise en parallèle de deux unités rédactionnelles successives. Ainsi du billet puis du commentaire que Robert Marmoz consacre, à une semaine d’intervalle, à la campagne pour les élections législatives partielles du Rhône occasionnées par la démission de Michel Noir du RPR. Si, chronologiquement, le journal commence par montrer que c’est Paris - autrement dit les instances nationales du RPR - qui fait de la candidature de Pierre Botton une obligation pour Lyon (« Le RPR lyonnais, déjà bien engagé dans la voie du désastre, aurait préféré que Paris ne lui impose pas un tel choix des armes »), il donne ensuite à voir un mouvement inverse qui équilibre en quelque sorte le rapport Lyon/Paris : « Le RPR, qui avait bombé le torse en envoyant de Paris un de ses apparatchiks et en promettant la castagne en accordant son soutien au gendre du maire, est le grand perdant de cette première manche. (...) De fait, le débat de fond de cette première semaine se résume à l’opposition des Lyonnais au règlement de comptes concocté par la rue de Lille à Paris »454.

Si l’on s’attarde maintenant sur la configuration dans laquelle Lyon se trouve valorisée, on remarque qu’elle est particulièrement avérée dans la première période. Ce constat se double d’un autre : un net hiatus apparaît entre les types de contextes privilégiés dans ce cas de figure et ceux qui le sont lorsque Lyon est représentée dévalorisée. Cette dernière catégorie est plutôt occupée par des contenus qui consacrent le moyen ou le long terme (programmation culturelle, aménagements des infrastructures existantes) tandis que la première renvoie davantage à des actions “ponctuelles” - mais pas nécessairement limitées au court terme - prenant place dans l’espace urbain commun, et en particulier la rue (attentats, visite papale, mouvements de grève étudiants, Jeux olympiques d’hiver d’Albertville, même si dans ce dernier cas il s’agit avant tout des enjeux rattachés à la candidature de la Savoie et non de l’“événement” en lui-même, encore à venir). Ce qui prédomine dans le commentaire du journal vis-à-vis des types de contextes cités en dernier, c’est le recours à la quantification, comme si la seule manière pour Lyon d’être valorisée à l’égard de Paris revenait à “peser” plus qu’elle :

‘Confirmé dans les orientations les plus diverses, voire opposées, de son Eglise, dans le renouveau charismatique comme dans le soutien aux jeunes immigrés, l’archevêque de Lyon a gagné son pari : Paris valait bien une grand’messe papale, il y a cinq ans, la messe lyonnaise a démontré qu’elle valait deux fois Paris.
C’est aussi la misère de Lyon : cette ville carrefour ouverte à tous les recrutements de desperados, cette ville tellement « seconde » aux yeux d’extrémistes centralistes comme les terroristes du groupe Olivier qu’ils n’y ont vu qu’un champ de manoeuvres et de ravitaillement, de planque et de financement pour des attentats qui prétendaient bêtement viser « le coeur de l’Etat » : Paris, bien sûr, où les médias sursautent à la moindre explosion, dès lors qu’elle écorche les oreilles des gouvernants. C’est pourtant à Lyon que cette petite secte locale a tué. Deux fois.455

Ce dernier énoncé est intéressant à plus d’un titre. D’abord par sa structure : les deux points y sont présents deux fois. Les premiers, placés immédiatement après le fragment initial « C’est aussi la misère de Lyon », font accéder a posteriori celui-ci au statut de thème (voilà ce dont on va parler), ce qui intervient à la suite de cette marque de ponctuation faisant dès lors office de rhème (voilà ce que l’on peut en dire). Mais l’intégration à cette séquence d’un nouveau “deux points”, alors même qu’on se situe toujours dans la même phrase, a pour conséquence d’offrir de l’extrait susmentionné une lecture “en cascade”, un sous-rhème, si l’on ose dire, entrant en relation de dépendance avec le rhème dont il a été question précédemment. Mais rien n’empêche d’y voir aussi, même si elle est moins évidente, une lecture qui serait “en miroir”. A « la misère de Lyon » ferait écho celle de « Paris » : la perte « de toute autonomie de pensée et de vie » de Max Frérot serait contre-balancée par une “perte de sang-froid” des pouvoirs politique et médiatique (« les médias sursautent à la moindre explosion »). En fait, le journal entérine de fait une opposition prenant les contours de la trop célèbre figure dialectique “local/global” en procédant par une manière de mimétisme vis-à-vis de la même entité « groupe Olivier » : “au contact” de Paris, le syntagme « extrémistes centralistes » sert à la qualifier tandis que dans son articulation avec Lyon, c’est l’expression « cette petite secte locale » qui prévaut. Mais là encore, ce sur quoi débouche finalement le raisonnement du journal, c’est sur une comparaison quantitative (« deux fois ») “au profit” de Lyon. Il est du reste frappant de constater à quel point le traitement réservé à Georges Ibrahim Abdallah dans le discours assumé du journal glisse, en l’absence d’attentats dans l’espace commun lyonnais, vers un registre non plus quantitatif mais inchoatif, autrement dit qui fait prévaloir une antériorité de Lyon sur Paris quant à la chaîne d’actions qui auraient abouti aux attentats “parisiens” de l’automne 1986 : « Lyon est loin, pour l’instant, de la ligne de front. Mais la situation de guerre créée dans Paris vise à tuer dans toutes les têtes. (...) Dans l’affaire Abdallah, on le sait, tout a commencé à Lyon. Non pas les attentats dont il est accusé, mais ceux que son arrestation ici ont déclenchés »456. Il est à préciser encore que la référence à une idée de mesure favorable à Lyon peut aussi prendre le profil d’une pondération, comme lorsque Lyon-Libération aborde dans son discours éditorial les raisons d’un mouvement de grève à l’université Lyon II, un an après les manifestations dirigées au niveau national contre le projet de loi sur l’enseignement supérieur d’Alain Devaquet : ‘« ’ ‘(...) des étudiants ont et vont manifester à Lyon comme à Paris -’ ‘ proportionnellement d’ailleurs encore plus ici que dans la capitale »’ 457.

On a pu relever un cas où le recours à la quantification se fait au détriment de Lyon, au moment où Lyon-Libération consacre trois pages à la Bourse lyonnaise. Tandis qu’il est d’abord affirmé « qu’à Paris comme à Lyon, les autorités de contrôle, de leur propre aveu, [sont] encore mal équipées pour lutter contre les nouveaux délits financiers », une distinction s’opère ensuite entre les deux référents : ‘« A Paris, [l’autorégulation] repose (...) sur la loi des ’ ‘grands nombres’ ‘ - à la fois des acteurs et des échanges. A Lyon, il s’agit au premier chef de la concordance de points de vue et de la communauté d’intérêts entre ’ ‘une poignée’ ‘ d’hommes d’influence »’ 458. On peut se demander ici si le rattachement originel du locuteur à la rédaction nationale, comme rédacteur politique puis chef du service Société, n’a pas aidé à cette dissociation en faveur de Paris. Là où les choses deviennent intéressantes, sans qu’il soit permis pour autant d’en tirer des conclusions qui ne seraient que par trop hâtives, c’est que ce type de progression, qui consiste à poser une analogie entre Lyon et Paris avant de la rendre obsolète via une approche plus “fine”, est attesté également chez un autre énonciateur “parisien”. C’est ainsi qu’au moment de l’“affaire Nostalgie”, Gérard Dupuy commence par préciser que deux instructions judiciaires sont en cours à Paris et à Lyon, l’une et l’autre ayant en commun le fait que « l’ombre d’un pouvoir politique s’y dessine derrière d’éventuelles indélicatesses », avant d’écrire : « A Paris, c’est la frontière entre le droit et le passe-droit qui est en question. A Lyon, plus banalement, une comptabilité douteuse à laquelle un parti politique serait lié »459. Bien sûr, il est fort possible que dans l’esprit de l’éditorialiste “parisien”, la “banalité” qu’il convoque soit cantonnée à l’objet « comptabilité » qui affleure dans son discours, sans que « Lyon » ne soit visée par un tel jugement. Mais, le doute persistant, nous avons estimé qu’il eût été dommage de ne pas rapprocher cet énoncé du précédent, ne serait-ce déjà que parce que l’un et l’autre ont une manière similaire de prendre en charge les termes « Lyon » et « Paris » à l’intérieur d’unités rédactionnelles qui les subsument.

Il est une autre construction du couple Paris-Lyon qui échappe à tout ce qui a été présenté jusqu’alors. C’est celle qui, plus subtile, permet soit d’appliquer à Lyon le titre de “capitale” qui revient de facto à Paris - « Lyon et la région Rhône-Alpes ont trouvé là [dans la désignation d’Albertville comme ville olympique en 1992] une carte « capitale » à jouer... dans les six ans » -, soit de transgresser une expression d’origine en la faisant porter sur un tout autre objet, “étatique” de surcroît : « Le RMI nouveau arrive... de Paris ». Dans le premier cas, on a affaire à une superposition de deux niveaux de langue, figure dont on a déjà eu l’occasion de signaler qu’elle était particulièrement avérée dans la période initiale. Quant au second, les points de suspension n’y entrent pas dans une lecture “au premier degré” mais servent plutôt à convoquer un énoncé initial, lui même détaché le plus souvent de son site d’origine (Le beaujolais nouveau est arrivé est un roman de René Fallet, auteur par ailleurs non Lyonnais). A tel point que la référence au revenu minimum d’insertion se retrouve singulièrement estompée et que l’évocation de Paris ne prend tout son sens que dans la suite du propos : l’argument de proximité avancé par certains élus “locaux”, estimant être mieux placés que l’Etat pour mener une politique de solidarité dans leurs circonscriptions respectives, se trouve battu en brèche par “Paris” dès l’instant où le contrôle de l’Etat est justifié par un risque de « clientélisme électoral ».

Le “domaine culturel” permet au journal de dresser un tableau des relations Paris-Lyon à sens unique. Que ce soit en usant d’une qualification dépréciative censée avoir été prononcée “à l’extérieur” pour désigner “l’intérieur” - « Sur place [à Berlin], on explique [à Michel Bataillon, dramaturge du TNP] que Paris s’impose bien mieux que Lyon ou Villeurbanne, ces « bourgades » » - ou en répercutant un dire à caractère autonymique (ou métalinguistique) du compositeur Berlioz : « Ce mot [« festival »] que j’employais sur les affiches pour la première fois à Paris est devenu le titre banal des plus grotesques exhibitions ». Par ce procédé, le journal semble surtout s’offrir la possibilité de déprécier la mise sur pied en 1979 par la ville de Lyon d’un festival consacré à Hector Berlioz en ce qu’il serait condamné aux « musiques en boucle ». Même lorsqu’il s’agit de décrire un mouvement inverse, Lyon demeure la grande perdante, à tel point que le journal en arrive à convoquer la figure du « cliché » (au double sens du terme) en ultime recours :

‘En dix ans, la Fondation Nationale de la Photographie a dû souvent changer de plans, sinon d’objectifs. En 1982, ses projets les plus ambitieux paraissent compromis par le fait que Jack Lang crée le Centre National de la Photographie bientôt abrité par le Palais de Tokyo. L’histoire tend au « cliché ». Paris, une fois encore, récupère des initiatives provinciales réduites sur place à la peau de chagrin. Ou, pour le dire autrement, on laissera à Lyon l’illusion d’être « dans le bain ».460

Ici, le verbe laisser relève d’un “faire garder”, dans le sens d’“abandonner” à un être “ce qui lui revient ou ce qui semble lui être propre461. Par conséquent, Paris est représentée s’accaparant le meilleur de Lyon tout en lui faisant garder son croire être. Tandis qu’avec l’exemple du festival Berlioz, Lyon est montrée comme responsable de son propre sort (« elle s’oblige à sasser et ressasser ses oeuvres » écrit le journal), elle se retrouve ici sujette à manipulation à ses dépens (et comme à son insu), ce qui au final fait rejaillir le discrédit sur Paris, même si en pure perte puisque le “mal” est fait.

Dans la première période, l’après élections sénatoriales est l’occasion pour le journal de mettre en cause la vision de Lyon entretenue par Paris : « Vue de Paris, la capitale des Gaules », bien loin des rêves et des réalités de « technopoles », a vite fait de se retrouver bloquée « entre Rhône et Saône, et beaujolais »... tant que l’image de Lyon est remise dans les mains « d’autres qui soyent d’ailleurs » »462. La mise entre guillemets de « capitale des Gaules », si elle tend à signifier que Lyon-Libération se désolidarise de ce titre, ne permet pas de savoir pour autant si cette distanciation se suffit à elle-même - sur le mode : il n’y a aucun lieu de se laisser cantonner au statut de « capitale des Gaules » par Paris - ou si elle va de pair avec un rejet raisonné du contenu de ce poncif, rejet qui pourrait prendre l’allure suivante : ‘“Lyon qui n’était guère plus, malgré le slogan ronflant de “capitale de Gaules” que “Le Rocher-Noir” de la fin de la guerre d’Algérie, c’est-à-dire un point de fixation du pouvoir militaire et bureaucratique de l’occupant romain, n’a jamais ensuite exercé de toute l’histoire un rôle comparable et n’a donc jamais été, et de fort loin, ni une “capitale gauloise des Gaules”, ni moins encore une capitale franque ou française. Pour ne pas parler du slogan imbécile de “capitale de la province”, que l’on voit surgir de loin en loin...”’ 463. Si l’avant élections sénatoriales voit le journal faire usage du même syntagme « vue de Paris », c’est au contraire pour minimiser la portée du découpage « Pasqua » qui fait passer Lyon de cinq à quatre circonscriptions : « Le joueur d’échec [Raymond Barre] ne vise que Paris et les Présidentielles et semblait, dès avant le 16 mars, avoir décidé de sacrifier sa tour. La tour, c’est Lyon. Vue de Paris, décidément, ce n’est pas l’Amérique »464. En fait, cette perte d’une circonscription permet au rédacteur en chef de donner une résonance au propos du maire Francisque Collomb selon lequel « Lyon n’existe plus », ce qui l’amène à évoquer le décret du 12 octobre 1792 « qui faillit enterrer cette ville révoltée contre le centralisme parisien ». On se souvient qu’au moment du vote municipal d’un budget en vue de la commémoration du bicentenaire de la Révolution française, le journal va également se faire l’écho de l’attaque du maire sortant contre la « fausse décentralisation » des socialistes, tout en enjoignant les acteurs de la ville de s’inspirer du « fédéralisme » des Lyonnais de 1793 - aussi ambigu qu’il ait été - afin d’échapper au « complexe » qui placerait Lyon en « lien de dépendance » avec Paris. Pour en revenir à Bernard Poche, cet auteur estime que le choc consécutif au siège et à la prise de Lyon par les armées de la Convention en 1793 représente un “fait générateur majeur” dans la réapparition d’une littérature à Lyon. En effet, ‘“le soulèvement de 1793 contre l’arbitraire du pouvoir jacobin et sa conclusion tragique (...) vont progressivement constituer la société lyonnaise comme un “sujet didactique” et comme un sujet romanesque”’ 465. On voit donc que Lyon-Libération s’inscrit en plein dans cet héritage. Mais la façon dont, après la suppression d’une circonscription, il interroge l’être de Lyon à l’aune de la non-existence de fait de Lyon en 1793 (la Convention la désigne alors comme Commune affranchie, son nom lui étant restituée en 1794) nous semble suffisamment explicite quant à la teneur ironique que le journal souhaite insuffler dans son propos. Quant au bicentenaire de la Révolution française et à la polémique que sa prise en charge par la municipalité fait naître, elle paraît surtout être un prétexte pour évoquer le décret de la Convention et tirer parti de l’attitude de la ville à cette époque afin de la méditer dans la perspective d’une « Europe des régions » qui verrait Lyon s’affranchir de la tutelle parisienne.

En fin de compte, c’est à travers le lancement par différents laboratoires lyonnais d’un centre international de recherche - la Fondation Afrique-Lyon Sida - que le journal dégage Lyon de ce qui constituerait l’emprise de Paris, faisant valoir qu’« entre indépendance et centralisme, le Sida offre paradoxalement une chance à la ville : celle de se positionner différemment  », son arrivée à Lyon « avec deux ans de retard sur la capitale » constituant « un atout (...) pour le recul offert » mais surtout rappelant aux Lyonnais « qu’ils habitent une métropole », ce en quoi « la volonté de faire de Lyon un pôle international de recherche sur le Sida dissimule à peine une contre-dépendance à l’égard de Paris (...), la route Lyon-USA [ayant] souvent pour principal attrait de ne pas passer par la capitale »466. Bien que le présent raisonnement se démarque de ceux qu’il nous a été donné d’aborder antérieurement, renforçant au passage ce qui fait office de renommée mondiale en matière de vaccins, il n’empêche qu’il renvoie, comme quelques autres dans le discours éditorial de Lyon-Libération, au « centralisme », terme auquel il serait certainement possible de faire jouer in fine le même rôle de “synecdoque expiatoire” que celui qu’entrevoit déjà Jacques Lévy pour “parisianisme”467.

Notes
452.

Idem, p. 168.

453.

Gifle royale, Billet Robert Marmoz, 5 septembre 1990.

454.

Le grand décalage, Commentaire Robert Marmoz, 14 janvier 1991.

455.

Feux d’artifices et De la misère lyonnaise en milieu terroriste, Editoriaux René-Pierre Boullu, 6 et 24 octobre 1986. C’est nous qui soulignons.

456.

Les arrières, Editorial René-Pierre Boullu, 19 septembre 1986. C’est nous qui soulignons.

457.

Frémissements d’hiver, Editorial Edouard Mir, 2 décembre 1987. C’est nous qui soulignons.

458.

Fragilités, Editorial Edouard Mir, 28 septembre 1987. C’est nous qui soulignons.

459.

La FM des quatre, Editorial Gérard Dupuy, 24 novembre 1987. C’est nous qui soulignons.

460.

Quels fondements pour la fondation ?, Billet Jean-François Abert, 21 septembre 1988.

461.

Trésor de la langue française, article “Laisser”, p. 920 et p. 923 (c’est nous qui soulignons).

462.

Sénat et graton, Editorial René-Pierre Boullu, 29 septembre 1986.

463.

L’espace fragmenté, op. cit., note 37, p. 178.

464.

Lyon n’est plus la preuve par 4 ?, Editorial René-Pierre Boullu, 11 septembre 1986.

465.

L’espace fragmenté, op. cit., p. 162.

466.

Détours, Editorial Jérôme Strazzulla, 9 janvier 1987.

467.

L’espace légitime. Sur la dimension géographique de la fonction politique, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1994, p. 365.