Deuxième partie
La lecture au collège dans les cours de français

L'enseignement de l'écrit au collège s'exerce dans un cadre légal, celui des Instructions officielles. Ces Instructions, depuis la création de l'école obligatoire, sont modifiées en moyenne tous les dix ans. Leur évolution reflète les progrès des connaissances scientifiques, les nécessités de la vie sociale ou, parfois, les marottes des hommes politiques et de leurs "experts" à l'origine de ces changements. Les croisements de points de vue et d'intérêts divergents produisent des contradictions que les professeurs de français devront surmonter. Mais cette polysémie des programmes ne se retrouve pas dans leurs applications qui offrent une certaine unité, celle d'un figement des pratiques pédagogiques comme si les populations scolaires n'avaient pas changé. La politique de lecturisation consistue une autre approche de l'écrit qui met ‘"l'élève au centre du système éducatif’" pour reprendre la formule de la loi de 1989.

A la logique d'imposition se substitue une logique de proposition où entrent en compte la culture de l'élève, la place occupée par l'écrit dans cette culture. La connivence avec l'écrit qu'autorise la possession d'un habitus lectoral constitue un bien inégalement partagé. Selon le milieu socio-culturel surtout, mais aussi selon le parcours de vie, les rencontres, l'utilisation de l'écrit fait sens et mérite les efforts pour en maîtriser les difficultés. Dans une pédagogie de la lecture, le constat de ces disparités ne peut être éludé. Une fois évalué la plus ou moins grande familiarité de l'élève avec les livres, les ordonnateurs de la politique de lecturisation s'efforcent de créer les conditions qui aident l'élève à devenir un questionneur d'écrits. Les compétences à acquérir, les enjeux dépassent ceux de la seule alphabétisation. A un écrit effleuré, à un balbutiement lectoral succède une immersion dans l'écrit, non pour s'isoler du monde mais pour mieux le comprendre, et ainsi acquérir d'autres moyens d'agir.