La place d'un entraînement à la lecture

L'entraînement à la lecture a pour objectif une meilleure maîtrise technique dans l'acte de lire. Etre lecteur suppose d'abord le franchissement d'un seuil qui définit la "lecture rapide", passage direct du graphème au signifié sans intervention du phonème. Précondition technique indispensable, la capacité à lire vite, entre 20 000 et 50 000 mots à l'heure, si elle n'est pas acquise, limite la diffusion de la lecture. Non seulement la "lecture rapide" rend plus attrayante la lecture de livres parce que plus rentable, mais facilite aussi la compréhension. En effet, la différence entre le liseur et le lecteur quant à la compétence technique provient de la largeur de l'empan, de ce que l'oeil voit en une fixation. Chez le premier, il se constitue de quelques signes qui n'ont pas de sens et qu'il faut oraliser pour les garder en mémoire avant de reconstituer le mot, chez le second, de morceaux de phrases qui font sens immédiatement. Lire comme le héros de Sepulveda (1992, 34) ne favorise pas la lecture fréquente de textes longs : ‘"Il lisait lentement en épelant les syllabes, les murmurant à mi-voix comme s'il les dégustait et, quand il avait maîtrisé le mot entier, il le répétait d'un trait. Puis il faisait la même chose avec la phrase complète, et c'est ainsi qu'il s'appropriait les sentiments et les idées que contenaient les pages".’

Pour Passeron (1987, 56), offrir des livres sans donner tous les moyens de lire vraiment est non seulement inutile mais néfaste car, ‘"à travers les vitesses de lecture, on mesure les divers seuils de l'accès à la lecture flexible, condition indispensable d'une utilisation réelle de l'écrit. Des techniques doivent donc être acquises pour maîtriser le code écrit. Savoir déchiffrer ne permet pas la lecture fréquente, intensive, réitérée de textes longs". ’

Les formes de cet entraînement à la lecture peuvent être variées mais on peut penser que l'utilisation de l'outil informatique facilite l'individualisation du travail, l'auto-évaluation, et le suivi de la progression de l'élève par l'enseignant. Citons, par exemple, les logiciels Elmo, Elmo International ou Elsa de L'Association Française pour la Lecture. L'entraînement à la lecture, pour porter ses fruits, doit mener à une théorisation de l'acte lexique et s'appuyer aussi sur des lectures réelles.