La création de nouvelles sociabilités autour de l'écrit

Il s'agit d'appuyer les comportements de lecture sur un enracinement affectif, en créant, dans la classe, des conditions propices à une incitation à la lecture par les élèves eux-mêmes. Ce rôle est d'autant plus fort que l'habitus lectoral familial n'est pas favorable. Les enquêtés issus des classes populaires, comme l'a vérifié Robine (1991), accordent leurs préférences aux imprimés apportés dans le milieu familial par un relais affectif, c'est-à-dire par un membre de la famille ou du voisinage. Le livre ainsi proposé a été choisi, lu, éprouvé par quelqu'un avec lequel on partage des sentiments et des goûts. Ainsi, le contenu de l'imprimé est déjà en partie connu et repéré.

Créer dans la classe des conditions propices à une incitation à la lecture par les élèves eux-mêmes peut permettre aux élèves de s'insérer plus aisément et plus activement dans des réseaux de médiations culturelles dont le professeur de français serait le catalyseur. C'est ce que confirment Lelièvre-Portalier, Privat et Vinson (1991, 176) : ‘"En matière de lecture particulièrement, il semble que l'incitation parentale, prépondérante chez l'enfant, soit relayée par l'influence des pairs (fratrie, amis) dès la sixième. On peut même logiquement penser que le rôle, incitatif ou dissuasif, des pairs est d'autant plus fort que l'habitus lectoral primaire (familial) n'est pas totalement installé ou tout simplement peu favorable comme dans les classes populaires".’