Une action organisatrice

Cette action est le fruit d'une compétence qui s'acquiert par des pratiques lectorales. Il y a un savoir à incorporer à l'habitus. La connaissance n'est pas un enregistrement passif, c'est un acte de construction. Dans le domaine de la lecture, l'acquisition de ce savoir reste souvent du domaine de l'implicite. Les recherches, comme le rappelle de Certeau (1980), montrent que l'enfant scolarisé apprend à lire parallèlement à son apprentissage de déchiffrage et non pas grâce à lui. C'est cet apprentissage parallèle que l'école doit sortir de l'opacité dans laquelle souvent on l'oublie, pour qu'il puisse être analysé et adapté, dans les limites du possible, à l'univers scolaire. Lire exige une compétence polymorphe. Elle dépasse la simple maîtrise technique, indispensable mais pas suffisante, nécessite l'appropriation d'un environnement spécifique qui n'a rien de naturel, la mise en réseau des lectures pour que se noue ce "pacte littéraire" nécessaire pour ne pas que le lecteur se sente désarmé par tout changement de ton ou d'objectif du texte. Cette compétence ne s'acquiert et ne s'actualise que par la pratique de la lecture. L'enseignement de la lecture ne peut être coupé de son objet. La circularité entre la motivation du lecteur et la compétence de lecture - plus on lit, plus on est compétent, plus on est compétent, plus est aisé l'accès au livre - impose à ceux qui sont des médiateurs de lecture un effort pour rendre cette pratique de lecture un tant soit peu séduisante.