Le milieu de vie des élèves

Il s'agit d'un échantillon d'élèves qui vivent en zone rurale. Si nous reprenons la définition que les géographes donnent de la ville, en ce qui concerne la France, c'est-à-dire une population agglomérée d'au moins deux mille habitants, treize de ces élèves ne vivent pas en ville.

Même si les communes où vivent ces élèves se situent entre les deux villes où ils sont scolarisés et n'en sont pas éloignées de plus de vingt kilomètres, la distance physique qui sépare des points de vente de livres ou des bibliothèques peut redoubler la difficulté d'accessibilité sociale et psychique comme le constate Petit (1993, 22) : ‘"Les facilités de contacts permanents avec la ville et une meilleure répartition de l'offre de lecture sont-elles suffisantes pour résorber les inégalités spatiales et le "décalage" dans les pratiques de lecture ? Car la motorisation ne gomme pas totalement les distances... Même non motivés, les citadins rencontrent des opportunités culturelles dans leur horizon familier. Pour les ruraux, cela suppose toujours une démarche active".’

Les deux lycées fréquentés sont bien situés en ville, de moins de 10 000 habitants pour le lycée d'enseignement général, de moins de 50 000 habitants pour le lycée technique. Mais ces treize élèves sont pensionnaires pour cinq d'entre eux au lycée technique, ou doivent emprunter les cars de ramassage scolaire matin et soir. Aussi, pour une majorité, ils ne peuvent profiter aisément des possibilités qu'offre la ville en matière d'offre culturelle. Virginie déclare ainsi dans le questionnaire, à propos du cinéma :

" J'ai pas le temps. Je suis à P., c'est un trou perdu, mais j'adore aller au cinéma."

Mais, François, Vilay, Bruno, qui vivent tous les trois dans des petits bourgs ruraux parlent de passages fréquents dans les librairies de la ville où se trouve leur lycée. Pour le premier, le passage par la librairie, une ou deux fois par semaine, avant de prendre le car, s'impose, "L'histoire de voir". La libraire le connaît. Le second déclare profiter de l'accueil d'une maison de la presse où il peut rester plusieurs heures. Il s'y rend pendant les moments libres que lui laisse sa vie d'interne.

"Souvent quand je n'ai rien à faire, je viens là parce que j'aime bien lire tout ce qui est B.D. et magazines... On peut les feuilleter en prenant tout son temps, une heure, deux heures" (Vilay).