- Des lectures sérielles

François (E1), avant Running man de Stephen King, a dévoré six ou sept romans du même auteur. Auparavant, Boris Vian, découvert en seconde, l'avait incité à d'autres séries :

"Je dois avoir quatre ou cinq Boris Vian. En m'informant sur Boris Vian, j'ai vu qu'il était avec le groupe Sartre-Camus. Donc j'ai commencé à lire Camus aussi. Je dois avoir quatre-cinq Camus. (...) Quand j'ai essayé Sartre, j'ai vite laissé tomber" (François ).

Jessica (E1) évoque aussi ses lectures au pluriel. Elle parle "des" Danielle Steel, "elle écrit toute une série de livres", "des" Harlequin, "des" policiers, une série de quatre livres (La bicyclette bleue ).

Laurent (E2) a tendance à s'exprimer d'une manière métonymique pour raconter ses lectures. Il a lu une cinquantaine de San Antonio, "il y en a deux cents dans la bibliothèque de mon père", une centaine d'Asimov, "j'ai presque lu tous ses robots" ; quand il parle des policiers, c'est une collection, Fleuve noir.

Il avait commencé par Hugo :

"J'ai commencé par la collection complète de Victor Hugo. Mon père l'a eu par son père qui travaillait dans l'imprimerie" (Laurent ).

Ce qui est frappant, c'est l'extrême diversité des séries d'ouvrages lus. Dès qu'ils pénètrent dans une oeuvre qui intéresse, ils veulent s'y installer en plongeant dans d'autres écrits du même auteur, d'une même collection, retrouver le même héros. Laurent a étudié Huis-clos en classe. Il a lu ensuite Les mouches. Chez Claude Michelet, c'étaient Les grives au loup , puis Les palombes ne passeront plus.

Une des difficultés rencontrées par ces élèves, c'est l'approvisionnement en livres. François raconte qu'il a épuisé le stock du C.D.I. et qu'il doit les acheter. Laurent et lui sont les deux seuls élèves de la population de recherche à évoquer le coût financier de la lecture. François, quand on lui demandait si l'épaisseur d'un livre avait de l'importance, n'a pas pensé à la difficulté de lecture mais au coût plus élevé de l'ouvrage, il cite d'ailleurs des prix. Son souci du moindre coût le pousse vers les collections de poche et détermine son cheminement dans sa librairie habituelle où il se rend deux ou trois fois par semaine :

"Je rentre puis je regarde les séries de bouquins, toutes les éditions, quoi... les différents auteurs, quoi... dans les styles qui me plaisent.
Ben, généralement, je vais... directement aux livres de poche, J'ai lu... Une colonne qui est entièrement en noir et rouge, c'est que Stephen King, Stephen King, Stephen King" (François ).

Il ne peut qu'acheter des ouvrages de poche, 30-40 francs semblent le maximum qu'il puisse mettre dans cet achat. Laurent (E2) n'hésite pas à revendre des livres déjà lus chez un bouquiniste pour pouvoir en acheter d'autres.